Les forces américaines ont mené mercredi un nouveau raid aérien dans le sud de la Somalie, a-t-on déclaré de source gouvernementale somalienne. "Au moment où nous parlons, la zone en question est bombardée par l'armée de l'air américaine", a-t-on dit sans plus de précisions. Le Pentagone a reconnu mardi que les forces américaines avaient lancé dimanche un raid contre le sud de la Somalie, où seraient retranchés des éléments d'Al Qaïda. Des responsables somaliens ont fait état d'autres raids aériens américains menés lundi et mardi, également dans le Sud somalien. Le vice-Premier ministre somalien Hussein Aideed a appelé les forces américaines d'éradiquer sur le terrain le réseau terroriste Al-Qaïda et ses ramifications dans son pays. "La seule manière de tuer ou de capturer les terroristes survivants d'Al-Qaïda est de laisser les forces spéciales américaines aller sur le terrain", a souligné Aideed à l'Associated Press, mercredi. "Ces forces ont le savoir-faire et les équipements adéquats pour capturer ces gens". Aideed, qui a lui servi chez les Marines américains, a expliqué que les militants islamistes avaient creusé des bunkers dans des zones virtuellement inaccessibles de ce pays ravagé par la guerre rendant leur capture pratiquement impossible. "Ce dont nous avons besoin c'est d'équipement de détection des sources de chaleur et d'autres technologies sophistiquées dont nous ne disposons pas. Les Américains peuvent le faire. Pour autant que nous le sachions, ils ne sont pas encore sur le terrain, mais ce n'est qu'une question de temps. Mais ils sont peut-être déjà sur le terrain dans la mesure où les forces américaines agissent indépendamment de nous pour des raisons de sécurité qui leur sont propres", a souligné le vice-Premier ministre somalien. L'objectif des Etats-Unis : neutraliser des dirigeants d'Al-Qaïda mêlés aux Tribunaux islamiques qui ont contrôlé une partie du pays pendant des mois. Chassés à la fin décembre par des forces loyalistes somaliennes et des troupes éthiopiennes, soutenues par Washington, les islamistes se réfugient à l'extrême sud du pays, près de la frontière Kenyane fermée. Le président somalien, Abdullahi Yousouf Ahmed, a soutenu l'offensive américaine qui ciblait des responsables des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998. Deux attentats attribués à Al-Qaïda qui avaient fait 224 morts. Si le Pentagone reconnaît avoir frappé le sud de la Somalie, dimanche, il n'a pas confirmé une seconde attaque qui aurait fait une vingtaine de morts mardi dans le secteur de Hayo, selon un haut responsable somalien. Le gouvernement éthiopien, qui a engagé son armée en décembre en Somalie contre les forces des tribunaux islamiques, a jugé mercredi avoir "rempli sa mission d'éradiquer" chez son voisin "la menace posée par les groupes terroristes". "L'Ethiopie a pleinement rempli sa mission d'éradiquer la menace posée par les groupes terroristes à sa sécurité", a déclaré le ministre éthiopien de l'Information, Berahn Hailu, cité par l'agence officielle éthiopienne ENA. "Le gouvernement de transition somalien (TFG) a atteint un niveau lui permettant de diriger le pays par lui-même", selon la même source. "La mission de l'Ethiopie, visant à défendre sa souveraineté s'est conclue par une brillante victoire (...) et les groupes terroristes ont été chassés de toutes les zones d'où ils opéraient. Aucune force ne peut plus menacer l'Ethiopie", a ajouté le ministre reconnaissant que "quelques dirigeants islamistes" sont encore dispersés dans le pays. Selon lui, "les opérations pour capturer les fondamentalistes et les traduire en justice sont encore en cours". Fin décembre-début janvier, les troupes éthiopiennes et gouvernementales somaliennes ont défait les combattants islamistes, qui ont perdu les régions qu'ils contrôlaient dans le centre et le sud du pays et Mogadiscio. Leurs dernières forces et leurs chefs sont selon le gouvernement somalien dans l'extrême-sud du pays, où l'armée américaine a lancé des opérations aériennes contre "des cibles d'Al-Qaïda" se trouvant selon Washington aux côtés des islamistes somaliens. Selon le gouvernement somalien, environ 3.000 miliciens islamistes en armes sont toujours dans Mogadiscio. Appelant la communauté internationale à soutenir le gouvernement somalien, M. Berahn ajoute que "la prochaine tâche du TFG sera de maintenir la paix et la stabilité dans le pays en organisant des forums de discussion avec les différentes catégories de la population qui ont des intérêts divergents"."Les troupes éthiopiennes ne resteront plus longtemps en Somalie", a-t-il réaffirmé. "Pour le moment, ces forces sont installées dans des camps en dehors des villes", sauf pour quelques hommes déployés en des points stratégiques pour assurer la sécurité. Le ministre a insisté sur la nécessité de déployer "le plus vite possible" en Somalie une force de paix de l'Union africaine (UA). A Mogadiscio, la capitale éthiopienne, les troupes éthiopiennes ont été la cible de plusieurs attaques depuis le début de la semaine. Au moins deux personnes ont été tuées mardi soir dans Mogadiscio lors d'un échange de tirs entre des assaillants non identifiés et des soldats éthiopiens et somaliens, après une attaque au lance-roquette contre un camp éthiopien.