L'ex-nobélisable, la femme de lettres, Assia Djabar, vient de publier aux Etats-Unis un recueil de nouvelles de contes et de récits sous le titre, The Tongue's Blood Doesn't Run Dry , ce qui veut dire, littéralement “Le sang ne sèche pas, simplement il s'éteint”. Un titre tiré du reste de Vaste est la prison qui figure dans l'intitulé de la postface à l'édition française, Oran langue morte publié chez Actes Sud, 1997. Nobélisable cette année, tout comme l'an dernier aux cotés de grands noms de la littérature universelle, Assia Djebbar a révêtu l'uniforme des " Immortels " en accédant le 22 juin dernier à la prestigieuse Académie française. Evoquant son élection de juin 2005, elle dit avoir eu le sentiment " presque physique " que les portes de la vénérable institution du Quai Conti " ne s'ouvraient pas pour moi seule, ni pour mes seuls livres, mais pour les ombres encore vives de mes confrères - écrivains, journalistes, intellectuels, femmes et hommes d'Algérie qui, dans la décennie quatre-vingt-dix ont payé de leur vie le fait d'écrire, d'exposer leurs idées ou tout simplement d'enseigner... en langue française. " Une langue française dont elle dit qu'elle est, " lieu de creusement de mon travail, espace de ma méditation ou de ma rêverie, cible de mon utopie peut-être... ". Pas moins de deux ouvrages lui ont été consacrés cette année. Il s'agit de In Dialogue with Feminisms de Priscilla Ringrose (Amsterdam/New York, Rodopi), ou l'auteur aborde les thèmes de prédilection des écrivaine tels le féminisme, les religions et l'histoire. Un autre livre, cette fois en Allemand, de Béatrice Schuchardt a paru sous le titre de Schreiben auf der Grenze. Postkolonilae Geschichsbilder bei Assia Djebar , ou encore “Ecrire sur les frontières. Images postcoloniales de l'histoire chez Assia Djebar. Dans cet autre ouvrage, Béatrice Schuchardt traite, de l'importance des médias, surtout de l'image et de la peinture, dans la réécriture postcoloniale de l'histoire franco-algérienne chez Assia Djebar. Coté réédition, Ombre Sultane a paru en début d'année chez Albin Michel. Durant le mois de novembre, Les Enfants du nouveau monde, le troisième roman d'Assia Djebar paru en 1962, qui met en lumière les histoires et les questionnements d'une galerie de personnages féminins au cœur de la guerre d'indépendance, a été publié en anglais sous le titredu “Children of the New World”. Avec un jury composé notamment de Tahar Ben Jelloun (Maroc), Björn Larsson (Suède), Predrag Matvejevi (Croatie) et de Luis Sepúlveda (Chili), la 25e édition du prix Grinzane Cavour pour la littérature, destiné à honorer " des auteurs italiens et étrangers qui ont consacré leur vie à la littérature ", a vu récompenser Assia Djebar du prix de la Fondazione CRT pour la lecture. Cette distinction lui a été remise lors d'une cérémonie à Turin, en présence d'une vingtaine d'écrivaines réunies à la faveur d'une table ronde intitulée “Ecriture dévoilée, paroles et femmes du Maghreb à l'Iran” . Le 29 juin dernier, l'écrivaine a, en outre, été nommée docteur honoris causa de la section " langues et littérature " de l'université d'Osnabrück. Deux semaines auparavant, elle était élue, au 2e tour du scrutin, au fauteuil n° 5 de l'Académie française. La prestigieuse institution devait élire un successeur au fauteuil vacant du juriste Georges Vedel, disparu en 2002, pour lequel Assia Djebar s'était portée candidate. En 2004 en Italie, après Antonio Tabucchi en 2001, suivi d'Amin Maalouf et de Vassilis Vassilikos, en 2002 et 2003, la dixième édition de Dedica a été consacrée à Assia Djebar. On y a, notamment, vu projeter l'un de ses deux films, La Nouba des femmes du mont Chenoua , qui fut primé à Venise en 1979. A cette occasion, Assia Djebar a invité la défunte Cheikha Rimiti pour un concert. Auteur prolifique, cinéaste occasionnelle, Fatma-Zohra Imalhayene est née en 1936 à Cherchell. C'est l'une des premières femmes algérienne à avoir exploré l'univers très fermé de la littérature. Ses écrits interrogent et les langues, et l'histoire et la condition de la femme dans le monde. Après le collège à Blida et le lycée à Alger et Paris, elle est la première étudiante musulmane à entrer à l'Ecole normale supérieure de Sèvres. Traduite dans une vingtaine de langues, la romancière a eu, durant sa longue carrière, des dizaines de distinctions dans le monde.