Après une forte baisse des cours, mardi, (une chute de plus de 4,5%), le pétrole a poursuivi son repli jeudi, portant le prix du baril de brut à New York à 55 dollars, clôturant à son plus bas niveau depuis juin 2005. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en février, a perdu 2,73 dollars, terminant à 55,59 dollars, son plus bas niveau en clôture depuis le 15 juin 2005. Les cours ont donc perdu 5,46 dollars (près de 9%) en deux séances et se sont rapprochés de leurs plus bas de l'année 2006, atteints mi-novembre à New York quand ils s'étaient repliés jusqu'à 55,08 dollars en séance. Dans le même temps, à Londres, sur l'IntercontinentalExchange (ICE), le baril de Brent de la mer du Nord a perdu 2,85 dollars, terminant à 55,11 dollars sur l'échéance de février. Il est tombé jusqu'à 54,76 dollars en séance, au plus bas depuis le 1er décembre 2005. Une baisse qui s'explique en grande partie par l'exceptionnelle douceur des températures aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Une météo clémente signifie en effet moins de fioul consommé. Les niveaux de stock d'essence et de fioul domestique restent donc élevés. Ainsi, dans le nord-est des Etats-Unis, qui absorbe les quatre cinquièmes des volumes de produits distillés, la consommation est en forte baisse et devrait le rester dans un proche avenir, Weather Derivatives prévoyant un niveau inférieur de 40% à la normale la semaine prochaine. "L'absence de températures basses dans le nord-est des Etats-Unis (région qui consomme le plus de fioul de chauffage au monde) continue d'être le principal facteur qui maintient les prix sous pression", ont estimé les analystes de BMO Capital Markets. Selon les météorologues américains de Meteorlogix, les températures devraient cette semaine être de 8° supérieures à la normale saisonnière dans cette région. Cette météo a pour conséquence d'affaiblir la demande en produits distillées (qui comprend notamment le fioul de chauffage), au moment où elle devrait justement être la plus forte. La demande américaine de fioul de chauffage sera ainsi de 33% inférieure à la normale cette semaine, selon le dernier bulletin du Service national de météorologie des Etats-Unis. Ce ralentissement de la demande s'est illustré dans le dernier rapport hebdomadaire sur les stocks américains publié jeudi. Les stocks de produits distillés, dont le fioul domestique, ont augmenté de 2 millions de barils au cours de la semaine au 29 décembre et ceux d'essence sont appréciés 5,6 millions de barils. "Le rapport était baissier mais pas autant qu'a semblé l'illustrer le marché", a estimé Phil Flynn, d'Alaron Trading. "Les stocks de brut ont en effet continué de baisser. Quant aux produits distillés, leur hausse n'était pas une surprise vu les conditions climatiques exceptionnelles que l'on constate", a poursuivi l'analyste. "Tant que le temps reste doux, la pression à la baisse devrait perdurer", a estimé Phil Flynn. Pour l'analyste, les cours pourraient ainsi tomber sous des niveaux inférieurs à 55 dollars. "L'incroyable baisse de la demande pour les produits de chauffage compense le fait que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a réduit sa production", a pour sa part souligné John Kilduff, analyste de la maison de courtage Fimat. L'Opep s'est engagée à réduire sa production de 1,2 million de barils par jour en novembre dernier, puis de 500 000 barils par jour en février prochain, afin de défendre un prix plancher de 60 dollars. "Cependant, la deuxième réduction n'étant prévue qu'à partir de février, si la douceur des températures persiste, le niveau que l'Opep pourrait avoir à défendre pourrait être plutôt 50 dollars le baril", a jugé Michael Davies, analyste à la maison de courtage Sucden.