Correspondance particulière de Abdelkader Djebbar: Le marché de l'emploi continue de faire trembler la planète terre. Le séisme financier pourrait faire grimper le nombre de chômeurs dans le monde jusqu'au chiffre record de 239 millions de personnes, selon les statistiques du Bureau international du travail (BIT) qui a revu à la hausse ses prévisions de début d'année. Les chiffres les plus récents correspondent à un taux de chômage mondial de 7,4%, dépassant de loin le taux de 6,5% enregistré en 2003, le niveau le plus élevé depuis 1991. Les pays développés devraient porter le plus lourd tribut de la montée actuelle du chômage mondial, avec «35 à 40% de la hausse totale» alors qu'ils «ne représentent que 16% de la main d'œuvre globale» selon le BIT. Les pays de l'Est verront, pour leur part, leur taux de chômage bondir de 35%, tandis que ceux du Moyen-Orient pourrait avoir une poussée de 25%, parmi les plus élevés au monde. Quelque 200 millions de travailleurs pauvres risquent de plus, selon le BIT, de rejoindre les rangs des populations les plus défavorisées vivant avec moins de 2 dollars par jour, comme par exemple dans certaines régions rurales du Mexique. Tout laisse croire que l'année 2009 «correspondra à la pire performance mondiale jamais enregistrée en termes de création d'emplois», alors que la croissance démographique implique l'arrivée, chaque année, de 45 millions de personnes sur le marché du travail. Les jeunes seront parmi les principales victimes de la crise de l'emploi avec un taux de chômage passant de 12% en 2008 à 14-15% en 2009. USA : plus de 12 millions sans emplois Mais en réalité, ce sont les Etats Unis qui souffrent le plus des pertes d'emploi. Le taux de chômage y dépasse les 8,1% : c'est son plus haut niveau depuis décembre 1983. Toutes les projections faites il y a quelques mois, sont littéralement bouleversées et remises en cause : en janvier 2009, les postes détruits s'élèvent à 655.000 au lieu des 598.000 annoncés. En conséquence, le taux de chômage a bondi de 0,5 point par rapport à son niveau estimé le mois précédent pour atteindre un niveau qui n'avait pas été vu depuis la sortie de la récession du début des années 1980. «Depuis le début de la récession en décembre 2007, les pertes d'emplois ont atteint 4,4 millions, dont bien plus de la moitié a eu lieu au cours des quatre derniers mois», selon les plus récentes statistiques. L'industrie, qui a perdu 276.000 emplois après en avoir supprimé 379.000 le mois précédent, reste le secteur le plus sinistré, suivi par le secteur tertiaire qui emploie près de 85% de la main d'œuvre non-agricole qui a perdu 375.000 postes de travail, après 276.000 en janvier. Le nombre des chômeurs aux Etats-Unis a atteint désormais 12,5 millions, selon un décompte officiel. À cela s'ajoutent près de 5,6 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons. Le nombre de chômeurs de longue durée (27 semaines ou plus) a fortement augmenté, pour atteindre 2,9 millions. Ce nombre n'était que de 1,3 million au début de la récession. Pour parer au plus urgent et minimiser un tant soit peu les conséquences directes du chômage, 8,6 millions de personnes sont contraintes de travailler à temps partiel contre leur gré du fait de la conjoncture économique, soit environ 4 millions de plus qu'en décembre 2007. Le Canada pas mieux loti Depuis le début de la récession, la montée du chômage est due principalement à des personnes perdant leur emploi, par opposition à des personnes entrant sur le marché du travail sans trouver de poste. Ce pacte vise à «placer la création d'emplois et la protection sociale au centre des politiques de reprise» afin de «réduire le temps» entre le redémarrage de l'économie et celui de l'emploi, a-t-on encore expliqué auprès des services en charge de l'emploi alors qu'auprès du Bureau international du travail, on insiste pour souligner que «si des mesures audacieuses ne sont pas prises rapidement, la crise de l'emploi persistera bien après (...) que l'économie mondiale aura renoué avec la croissance». Les prévisions les plus pessimistes en matière d'emploi viennent d'être largement dépassées au Canada. En février 2009, pas moins de 82.600 emplois ont été perdus, ce qui a fait bondir le taux de chômage de 7,2 à 7,7 %, selon la plus récente enquête sur la population active de Statistique Canada. Et en l'espace de six mois à peine, le Canada est passé d'un surplus commercial mensuel de 5,7 milliards à un déficit s'approchant du milliard de dollars en raison de l'effondrement du secteur automobile bien que GM ait réussi à «calmer» ses travailleurs avec la dernière entente prévoyant le gel des salaires pour éviter de grossir davantage les rangs des sans-emplois. Il s'agit de la quatrième baisse consécutive de l'emploi recensée par l'agence fédérale. En janvier, Statistique Canada avait annoncé la suppression de 129.000 emplois, ce qui porte le nombre d'emplois perdus à 295.000 depuis octobre dernier. La situation aurait été plus grave encore si les saisonniers n'avaient pas sauvé les meubles. Les baisses les plus importantes sont observées en Ontario (-35.000), en Alberta (-24.000) et au Québec (-18.000). A.D.