La crise liée à la rupture de stock des réactifs dans les hôpitaux s'installe dans la durée. S'agit-il d'une pénurie du produit ou d'un disfonctionnement dans la distribution. Les explications divergent, mais le constat et le même, que ce soit du côté de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), de celui de l'Institut Pasteur d'Alger (IPA), ou encore de celui des praticiens spécialistes. Toutefois, selon la Direction générale de l'Institut Pasteur, «il n'y a pas de pénurie de réactifs de sérologie». Au niveau de la PCH, un autre son de cloche se dégage : «Cette rupture ne concerne pas uniquement les réactifs de sérologie. Elle s'étend à d'autres médicaments», selon la cellule de communication à la PCH. Sans détour, cette dernière pointe un doigt accusateur vers l'Institut Pasteur, tout en précisant que «l'Institut Pasteur ne détient pas le monopole de distribution des réactifs et des autres médicaments». Au niveau des hôpitaux, le constat établi par les médecins est sans appel: le réactif se fait de plus en plus rare. Et cette situation dure depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines. L'exemple le plus patent est celui des hôpitaux d'Alger. Cet état de fait a eu pour conséquence que les analyses et bilans des malades ont dû être espacés. «Nous sommes passés des bilans quotidiens aux analyses étalées sur une période allant de 7 à 15 jours», a révélé un médecin spécialiste, un néphrologue. Dans le cas extrême, les malades sont orientés vers des laboratoires privés. «Nous ne pouvons mettre en danger la vie de nos malades», a-t-il argué. La situation est inquiétante mais pas alarmante. Du moins, c'est ce qui ressort des déclarations du Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique. «Il n'y a pas lieu de s'alarmer, mais les pouvoirs publics doivent prendre la situation en charge au plus vite», a-t-il averti. Selon les spécialistes du secteur de la santé, la pénurie des réactifs serait l'une des incidences des orientations de la Loi de Finances en matière d'importation du médicament. La nouvelle procédure oblige l'acquéreur du produit médical à payer le fournisseur avant de recevoir la marchandise. Au niveau de l'Institut Pasteur, le paiement se fait auprès des banques. «De notre côté, nous avons déjà payé les banques concernées par cette opération», assure-t-on au niveau de l'Institut Pasteur, sans pour autant endosser la responsabilité aux Institutions bancaires. Ces derniers jours, l'IPA fait face à des tirs croisés. Il est reproché à ses responsables d'être à l'origine de la pénurie des réactifs. Pénurie ou dysfonctionnement dans la distribution de ce produit, le malade est le seul à en subir les retombées. Dans toute cette situation, une voix est restée muette. C'est celle du ministère de la Santé et de la Réforme Hospitalière.