Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a réitéré, hier à Madrid, la décision de la Société nationale des hydrocarbures Sonatrach de ne plus s'engager dans certains contrats de livraison de gaz à long terme. Cette option est dictée, selon lui, par les difficultés rencontrées pour renégocier les prix. "Il n'y a pas de raison, pour Sonatrach, de s'engager dans des contrats à long terme" pour certaines unités de production déjà amorties, "parce que les contrats à court terme donnent de la flexibilité pour avoir des prix qui reflètent ceux du marché", a déclaré M. Khelil lors du 19e Congrès mondial du pétrole qui se tient jusqu'à jeudi dans la capitale espagnole. L'Algérie, qui est l'un des premiers producteurs de gaz au monde, a négocié beaucoup de ses contrats à long terme à une époque où les prix étaient beaucoup plus bas. Elle souhaite les relever pour les rapprocher des prix internationaux du gaz, indexés sur ceux du pétrole, et qui ont donc fortement augmenté. Dans le cadre d'un contrat de livraison de gaz à long terme, le prix est fixé pour l'avenir, avec des possibilités de le revoir à certaines échéances, mais un désaccord conduit à un arbitrage interminable et coûteux. A ce titre, M. Khelil a affirmé qu'il est très "difficile de trouver des accords" dans la renégociation des prix de vente du gaz dans le cadre des contrats à long terme. M. Khelil a expliqué que l'Algérie avait passé ces contrats à long terme dans le passé pour pouvoir obtenir des prêts auprès des banques, rassurées par la perspective de revenus gaziers stables. Maintenant, les choses ont changé. Le ministre se dit, en effet, "heureux que Sonatrach ait les ressources pour s'autofinancer". Par ailleurs, il a rappelé qu'"à partir du moment où votre unité de production de gaz naturel liquéfié ou votre pipeline ont été amortis, vous avez la flexibilité pour vendre à court ou long terme". Il y a quelques semaines, le P-DG de Sonatrach, M. Mohamed Meziane, avait déclaré à l'agence britannique Reuters, les nouveaux contrats destinés à maximiser les revenus en fonction de la hausse des prix qui seront désormais signés pour une durée maximale de cinq ans. Le but de cette mesure étant, selon lui, de profiter de la hausse des prix du baril - ceux du gaz sont indexés sur ceux du pétrole- sur les marchés internationaux. En effet, l'écart entre le gaz et le pétrole, sur lequel il est indexé, s'agrandit sans que les prix du gaz, négociés sur le long terme, ne suivent. Comme les contrats gaziers sont habituellement établis à long terme, le gaz n'a pu suivre l'évolution des prix du pétrole à des niveaux record. L'exemple le plus édifiant reste le conflit sur les prix du gaz entre Sonatrach et Gas Natural. Au début du conflit avec Gas Natural, le pétrole était à 50 dollars. Aujourd'hui, il est à plus de 140 dollars. Dans un contrat à court terme, l'acheteur serait libre de chercher un meilleur prix ailleurs. L'Algérie n'est pas satisfaite des contrats d'exportation de gaz à long terme. Cette option reflète donc son souci de tirer le maximum des exportations du gaz, dans un marché perturbé par l'instabilité des prix du pétrole.