Le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Opep a coupé court, hier, à l'ouverture des travaux de la réunion de Djeddah sur la flambée des prix de pétrole, à toute possibilité d'augmenter la production. Une demande que ne cessent de formuler les pays consommateurs, à leur tête les Etats-Unis, qui estiment que le manque de production a induit le relèvement des prix du pétrole. L'Opep ne les entend pas de cette oreille, et Chakib Khelil a clairement affirmé hier que " l'Opep estime que le marché pétrolier est suffisamment approvisionné et que toute hausse de production par le cartel est inutile dans l'immédiat ". Le cartel n'est donc pas prêt à pomper plus malgré l'insistance des pays consommateurs. Chakib Khelil justifie la position de l'Opep par le flou qui entoure le marché pétrolier. Le niveau des cours, qui a frôlé récemment les 140 dollars le baril, " est déconnecté des données de base du marché pétrolier ", a expliqué Chakib Khelil écartant au passage l'existence de problème d'approvisionnement. Pour lui, en tout cas, " ce n'est pas un problème d'offre ".Mieux encore, le président en exercice de l'Opep exclut toute décision dans l'immédiat. Il souligne à ce propos que la position du cartel sera connue au mois de septembre prochain. Mais au préalable, L'Opep " étudiera le marché avant de prendre une décision sur une éventuelle hausse de production ", a-t-il dit lors d'un point de presse. Tout dépendra, selon lui, du marché. Et Chakib Khelil de fournir certaines hypothèses qui confortent la position de l'Opep. " Si le marché est à l'équilibre en septembre, pourquoi augmenteriez-vous la production et pourquoi auriez-vous un problème d'offre alors que la demande diminue ", s'est-il a-t-il interrogé. L'actuelle flambée des prix peut s'expliquer, poursuit Chakib Khelil, " par les incertitudes sur le sort du dollar ". " Beaucoup de gens parlent des incertitudes sur les réserves de brut ", a ajouté M. Khelil, " mais qu'en est-il des incertitudes à propos du dollar ". Il pointe du doigt également " la spéculation " qui, selon lui " a un impact sur les cours ". Ajouter à cela, la baisse du dollar et la situation géopolitique dans certaines régions productrices. Il faut dire que la cohésion de l'Opep est quelque peu ébranlée par la décision unilatérale de l'Arabie saoudite d'accroître sa production. C'est d'ailleurs le seul pays qui a répondu favorablement à la demande des pays consommateurs. Sa production a été augmentée à deux reprises en un mois. premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite, organisatrice de cette réunion de Djeddah sur l'énergie dont l'importance est minime, selon le président en exercice de l'Opep, a fait un geste à l'égard des pays consommateurs, notamment les Etats-Unis. La décision prise la semaine dernière s'inscrit dans ce contexte puisque sa production sera augmentée de 200 000 barils/jour (bj), après une première hausse de 300 000 bj annoncée en mai dernier. La production saoudienne devrait ainsi passer de 9,45 millions de barils/jour à 9,65. A moyen terme, la situation ne connaîtra pas de changement, selon les experts. Même l'Arabie saoudite, qui s'est encore une fois exprimée en faveur d'une nouvelle augmentation de son quota en se disant prête produire plus, est sceptique quant à une solution dans l'immédiat. " Il n'y a pas de solution miracle mais il faut réfléchir à des solutions à long terme ", a déclaré le vice-ministre du pétrole saoudien. Le bras de fer entre les pays producteurs et consommateurs risque en tout cas de durer encore longtemps.