Malgré l'urbanisation effrénée des villages, le burnous, un habit traditionnel par excellence qui est plus que centenaire, continue d'avoir la cote parmi l'ancienne et la nouvelle génération. Polysémique serait ce vêtement typiquement berbère selon Ibn Khaldoun, qui raconte dans sa Mouqadima, que “ les Berbères ont le crâne rasé, portent le burnous et mangent du couscous”. Cette création serait selon certains historiens une progression stylistique de la cape romaine ….Mais le burnous est avant tout, un cache misère, un dompteur du froid glacial et des rayons solaires suffocants. C'est, aussi, un objet d'esthète, et de dignité puisque les mariés s'en vont chercher leur promise sous cette tenue, et le papa de la marié sort sa fille sous l'aile de son burnous, un objet qui dans la mémoire collective révèle un poids protecteur très prononcé. Selon certains chercheurs, le burnous aurait été introduit dans les pays d'Afrique du Nord lors de l'expansion de l'Islam. En revanche, certains historiens soutiennent que c'est un habit éminemment berbère. Il n'en demeure pas moins que dans la quasi-totalité des villes steppiques ou même sur les Hauts-Plateaux, dans le Sud, et surtout en Kabylie, le burnous demeure présent dans les garde-robes des grands et petits. C'est un habit fait de laine, à l'aide du métier traditionnel. Le burnous de luxe est à 100% tissé à l'aide de la laine de chameau, (Loubar), ce qui lui donne une allure doublée et rigide. Les Turcs, lorsqu'ils s'installèrent en Algérie, vouèrent une grande admiration au burnous. A tel point que les grands dignitaires ottomans l'adaptèrent à leur costume. C'est ainsi que le dey et ses officiers portaient, invariablement, le burnous blanc et procédaient, à l'époque, aux investitures de hauts fonctionnaires en les revêtant d'un “ burnous d'honneur ”. Pour ce qui est de la couleur de cet attribut vestimentaire, elle variait selon les saisons. De couleur ocre ou brune, blanche ou noire, marron ou bleu marine. Le burnous de soie est blanc, les autres couleurs peuvent être obtenues sur la base de la laine de mouton que l'on colore à sa guise. Autres propriétés du burnous, celui-ci pouvait, pendant la période de récolte ou lors des déplacement de son porteur, porter des quantités d'aliments enfoncés dans le capuchon, (guelmouna) qui est large. Offert à un invité, le burnous exprime un signe de paix, voire une sincère amitié. Aujourd'hui encore, lors de leur circoncision, les petits garçons le portent fièrement. Le vieux Allaoua, vieux tisserand, fabricant de burnous de père en fils, du côté de Bab Biskra, au sud de la ville de Sétif, ne s'étonne pas, outre, mesure que malgré l'urbanisation effrénée des campagnes, des commandes continuent d'affluer dans sa petite boutique : “ le burnous, dit-il avec une fierté non dissimulée, est plus qu'un simple habit, c'est une bénédiction ”. En Tunisie ou alors au Maroc, le burnous est pratiquement le même que chez nous, sauf que ce vêtement d'extérieur, confectionné généralement en laine doublée et peut être peint en différents coloris, s'appelle le “ jeridi ” du côté des oasis du Sud tunisien et “ kefi ” du côté de la ville du Kef. Il est certain que ce vêtement que s'arrache actuellement, même la gent féminine, aura encore longue vie et succès fulgurant !