Dirigeants européens et latino-américains ont lancé vendredi à Lima un appel à l'action pour faire face à l'inflation des prix alimentaires et au réchauffement climatique en dépit de leurs divergences sur la question des agrocarburants et sur l'ouverture des frontières aux échanges commerciaux. Le président bolivien Evo Morales, a dit ses craintes de voir les populations pauvres souffrir des accords commerciaux signés par ses homologues avec l'Europe.D'autres voix se sont élevées au sommet de Lima pour insister sur l'urgence alimentaire planétaire, que certains attribuent en partie au développement des agrocarburants, ou biocarburants, au détriment des cultures vivrières. "Si cette crise s'accentue, des centaines de millions de personnes seront menacées par la faim", a dit le président péruvien Alan Garcia, hôte du cinquième sommet Union européenne-Amérique latin-Caraïbes. L'Union européenne et le Brésil, premier exportateur mondial d'éthanol, soutiennent les agrocarburants, que nombre de pays latino-américains considèrent comme l'un des facteurs de la flambée des prix des céréales et de la malnutrition dans une région du globe où un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté. L'UE s'est fixé pour objectif de porter la part des carburants renouvelables à 10% des carburants utilisés dans les transports routiers d'ici 2020; certains jugent que cet objectif doit être réduit sous peine d'accentuer les pénuries alimentaires et les dégâts environnementaux. "L'impact des agrocarburants (ndlr, sur les prix alimentaires) ne devrait pas susciter autant d'alarmisme parce que, de mon point de vue, le lien n'est pas si clair", a minimisé le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero.Parallèlement à ses inquiétudes sur le développement de l'utilisation de maïs ou de soja pour produire des carburants, l'Amérique latine se préoccupe aussi de plus en plus du changement climatique et appelle les pays les plus riches à réduire leurs émissions de carbone, responsable de l'effet de serre. Le Pérou s'est ainsi doté cette semaine d'un ministère de l'Environnement alors que des études récentes démontrent que la fonte des glaciers des Andes menace les ressources en eau de la région. Certains glaciers de la cordillère pourraient avoir disparu dans les 25 ans à venir. La question de l'ouverture des frontières aux échanges commerciaux a exposé elle d'importantes divergences. Ses partisans y voient un moyen de faire baisser les prix alimentaires; ses détracteurs redoutent son effet sur les productions agricoles locales.L'opposition est particulièrement nette entre des dirigeants acquis au libéralisme, comme le Péruvien Alan Garcia ou le Colombien Alvaro Uribe, et les figures de la gauche latino-américaine, comme le Bolivien Evo Morales. Le Pérou et la Colombie ont demandé vendredi que leurs pays bénéficient d'une procédure accélérée dans les discussions commerciales en cours entre l'UE et les nations andines.