A la suite de la visite officielle de George W. Bush à Riyad, l'Arabie saoudite a annoncé vendredi avoir augmenté sa production de 300 000 barils par jour en mai. Pour rappel, Bush entreprenait, lors de cette visite, une nouvelle démarche auprès du roi Abdallah pour soulager l'économie et l'automobiliste américains. L'Arabie Saoudite et la Maison-Blanche ont cependant diminué la portée de cette décision que Stephen Hadley, haut conseiller de M. Bush, s'est gardé de présenter comme un succès, malgré l'importance de la question aux Etats-Unis. Selon M. Hadley, les Saoudiens ont dit aux Américains qu'une telle augmentation n'aurait pas d'incidence spectaculaire sur les prix. Le ministre saoudien du Pétrole Ali Nouaimi, a précisé lors d'une conférence de presse, que cette hausse porterait la production du premier producteur mondial d'or noir à 9,45 millions de barils par jour en juin. Cependant, il a clairement laissé entendre qu'il s'agissait d'une réponse ponctuelle, loin d'une intervention de l'Arabie Saoudite pour que l'Opep relève ses quotas, comme le voudraient les Etats-Unis. M. Nouaïmi a dit que le marché ne manquait pas de pétrole, que l'offre et la demande s'équilibraient et que la flambée des prix était due à la faiblesse du dollar, à la spéculation sur le pétrole comme valeur qui rapporte et aux incertitudes géostratégiques. Il a aussi invoqué l'inadéquation entre les types de brut produits et les raffineries existantes, et a signifié qu'il n'y avait pas de client pour certaines capacités saoudiennes. En outre, il a vivement protesté contre l'accusation selon laquelle l'Arabie Saoudite profitait de la situation. "Au cours des derniers mois, quand les approvisionnements du Venezuela et du Mexique vers les Etats-Unis ont diminué, qui a compensé la différence ? Nous l'avons fait au rythme de 300.000 barils par jour, de 1,4 à 1,7 million par jour, qu'est-ce que nous pouvons faire de plus", a-t-il demandé. La pression américaine était particulièrement forte sur l'Arabie Saoudite. Une aile démocrate du Congrès menaçait de bloquer des ventes d'armes si la production n'augmentait pas, alors que les Etats-Unis tentent par tous les moyens d'amener une baisse du prix du baril pour soulager le porte-monnaie du consommateur américain. L'envolée des cours du brut ajoute aux difficultés de l'économie américaine et provoque la grogne des automobilistes. Elle est devenue un sujet majeur de la campagne présidentielle. A Washington, le département de l'Energie a annoncé que les Etats-Unis allaient suspendre le remplissage de leurs réserves stratégiques pour le second semestre. M. Bush avait pourtant estimé, fin avril, que cette mesure aurait un impact négligeable. Mais le Congrès américain a voté mardi une résolution appelant à une telle suspension. Cette décision saoudienne d'augmenter sa production n'est, cependant, pas du goût de l'Iran. En effet, le ministre iranien du Pétrole, Gholamhossein Nozari, a estimé que "cette décision est plus un geste politique, elle ne fera qu'augmenter les réserves (de pétrole)", ajoutant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'augmentera pas sa production car une telle mesure gonflerait les réserves. Le brut a atteint vendredi un nouveau record à près de 128 dollars le baril. Depuis 2002, les prix ont été multipliés par six; ils ont doublé depuis l'année dernière sur fond de consommation croissante de la Chine et d'autres pays en développement.