Les chefs des tribunaux islamiques somaliens, dont les forces ont été mises en déroute par les troupes éthiopiennes et somaliennes, restaient introuvables mercredi malgré la traque lancée par les autorités, a-t-on appris de source gouvernementale somalienne. "Nous n'en avons attrapé aucun (...) Mais nous les poursuivons toujours", a déclaré le ministre de l'Information, Ali Jama, joint par téléphone à Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), siège du gouvernement. Les combattants islamistes et leurs chefs ont fui lundi leur dernier bastion dans le pays, Kismayo (sud), et se trouveraient actuellement, selon M. Jama, dans l'extrême sud du pays, dans une forêt à la frontière avec le Kenya. "Nous devons les localiser précisément, mais nous pensons qu'ils se cachent dans la forêt à la frontière" somalo-kényane, a commenté le ministre. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Dinari, a rappelé que l'amnistie proposée par le gouvernement aux combattants qui déposeront les armes ne s'appliquait pas aux dirigeants islamistes soupçonnés d'avoir des liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda. "Nous n'offrirons pas l'amnistie aux dirigeants islamistes (...) Ils sont accusés de terrorisme et c'est un crime international", a ajouté M. Dinari. Le gouvernement somalien a affirmé mardi avoir repris le contrôle de toutes les régions tenues par les islamistes depuis des mois. Les forces éthiopiennes, engagées dans la poursuite des miliciens islamistes chassés de leurs derniers bastions, ont tiré par erreur mardi sur un poste-frontière kényan, sans faire de victimes. L'armée éthiopienne qui soutient les forces gouvernementales somaliennes a brisé en l'espace de douze jours les forces des tribunaux islamiques, d'abord à Baïdoa, puis à Mogadiscio, enfin à Kismayo. Pour sa part, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a affirmé que l'armée éthiopienne, qui a défait les islamistes, "pourrait" se retirer "dans deux semaines" de Somalie. Les chefs de guerre ont régenté la capitale somalienne du début de la guerre civile en 1991, jusqu'à leur défaite à Mogadiscio face aux milices islamistes en juin-juillet 2006. Ces dernières ont été défaites par l'armée éthiopienne et les forces somaliennes en douze jours de combats meurtriers, qui ont débuté le 20 décembre. Le gouvernement somalien a ainsi affirmé mardi contrôler "le sud et le centre de la Somalie", à savoir toutes les régions tenues depuis des mois par les islamistes. Ce qu'a confirmé le président somalien Abdulahi Yusuf Ahmed à son homologue kényan Mwai Kibaki, qui l'a reçu dans l'après-midi dans sa résidence de Mombasa, sur la côte de l'océan Indien. M. Kibaki a appelé "toutes les parties somaliennes à reprendre le dialogue". Signe d'apaisement, le trafic aérien pour "tous types d'appareils, commerciaux et humanitaires" sera de nouveau autorisé à partir de mercredi à l'aéroport de Mogadiscio, a annoncé le gouvernement qui avait fermé toutes les frontières du pays le 25 décembre. Mais dans la capitale, le désarmement, qui devait commencer mardi sur une base volontaire, n'a pas débuté: aucun milicien ne s'est présenté pour rendre ses armes dans les deux centres mis en place par le gouvernement. Seuls des soldats éthiopiens étaient présents avec des chars d'assaut dans le premier centre, situé dans la Villa Baïdoa, dans le sud de la ville. Quant au deuxième centre situé dans l'ancien port, dans le nord, il était occupé par des enfants jouant au football. Le Kenya a envoyé mercredi des hommes en renfort à la frontière avec la Somalie pour bloquer les combattants islamiques qui tenteraient de pénétrer sur son territoire alors que des hélicoptères éthiopiens ont attaqué par erreur un poste frontière kenyan. Quatre hélicoptères éthiopiens ont tiré des roquettes par erreur mardi sur le poste kenyan situé à Harehare pour la ville somalienne de Dhobley, a indiqué un officier de la sécurité sous condition d'anonymat. Il n'y aurait pas eu de victimes. Les troupes gouvernementales somaliennes, soutenues par les soldats éthiopiens, continuaient à pourchasser les combattants du Conseil des Tribunaux islamiques (CTI) qui contrôlaient la quasi-totalité du sud du pays il y a encore deux semaines et menaçaient le pouvoir du fragile gouvernement provisoire. Dans le port kenyan de Mombasa, le président somalien Abdullahi Yusuf a rencontré son homologue kenyan, Mwai Kibaki qui lui assuré que son pays ne servirait pas de refuse pour les personnes tentant de déstabiliser les gouvernements de la région, en référence au CTI. Il a souligné que le Kenya a d'ores et déjà renforcé les patrouilles à la frontière avec la Somalie longue de 675km, selon un communiqué du service de presse présidentiel.