Le ministre de l'Energie et des Mines a une nouvelle fois écarté l'idée d'une Opep du gaz. “Créer une Opep du gaz n'est pas possible pour une raison simple : toutes les ventes se font dans le cadre de contrats à long terme”, souligne-t-il lors d'une conférence de presse. Sonatrach créera dans les prochains mois une société de distribution de gaz en France. Un des principaux fournisseurs de gaz à ce pays, la compagnie nationale des hydrocarbures est en train d'étudier ce projet qui serait finalisé dans les mois prochains. L'entreprise concrétise actuellement des projets de distribution de gaz similaires dans plusieurs pays. “Sonatrach s'implante en ce moment dans différents pays dans la distribution de gaz”, a déclaré Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de sa récente visite à Madrid. “Nous ne pensons pas devenir un grand acteur de distribution en Europe”, a-t-il précisé néanmoins. “Ce n'est pas notre intérêt, nous sommes un important fournisseur”, a-t-il poursuivi. Pour lui, l'arrivée de Sonatrach serait “un bien pour le marché en apportant plus de concurrence”. L'Algérie a contribué, selon lui, de manière importante, à la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Europe et de l'Espagne. “En 2006, 97% des exportations du gaz algérien, soit 61 milliards de mètres cubes, sont destinés à l'Europe”, argue-t-il. L'Algérie a exporté jusque-là, souligne-t-il encore, 142 milliards de mètres cubes vers l'Espagne. M. Chakib Khelil a affirmé ainsi la contribution de Sonatrach dans l'ouverture du marché gazier en Espagne. Cette action a été réalisée à travers les contrats d'achat et de vente de gaz signés avec les différentes compagnies espagnoles. Durant les hivers 2003-2004 et 2004-2005, l'Algérie a répondu favorablement à la demande exceptionnelle de ses partenaires espagnols en fournissant des volumes additionnels, grâce à la flexibilité GN/GNL dont dispose Sonatrach. “L'entreprise aurait pu ne pas répondre et créer des prix très élevés pour tirer profit de la situation”, a-t-il ajouté. Le ministre a cité, notamment, le projet du gazoduc Medgaz, dans lequel Sonatrach détient 36% du capital, ou le projet Galsi où elle est actionnaire à hauteur de 33%. 61 milliards de mètres cubes de gaz vers l'Europe en 2006 “Dès le départ, nous avons décidé que ces gazoducs devaient être construits et gérés en commun avec des partenaires. Je crois que c'est un exemple unique dans le monde pour les pays producteurs de gaz”, a-t-il déclaré. Chakib Khelil a annoncé, par ailleurs, que Sonatrach est favorable à l'entrée du groupe espagnol Gas Natural comme partenaire dans le projet Medgaz, tel que demandé par les autorités espagnoles. Mieux, Sonatrach est prête à baisser sa participation dans le capital de Medgaz de 36 à 26% pour permettre l'entrée de Gas Natural. Cependant, avoue-t-il, l'accord des autres partenaires est nécessaire. M. Khelil avait eu des entretiens avec les ministres espagnols de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce et des Affaires étrangères, MM. Joan Clos et Miguel Angel Moratinos. Les entretiens avec M. Clos ont porté, entre autres, sur les contrats de livraison de gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe conclus entre Gas Natural et Sonatrach, sur les engagements des compagnies Repsol et Gas Natural dans le cadre du projet intégré de Gassi Touil et la renégociation des prix des contrats de gaz avec le groupe Gas Natural, signés, relève-t-il, à un moment où ces prix “étaient très bas”. À propos du projet du gazoduc sous-marin Medgaz, il a indiqué qu'il avance de manière satisfaisante, puisque tous les contrats pour la réalisation et la fourniture d'équipements ont été signés. Il a précisé que d'un point de vue administratif, il ne reste plus que l'accord de la Commission nationale de l'énergie en Espagne (CNE) à la nouvelle structure actionnariale de la société Medgaz. Concernant la société créée par Sonatrach pour commercialiser le gaz en Espagne “Sonatrach Gas Comercializadora”, il a expliqué qu'elle injectera dans le marché espagnol, directement ou par le biais d'autres compagnies, un volume 2,9 milliards de mètres cubes, soit 16% de la totalité des approvisionnements de l'Algérie et 7 % de tout le gaz distribué en Espagne. Dans un autre registre, M. Khelil a expliqué que les amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures, introduisant notamment une taxe sur les profits exceptionnels, n'affecteront que peu les compagnies espagnoles, car les contrats signés avec elles sont récents et prennent en compte l'évolution du prix du gaz. Ils affectent beaucoup plus, indique-t-il, les entreprises qui ont signé des contrats dans les années 1980, négociés dans un environnement complètement différent de l'actuel. “Il est très important que les contrats soient stables, c'est-à-dire qu'ils protègent les intérêts de toutes les parties. Aujourd'hui, le prix du gaz est de 60 dollars et non plus 20, alors où vont les bénéfices exceptionnels ?” s'est-il interrogé. Synthèse : Badreddine K.