Signé le 1er septembre 2005, l'accord d'association Algérie-Union européenne a bouclé, hier, ses quatre ans de mise en œuvre. Un accord dont des interrogations mêlées aux inquiétudes des opérateurs économiques subsistent encore. Et pour cause, ce déséquilibre important dans la balance commerciale en faveur des 27 en matière d'exportations de produits hors hydrocarbures. Les experts s'accordent à dire que le produit local a pris un sérieux coup en se référant aux résultats des échanges commerciaux depuis l'entrée en vigueur de l'accord en question. Selon les chiffres officiels, les importations algériennes de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars à 20,8 milliards de dollars en 2008, alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE restent insignifiantes, s'établissant à un milliard de dollars à la même période. Pour illustrer cette situation, pour le moins désavantageuse pour la partie algérienne, Mohamed Zaaf, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, a affirmé récemment que "pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars".C'est dire toute la difficulté pour le produit algérien de s'imposer sur le marché européen. La question a été, d'ailleurs, au centre de la quatrième session du conseil d'association UE-Algérie, tenue au mois de juin dernier au Luxembourg.. Dès lors, les deux parties ont convenu -sur proposition algérienne- d'installer un groupe de travail pour " examiner les entraves et les contraintes qui découragent les opérateurs économiques algériens exportant vers l'Union européenne ". L'investissement direct est l'autre point sur lequel l'Algérie a toujours insisté lors des différentes rencontres. Des IDE qui n'ont pas encore atteint la vitesse de croisière. D'où cette démarche algérienne d'impliquer davantage l'Union européenne dans la mobilisation des opérateurs de l'UE dans la sphère économique nationale. C'est là également une des recommandations de la réunion du Luxembourg.Dans la pratique, il est attendu l'organisation à Alger du premier forum des opérateurs économiques européens. Un rendez-vous très attendu qui aura lieu en octobre ou, au plus tard, en novembre de cette année. Les deux parties travaillent de concert sur ce dossier depuis des mois.C'est un événement qui "se penchera sur un sujet d'importance pour l'Algérie, celui de la relance des investissements directs des Européens", avait confié le ministre des Affaires étrangères. Reste à savoir comment l'UE compte faire venir ses investisseurs et comment le produit algérien pourra se frayer un chemin en Europe. Car de l'avis des opérateurs, les conditions mises en place par l'Europe sont jugées " draconiennes ". Plus grave encore, elles sont assimilées à du " protectionnisme " alors que l'accord d'association prévoit plus d'échanges.A ce propos, certains rappellent les normes imposées aux produits exportés tels le calendrier et les subventions à l'agriculture pratiquées par plusieurs pays de l'UE.Dans de pareilles conditions il est, en effet, difficile de concurrencer les produits européens. Mais en parallèle, il est tout aussi vrai que l'entreprise algérienne a encore du chemin à faire pour s'imposer sur le marché international. "Actuellement, nous n' arrivons même pas à exploiter le quota de 5000 tonnes de pommes de terre que l'UE nous a offert ", a tenu à préciser le président de la Commission de suivi et de la mise en œuvre de l'accord d'association.L'Algérie qui espère en tirer profit attend des rectificatifs mais elle ne remet en cause l'accord d'association. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été précis devant les députés en affirmant qu'il n'y aura pas de retour en arrière de l'Algérie sur ses engagements avec "l'Union européenne, ni sur celui portant création de la zone arabe de libre- échange (ZALE) ou encore l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ". Abdelghani M