Yasmine Idjer La Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) et la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP) signeront aujourd'hui un accord portant création d'El Djazaïr Istithmar Spa, société de capital investissement. Cette institution financière sera dotée d'un capital d'un milliard de dinars. Elle sera créée en application des dispositions de la loi du 24 juin 2006 définissant les conditions et le cadre d'activités de ce type de sociétés, ainsi que les modalités de leur création et de leur fonctionnement. La BADR sera actionnaire majoritaire avec 70% des parts alors que la CNEP détiendra 30%. L'Algérie est donc enfin entrée dans l'ère des sociétés de capital investissement. L'on a souvent critiqué les banques de ne pas contribuer assez dans le financement des entreprises mais, avec ce nouveau mécanisme auquel s'ajoutent le leasing et le factoring, elles pourront ainsi rentabiliser les capitaux dont elles disposent. Les économistes ont une sainte horreur de l'argent qui stagne et qui n'est pas mobilisé pour le développement. Or, nos banques croulent sous les surliquidités mais ont, jusqu'à présent tourné, le dos aux entreprises et aux investisseurs. Officiellement, les banques algériennes consacrent plus de 90% de leur portefeuille d'engagements (plus de 2.500 milliards de dinars) au financement des entreprises toutes catégories confondues. Les concours financiers accordés par les banques au secteur de la PME ont permis la création de plus de 120.000 PME et plus de 300.000 emplois au cours de ces cinq dernières années. Accompagner les PME Le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, avait, cependant, reconnu que ce sont toujours les mêmes grandes entreprises du secteur privé qui bénéficient de ces crédits. En d'autres termes, la PME, qui est pourtant, de par le monde, le principal moteur de l'emploi, est marginalisée. La création d'une société de capital investissement obéit donc à une volonté de remédier à cette problématique. «L'engagement de l'Etat envers les PME va être encore développé dans les prochaines années à travers de nouveaux mécanismes», avait ainsi promis le ministre des Finances, Karim Djoudi, lors d'une rencontre maghrébine sur le financement de la PME. Le gouvernement ambitionne, dans son plan d'action, de créer 200.000 PME durant les cinq prochaines années. Le ministre de la PME et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, avait fait de l'accès des PME au financement bancaire son cheval de bataille. Il avait même proposé la création d'une banque qui sera consacrée exclusivement à ce secteur sans réussir à convaincre les pouvoirs publics qui ont préféré mobiliser les banques déjà existantes. Selon le ministère de la PME, plus de 27.400 PME privées ont été créées en 2008 dont 11.728 uniquement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Près de 2.966 ont été réactivées. Le taux de mortalité des PME est estimé à près de 10%, soit 3.475 entreprises radiées au cours de l'année passée.