L'ouverture officielle d'un bureau de la compagnie russe “Gazprom” à Alger confirme le désir du groupe pétrolier de poursuivre sa coopération avec la compagnie nationale Sonatrach, indépendamment du protocole d'accord signé en août 2006 entre les deux groupes qui a expiré au mois d'août 2007 sans déboucher sur aucun projet concret. Pour rappel, le mémorandum de compréhension signé début mars 2006 entre Gazprom et Sonatrach prévoyait l'échange d'actifs dans le domaine de la prospection et de l'extraction, la création de coentreprises, la participation aux appels d'offres sur la prospection et l'extraction du pétrole et du gaz, l'échange d'informations sur les projets, etc. Ce document avait sérieusement préoccupé l'Union européenne qui l'avait interprété comme un des pas conduisant à la création d'une “Opep du gaz”. Les experts avaient brossé de sombres tableaux aux Européens, représentant Gazprom et Sonatrach qui fournissent environ 40% de tout le gaz consommé par les pays de l'Union européenne, comme des sociétés dictant leurs conditions sur les prix. L'initiative du géant gazier russe d'avoir une représentation permanente en Algérie s'inscrit en droite ligne de sa stratégie qui fait de l'Algérie l'un des pays prioritaires pour son développement entamé par une expansion dynamique à l'international. La Russie a énormément perdu de terrain face aux Européens et aux Américains qui affichent un intérêt accru pour l'Afrique en général et l'Algérie en particulier. Elle souhaite donc désormais passer à la vitesse supérieure pour développer rapidement une coopération tous azimuts. En plus de consolider la coopération entre les deux pays, l'ouverture du bureau de Gazprom à Alger constitue le meilleur atout pour le pétrolier russe dans sa quête de l'Afrique. En effet, le géant russe est intéressé par la réalisation de projets en Libye, notamment par la construction d'un gazoduc reliant les côtes libyennes à l'Italie. Le holding russe envisage de réaliser des opérations dans d'autres pays d'Afrique du Nord. Par ailleurs, Gazprom prévoit également de participer à la construction du gazoduc Nigeria-Algérie-Europe, la compagnie russe possédant, selon son premier responsable, les capacités suffisantes pour mener à terme un tel projet. La réalisation de ce grand projet structurant, qui acheminera 20 à 30 milliards de mètres cubes par an vers l'Europe, sera entamée fin 2009, pour que celui-ci puisse être mis en service en 2015 comme projeté. Ce timing permettra un positionnement renforcé du gaz africain sur le marché européen dont les projections de développement prévoient justement un déficit notable à partir de 2015. L'Algérie et le Nigeria pourraient donc être appelés à jouer un rôle non négligeable dans la sécurisation de l'alimentation en gaz naturel de l'Union européenne. Gazprom, qui accorde une grande importance à ce projet ne semble pas vouloir rester en marge de cette future configuration du marché. D'ailleurs, son intérêt pour le Nigeria se fait de plus en plus ressentir. Le géant gazier russe a proposé au Nigeria d'investir dans ses infrastructures énergétiques en échange d'un accès à ses importantes réserves de gaz.