Les déclarations du ministre saoudien du Pétrole ont influencé les cours du baril, tombés sous les 102 dollars. La chute des cours du pétrole se poursuit, frôlant de près la barre des 100 dollars. Hier matin, le baril continuait de reculer, tombant sous 102 dollars pour le Brent coté à Londres et a touché 101,27 dollars pour le Light sweet crude à New York. La situation est observée au moment où se réunissent, à Vienne, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Selon le ministre de l'Energie et des Mines, et président en exercice de l'Opep, Chakib Khelil, «l'Opep va discuter lors de cette réunion d'une baisse de production en raison d'un surplus pétrolier en vue». Dans une déclaration faite lundi dernier à Vienne, M.Khelil a indiqué que «tout le monde est d'accord sur le fait qu'il y aura un problème de surproduction de 500.000 à 1 million de barils par jour d'ici l'année prochaine». Que comptent faire les membres de l'Opep face à une situation pareille? Devront-ils réduire leur production? «Je ne sais pas. Je pense qu'il y aura une discussion à ce sujet», a déclaré le président de l'Organisation pétrolière. Mais, semble-t-il, l'Opep ne diminuera pas sa production. Elle laissera faire les règles régissant le marché. C'est du moins ce qu'on peut déduire des déclarations du ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi qui affirme que «le marché est assez bien équilibré». Le ministre s'est déclaré très satisfait du niveau actuel des prix, affirmant que son pays «a travaillé durement depuis la réunion de juin» à Djeddah pour ramener les prix où ils se trouvent maintenant. «Les stocks sont dans une situation confortable, tout est en équilibre», a-t-il estimé. L'Arabie Saoudite qui n'avait pas jusqu'alors fait connaître sa position, s'oppose ainsi aux propositions des membres de l'Organisation qui réclament une réduction officieuse de la production, en demandant aux pays qui dépassent leurs quotas de les respecter. Ali Al-Nouaïmi a réaffirmé en outre que son pays allait satisfaire la demande des consommateurs. Alors que l'offre réelle de l'Opep dépasse d'un million de barils par jour ses objectifs affichés, l'Arabie Saoudite produit actuellement quelque 600.000 barils par jour (mbj) de plus que son quota de 8,94 mbj. Premier exportateur de brut au monde, l'Arabie Saoudite a pompé quelque 9,6 millions de barils par jour en juillet. Au printemps, l'Arabie Saoudite avait en effet unilatéralement décidé d'augmenter de 500.000 barils par jour son offre pour donner un gage de bonne volonté aux pays consommateurs et tenter de freiner la flambée des prix pétroliers. Elle avait mis sur le marché un premier supplément de 300.000 barils au mois de mai, puis annoncé 200.000 barils de plus lors de la conférence de Djeddah (pays membres de l'Opep - pays consommateurs). Se basant sur ces augmentations successives, prises unilatéralement, les analystes estiment que l'Arabie Saoudite fait de plus en plus cavalier seul, défiant ainsi les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Par ailleurs, les déclarations faites hier par le ministre saoudien du pétrole, provoqueront, sans coup férir, de nouvelles chutes des cours du pétrole. Ces déclarations ne sont pas sans irriter l'Iran, traditionnel «faucon» de l'Opep aux côtés du Venezuela. Téhéran a demandé un meilleur respect des quotas, appelant les Saoudiens à résorber leur excédent de production pour empêcher un surplus de se former et les prix de chuter davantage. Les observateurs estiment que les divisions constatées au sein de l'Opep auront de fortes répercussions tant sur cette organisation, elle-même, que sur le marché.