Les cours du pétrole brut ont atteint de nouveaux records historiques, hier, dépassant pour la première fois le seuil des 147 dollars à Londres et s'en rapprochant à New York. Vers 12H30 GMT, le baril s'est propulsé à 147,25 dollars tandis qu'à New York il a atteint 146,90 dollars. Ce double record éclipse des performances datant de jeudi dernier (3 juillet). Les prix du pétrole, qui ont beaucoup reculé cette semaine, sont donc repartis à la hausse galvanisés par un regain de tensions politiques en Iran et au Nigeria et par la fragilité du dollar. L'Iran qui a effectué jeudi une nouvelle série d'essais de tirs de missiles, a ravivé les tensions déjà très vives au Proche-Orient. Ces exercices polémiques se déroulent alors que les rumeurs d'attaque israélienne contre l'Iran se multiplient et que la position de la communauté internationale concernant la vocation strictement civile du programme nucléaire de Téhéran traverse une mauvaise passe. La secrétaire d'Etat américain, Condoleeza Rice, a aussitôt réagi en avertissant l'Iran que les Etats-Unis avaient renforcé leur "présence" en vue d'assurer la sécurité dans le Golfe et défendraient Israël et leurs autres alliés dans la région. Selon le secrétaire général de l'Opep, Abdullah Al-Badri, les craintes de pénurie se sont accentuées. Il a indiqué que les membres de l'Opep ne pourraient subvenir à la pénurie si le pétrole iranien était retiré du marché en cas d'attaque contre l'Iran. "Nous ne sommes pas en mesure de compenser la production iranienne, c'est tout bonnement impossible", a déclaré le secrétaire général. L'Iran est actuellement en deuxième position parmi les pays producteurs du cartel, après l'Arabie saoudite. Environ quatre millions de barils sont produits quotidiennement par ce pays, et les prix record sont le résultat de divergences géopolitiques, selon M. Al-Badri qui a appelé à une résolution pacifique des problèmes liés au dossier nucléaire iranien. Ce regain de tension entre au Proche-Orient a poussé les opérateurs à recommencer à acheter du pétrole et des euros à tour de bras, après avoir empoché des bénéfices en début de semaine. Les investisseurs font le calcul qu'une guerre entre l'Iran et Israël pourrait provoquer une nouvelle flambée du pétrole, ce qui alimenterait davantage l'inflation, ont indiqué les cambistes. D'ailleurs, le dollar reste toujours un facteur de nature à entraîner les cours du pétrole vers de nouveaux sommets historiques. Hier matin, il demeurait sous pression, incitant les investisseurs à acheter des matières premières libellées en dollars pour se couvrir contre l'inflation. Par ailleurs, le plus important groupe rebelle du Nigeria (Mend) a annoncé, jeudi, la fin d'un cessez-le-feu unilatéral, samedi à minuit, et menacé les intérêts britanniques, torpillant un peu plus le sommet sur le delta pétrolier du Niger, annoncé depuis près d'un an par le pouvoir. Le premier producteur de brut africain s'est fait récemment doubler par l'Angola, un pays aux réserves bien moindres que celles du Nigeria mais plus stable politiquement. "La fin du cessez-le-feu par le Mend est une menace plus immédiate (que l'Iran) sur les approvisionnements pétroliers, bien qu'elle soit susceptible d'être partiellement compensée par la mise en production imminente du nouveau champ pétrolier d'Agbami, d'une capacité de 250.000 barils par jour", a commenté Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix. Dernier facteur suscitant des craintes sur les approvisionnements pétroliers, des employés de la compagnie brésilienne Petrobras ont menacé de déclencher une grève de cinq jours, la semaine prochaine, ce qui risque de perturber 80% de la production quotidienne brésilienne.