Prévue dans la matinée d'hier, la marche de protestation des praticiens de la santé- en grève de plus plusieurs semaines- a vite avorté. Rassemblés au niveau du CHU Mustapha Pacha (point de ralliement des grévistes), les médecins n'ont pu quitter l'enceinte de l'établissement hospitalier pour rallier le palais présidentiel comme ils l'avaient prévu et ce, à cause d'un dispositif de sécurité des plus impressionnants. Répondant à l'appel de l'intersyndicale de la santé, ils étaient plus d'un millier de médecins et autres praticiens de la santé publique à exprimer leur colère en cette journée très ensoleillée du mois de février. En grève depuis plusieurs semaines, les deux principaux syndicats du secteur- SNPSSP et SNPSP- avaient décidé en ce mercredi d'entamer une marche vers la présidence de la République pour «attirer l'attention des plus hautes autorités de l'Etat». «Cela fait des mois que nous sommes en grève. Aucune tentative de contact n'a été entreprise de la part de notre tutelle», a indiqué Dr Mrabet Lyes, président de la SNPSP. «Face à ce mutisme, les actions de ce type sont les seules recours que nous ayons pour nous faire entendre». «Non au statut promulgué», «le mépris, ça suffit», «la grève continue». Tels sont les slogans que nous pouvions déceler sur les dizaines de banderoles que les grévistes arboraient un peu partout à l'intérieur de leur établissement. Après un rassemblement de plusieurs dizaines de minutes, qui leur servira de ralliement, les médecins ont entrepris une marche pacifique vers la porte de sortie de l'hôpital et qui devait aboutir in fine au palais d'El Mouradia. C'était sans compter sur le fort dispositif de sécurité qui les attendait aux portes du CHU. Le buté étant d'empêcher la marche d'évoluer en dehors de l'établissement hospitalier. Nous sommes des praticiens, pas des terroristes Campant sur leur position, les médecins étaient déterminés à franchir le seuil de leur établissement. Mais ils se sont heurtés aux agents de police venus en nombre. Après quelques bousculades, accrochages et autres mouvements de foule, un groupe de grévistes a pu tant bien que mal passer outre le barrage. Mais il n'a pas pu finir sa marche. Quelques peu malmenés lors des échauffourées, certains grévistes ont eu des malaises. A l'image de M. Youcefi, président du SNPSSP. Le reste des contestataires fut stoppé de manière énergique. Les médecins entamèrent à ce moment- un face à face avec la police- qui durera près de deux heures. Agitant des slogans contestataires, les praticiens n'ont pas manqué de lancer des SOS, notamment au président de la République. Ceci pour qu'il mette fin à leur calvaire. Leurs messages s'adressèrent également à leurs opposants du jour, la police, pour que cette dernière ne les confond pas avec des terroristes. Des parlementaires présents pour soutenir les praticiens Au même moment, des rassemblements similaires avaient été organisés au niveau des villes de Constantine et d'Oran. A Alger, des praticiens de la santé venus de Sidi Aych et Médéa, ont fait le déplacement pour prêter main-forte au niveau de la capitale. Le rassemblement de contestation a vu également la présence de plusieurs parlementaires estampillés : PT, RCD et HMS. Mr Khendek, parlementaire RCD, vice-président au niveau de l'APN et médecin de son état, était également de la partie. A noter qu'en plus de tous ces soutiens, ce matin, le mouvement de contestation a vu la ligue algérienne des droits de l'Homme rallier sa cause. Cette institution a affirmé soutenir les praticiens de santé.