Des hommes armés ont attaqué dimanche les forces éthiopiennes qui soutiennent le gouvernement somalien de transition, selon des témoins, provoquant des violences pour la deuxième journée consécutive à Mogadiscio, ville en proie au chaos depuis plus de dix ans. Un soldat somalien a été blessé, selon un responsable militaire qui a requis l'anonymat. Farah Abdi Hussein, témoin de l'attaque, a déclaré que les assaillants avaient lancé des grenades sur les soldats éthiopiens à environ quatre kilomètres de l'aéroport. Les forces éthiopiennes sont intervenues en Somalie le 24 décembre pour aider les troupes somaliennes à venir à bout des milices des Tribunaux islamiques, qui menaçaient de renverser le gouvernement reconnu par la communauté internationale. A ce moment-là, ce dernier ne contrôlait que la ville de Baidoa dans l'ouest du pays. Mais nombre d'habitants de Somalie, pays à majorité musulmane, éprouvent du ressentiment face aux troupes d'Ethiopie, qui compte nombre de chrétiens. Deux guerres ont opposé les deux pays, la dernière datant de 1977. Samedi, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues, brûlant des pneus et brisant les vitres de véhicules. Ils ont dénoncé la présence des forces éthiopiennes et ont défié l'appel du gouvernement somalien qui souhaite le désarmement de Mogadiscio. Deux personnes, dont un enfant de 13 ans, sont mortes lors de ces violences. Dans la journée, les forces gouvernementales somaliennes ont renforcé leurs patrouilles dans Mogadiscio, les anciens des clans appelant quant à eux à des réunions d'urgence, au lendemain des manifestations violentes. Six barrages supplémentaires ont été dressés dans la ville, les soldats quadrillant les quartiers où des pneus avaient été brûlés et des voitures vandalisées la veille. Et l'étau semblait encore se resserrer sur les combattants islamistes somaliens, qui tentent d'échapper aux forces éthiopiennes et somaliennes dans l'extrême sud du pays, après la perte de l'un de leurs derniers refuges, à Ras Kamboni, localité frontalière du Kenya. A Mogadiscio, une nouvelle fusillade dimanche soir a fait monter la tension d'un cran. Une adolescente somalienne de 13 ans, a été tuée par une balle perdue dans le sud de la capitale, après une attaque d'un combattant islamiste contre des forces somaliennes et éthiopiennes qui ont répliqué par des tirs nourris. "Une jeune de 13 ans a été tuée par une balle perdue, et un homme a été blessé", a déclaré un habitant, Mohamed Mohamoud. L'information a été confirmée par une infirmière de l'Hopital Medina. "Vers 8 heures du soir (17H00 GMT), on a entendu une grande explosion après l'attaque par un combattant islamiste d'un camp où les forces somaliennes et éthiopiennes sont basées, et après des tirs nourris ont commencé pendant dix minutes", a indiqué un Somalien Abdul Aziz Mohamed Gure, qui habite près du camp. "J'ai vu plusieurs dizaines de personnes s'enfuir pour échapper aux balles perdues mais je n'ai pas constaté de victimes. Personne ne s'aventure dans les rues, même si la fusillade a cessé", a-t-il poursuivi. Dans l'extrême sud du pays, l'armée somalienne affirme avoir pris l'un des derniers refuges des islamistes. "Nos forces, accompagnées de nos amis éthiopiens, ont complètement battu les derniers islamistes présents dans la zone frontalière (de Ras Kamboni). Les islamistes ne contrôlent plus rien", a affirmé le colonel somalien Abdulrasq Afgebub, joint par téléphone de Mogadiscio à Kismayo. Ras Kamboni est frontalier avec le Kenya, qui a fermé mercredi sa frontière avec la Somalie pour empêcher l'entrée de combattants islamistes et renforcé ses patrouilles terrestres et aériennes. Aucune source indépendante ne pouvait dans l'immédiat confirmer le départ des islamistes de Ras Kamboni, mais leur situation semble de moins en moins tenable face aux moyens terrestres et aériens de l'armée éthiopienne, qui dispose d'informations via les satellites américains. Washington semble également très impliqué dans cette traque des islamistes qu'il n'avait pu chasser de Mogadiscio lorsqu'il soutenait une alliance de chefs de guerre. Des navires américains croisent au large des côtes, pour empêcher la fuite par mer des chefs islamistes somaliens. A Nairobi, la secrétaire d'Etat américaine adjointe aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, a achevé dimanche soir une tournée régionale, appelant une nouvelle fois au dialogue entre les parties somaliennes. "Nous pensons que tous ceux qui renoncent à la violence et à l'extrémisme ont un rôle à jouer en Somalie", a-t-elle déclaré à l'issue de réunions avec différentes parties somaliennes à Nairobi, notamment avec le Premier ministre Ali Mohamded Gedi, et des représentants de la société civile. Le gouvernement de transition "doit entrer en contact avec tous les groupes importants en Somalie, notamment les chefs religieux", a-t-elle insisté, répétant la position américaine depuis la fuite des islamistes de Mogadiscio, le 28 décembre. Elle a ajouté que les Tribunaux islamiques devaient faire partie du processus "de réconciliation et de dialogue".