Les investisseurs ne font plus confiance au Groupe égyptien Orascom Telecom Holding (OTH). L'action du Groupe ne cesse de dégringoler à la bourse du Caire où sa valeur a perdu 3,3% -atteignant son plus bas niveau- depuis deux mois. Le titre du Groupe a recu-lé après son opération d'augmentation du capital par émission de nouvelles actions pour un montant de 800 millions de dollars -qui certes a été un succès- mais qui n'est pas du goût des investisseurs et des analystes qui estiment que les actions sont ainsi diluées et perdent de leur rentabilité. Selon certains experts, une fois les actions libérées (dont le capital a été intégralement versé par son propriétaire à l'émetteur), leurs détenteurs pourraient les vendre -d'où les appréhensions- de la communauté d'affaires concernant l'avenir d'OTH. Cette situation risque de compliquer la recherche des responsables du Groupe d'un partenaire avec lequel ils pourraient partager une partie du capital ou avec lequel ils pourraient fusionner. En effet, le président-directeur général et membre fondateur d'Orascom, Naguib Sawiris, avait annoncé dans une déclaration au journal émirati, The National, que le Groupe voulait partager le contrôle du Groupe sans pour autant être «un actionnaire insignifiant». Ces déclarations n'ont pas manqué de faire réagir le ministère des Finances -qui craignait la réédition du scénario avec le Groupe français Lafarge- auquel le Groupe égyptien Orascom a cédé sa filiale de production de ciment (et par ricochet) ses actifs algériens, le ministère des Finances sans en informer les autorités algériennes. Le département de Karim Djoudi a ainsi rappelé que «la législation en vigueur accorde le droit de préemption pour l'Etat algérien sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers». Il avait précisé que «dans le cas contraire, celle-ci (la transaction) est considérée comme nulle et sans effet» tout en signalant que «la réglementation en vigueur définit un dispositif clair en matière d'impôts afférents aux cessions d'actions détenues sur des sociétés de droit algérien». Le Pdg d'OTH, Naguib Sawiris, semble de plus en plus sombrer dans le pessimisme concernant l'avenir de son Groupe -qui reste huitième sur le plan mondial grâce au nombre de ses abonnés- estimé à 89 millions. L'homme d'affaires n'a pas exclu (dans une déclaration à la presse internationale) de céder une partie du capital d'OTH afin de lui éviter une faillite. Le Groupe aurait perdu 60% de sa valeur en deux ans. Le différend avec le fisc algérien et son conflit perdu avec France Telecom ont fini par sonner le glas des ambitions pharaoniques d'OTH -dont le parcours était tel- qu'il avait réussi à damer le pion à plusieurs leaders mondiaux, même dans les marchés censés leur être acquis. En Algérie, et même si officiellement il se dit qu'il n'y a aucune pression sur l'entreprise pour qu'elle plie bagages, des sources assurent que les autorités n'ont jamais pardonné au fleuron égyptien d'avoir cédé sa filiale de production de ciment au prix fort au Groupe français Lafarge, après avoir bénéficié de tous les avantages comparatifs qui avait allégé son investissement, et ce, sans en avoir informé au préalable les pouvoirs publics. Les déboires d'OTH en Algérie ne cessent de s'accumuler. L'administration fiscale algérienne avait rejeté au début du mois en cours son recours introduit après avoir reçu une notification de redressement fiscal. L'entreprise avait soumis au fisc -ce qu'on appelle dans le jargon financier: une réclamation contentieuse- le 27 décembre dernier pour protester contre la notification qu'elle avait reçu le 16 novembre 2009 de la Direction des grandes entreprises -pour un redressement fiscal- inhérent aux exercices 2005, 2006 et 2007. Un autre recours, introduit pour l'année 2004, a également été rejeté. Le Groupe égyptien avait signalé qu'il est en train d'étudier «les options stratégiques» afin d'introduire un autre appel. La réglementation algérienne exige le paiement de 20% du montant, soit l'équivalent de 110 millions de dollars ainsi que des pénalités pour pouvoir introduire un autre recours. OTH s'était déjà acquitté de cette somme pour sa première requête. Le recours sera cette fois-ci à plusieurs niveaux ; en trois étapes. La prochaine étape pourrait être une plainte au conseil d'Etat -où s'il obtient gain de cause- le fisc algérien devra lui rembourser les montants perçus.