2ème partie et fin Docteur Abderrahmane MEBTOUL Une réunion aura lieu le 15 juin 2010 au Luxembourg relative au 5ème conseil de l' Accord d'association entre l'UE et l'Algérie et qui devra faire le point après 5 ans, l'Algérie étant liée par un Accord à l'Europe pour une zone de libre échange applicable depuis le 01 septembre 2005 comportant plusieurs volets: politiques économiques, commerciales, industrielles – services, douanes, transport, énergie, environnement, agriculture, pêche-et sociales-affaires sociales, société de l'information, recherche, innovation, audiovisuel, culture et éducation. Les réformes de structures impliquent la refonte du système financier – douanier, fiscal – administration et une nouvelle régulation sociale au profit des plus démunis. Il ya urgence d'objectifs politiques plus précis et une nouvelle organisation institutionnelle afin de donner plus de cohérence et une accélération de ce processus complexe mais combien déterminant pour l'avenir du pays. L'expérience de bon nombre de pays en transition vers l'économie de marché peut fournir des enseignements pour l‘Algérie. Je pense fermement que l'essence du blocage de l'investissement réside en Algérie au système bureaucratique que je qualifie de terrorisme bureaucratique, qui produit d'ailleurs la sphère informelle fonctionnant dans un Etat de non droit qui accapare 40% de la masse monétaire en circulation renvoyant à l'urgence de la refonte de l'Etat, car le but du bureaucrate est de donner l'illusion d'un gouvernement même si l'administration fonctionne à vide, en fait de gouverner une population infime en ignorant la société majoritaire. Aussi, après analyse je pense et qu'il faille faire d'abord le ménage au sein de l'économie algérienne. L'entrave principale au développement d'une bonne gouvernance en Algérie, provient de l'entropie (désordre). Le défi majeur, est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable. Et tout cela renvoie à l'urgence d'une gouvernance rénovée impliquant la refonte de l'Etat. Car, au XXIème siècle, les batailles économiques se remportent grâce à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir impliquant une participation plus citoyenne au sein d'un Etat de droit. Car avec ce retour à tout Etat, l'adhésion à l'organisation mondiale du commerce pour l'Algérie n'est pas pour demain. Le patriotisme économique ne saurait s'assimiler à tout Etat bureaucratique des années 1970, dans des pays où dominent la propriété privée, pour ne citer que quelques cas, comme les USA, la France, l'Espagne, l 'Italie, les citoyens sont fiers d'être américains, français, allemands, espagnols ou italiens. Le monde a fondamentalement changé impliquant une nouvelle culture de nos responsables, lorsqu'on sait que l'assainissement des entreprises publiques en Algérie a coûté au trésor public plus de 40 milliards de dollars entre 1971/2009 sans résultats probants, plus de 70%des entreprises publiques étant revenues à la case de départ. Cependant pour éviter les effets pervers du marché comme le montre la crise mondiale actuelle, il y a urgence d'un rôle plus accrue de l'Etat régulateur , différence de taille pour toute politique économique fiable devant tenir compte de cette dure réalité, d'une économie de plus en plus globalisée. Aussi, je déplore qu'aucun débat public sérieux n'ait eu lieu sur le futur rôle de l'Etat en Algérie, débat indispensable pour éclairer la future politique économique et sociale. V- Déclaration des représentants d'organisations d'entreprises de la région euro-méditerranéenne, réunis à Barcelone les 3 et 4 juin 2010, La déclaration finale souligne la déception face à la lenteur de mise en place de l'Union pour la Méditerranée, dans le domaine du business. Annoncée pour 2010, la grande zone de Libre Echange Euromed n'existera au mieux que vers 2015. «Depuis sa création en 2008, l'UPM n'a pas encore répondu aux attentes créées. Après deux ans, l'UPM continue à se concentrer davantage sur son implémentation, par exemple sur ses structures et responsabilités, que sur ses résultats. L'UPM lutte actuellement pour atteindre son principal objectif: offrir un climat de confiance à ses membres en créant des projets concrets sur le terrain», lit-on dans le document, relevant que l'annulation du Sommet politique des chefs d'Etat et de Gouvernements de l'UPM, prévu pour les 7 et 8 juin 2010, «est une déception et un autre signe qui démontre que l'UPM n'agit pas de façon profitable, pour la zone euro-méditerranéenne ». Et de préciser qu'il est essentiel que le secteur privé participe plus clairement et activement à l'élaboration de politiques pour la construction de l'UPM. Il devrait être un acteur du processus et non pas un simple exécuteur. Le secteur privé est l'un des principaux catalyseurs de la croissance économique, de la création d'emploi et du développement social dans la région Euro-méditerranéenne. Le feedback du secteur privé sur leurs besoins réels et leurs priorités sont indispensables pour la création d´une UPM complète et solide», souligne les Leaders Économiques de la Méditerranée. Et afin de stimuler le secteur privé, le développement des PME, la compétitivité, ainsi que le commerce et l'investissement en Méditerranée, une série de réformes économiques et structurelles sont nécessaires Il s'agit notamment de, lutter activement contre le protectionnisme à travers des mécanismes clairs qui permettent de configurer et résoudre les problèmes, d'accroître l'investissement direct étranger, en améliorant les instruments financiers et réglementaires, ainsi que la sécurité juridique, d'améliorer l'accès au financement, notamment pour les PME et les start-ups et enfin d'encourager la diversification des économies méditerranéennes, en soutenant les secteurs émergents qui ont un effet multiplicateur sur la création d'emplois et le développement économique durable. Les représentants de la Communauté Euro-méditerranéenne des affaires et des organismes d'accompagnement des entreprises, demandent aussi la mise en place d'une initiative méditerranéenne de développement d'affaires en se concentrant sur les PME, précisant que plus de 90% des entreprises Euro-méditerranéenne sont des PME. Elles sont le moteur de la croissance économique et de la création d'emplois dans la région. Elles sont en même temps celles qui ont le plus de difficultés à accéder au financement et à recevoir une assistance administrative et technique VI- Relations Algérie /Europe : entreprendre ensemble Selon nos sources, la réunion du 15 juin 2010 ne procèdera pas à la révision des clauses stratégiques contenues dans cet Accord mais peut être à certains aménagements d'ordres techniques mineurs, l'Europe ne voulant pas créer un précédent, surtout que l'Algérie étant en position de faiblesse dans les négociations, malgré ses réserves de change. Car, que représente cette somme modique par rapport aux dizaines de milliers de milliards d'euros qu'elle vient d'injecter pour faire face à la crise et un PIB algérien de 160 milliards de dollars contre un PIB européen en 2009 dépassant 17.000 milliards de dollars ? Invoquer la situation mono exportatrice de l'Algérie, ne tient pas également la route, la majorité des pays de l'OPEP étant d'ailleurs membres de l'OMC. Pourtant, il faut reconnaître que la création du partenariat euro méditerranéen, officialisé lors du sommet de Barcelone de novembre 1995 a eu un résultat mitigé et que l'Union pour la Méditerranée (UPM), processus complémentaire et non concurrent au processus de Barcelone, auxquels les pays du Maghreb sauf la Libye ont adhéré le 13 juillet 2008 à Paris pour être efficace doit s'appesantir sur des projets concrets mais est également à son point mort. Aussi, l'Europe doit dépasser sa vision mercantile considérant l'Algérie uniquement sous l'angle d'un marché d'importation mais l'Algérie doit également éviter d'avoir une vision administrative, bureaucratique, autoritaire pour encadrer l'investissement mais de mettre en place des mécanismes concurrentiels évitant tout monopole qu'il soit public ou privé pour encourager l'investissement utile. L'Europe doit avoir une autre vision du développement du Sud d'une manière générale basée sur le co- développement et l'Algérie doit éviter ce chauvinisme étroit qui mène nulle part sous le couvert d'un discours nationaliste chauviniste d'un autre âge, certaines couches sociales profitant de cette entropie pour bénéficier des intérêts de la rente nuisibles au développement à long terme du pays. Car, il faut être conscient que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus essentiellement sur des relations personnalisées entre chefs d'Etat mais sur des réseaux et organisations décentralisés à travers l'implication des entreprises et de la société civile qui peuvent favoriser la coopération, le dialogue des cultures, l'émigration ciment de l'inter culturalité pouvant être un vecteur dynamisant. Aussi, le défi majeur pour l'Algérie 2010/2020, la population algérienne estimée à plus de 35 millions en 2009 et dans 25 ans à plus de 50 millions au moment où il y aura progressivement épuisement des recettes d'hydrocarbures, est de préparer l'après hydrocarbures dans des segments s'inscrivant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux (cout/qualité) et cet Accord a des incidences sur les choix sectoriels des futurs investissements porteurs, l'Algérie ayant toutes les potentialités pour devenir un pays pivot au niveau de la région, sa place naturelle étant dans l'espace euro méditerranéen, tout en n'oubliant pas le continent Afrique. Dans le cadre d'un partenariat fructueux, je préconise une université euro méditerranéenne, lieu de fécondation des cultures et de combat pour la tolérance, une banque d'investissement euro -méditerranéenne lieu de mise en œuvre des affaires, dont l'Algérie et l'Europe peuvent être des acteurs dynamisant, et ce dans le cadre du renforcement de l'intégration magrébine à laquelle je suis profondément attachée si l'on veut attirer des investisseurs potentiels intéressés non par des micro- espaces mais par un marché de plus de 100 millions d'habitants. *Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert international, professeur d'université en management stratégique, conseiller et directeur d'Etudes des Ministères Industries Energie (1974/1980- 1990/1995- 2000/2006