Parallèlement à l'ouverture, hier, des travaux du regroupement des directeurs des services agricoles de wilaya, initié par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural en vue de mettre en œuvre la nouvelle stratégie basée sur les contrats de performance, la pomme de terre continue à ébranler l'actualité nationale. En effet, un cadre du service de gestion de la production agricole au département de Rachid Benaïssa a fait savoir, hier, que la production nationale de pomme de terre a atteint pour cette année 12 millions de quintaux. A ce niveau, le rendement pour cette saison est jugé en nette croissance par rapport à l'année dernière. Ceci n'est pas moins vrai lorsque l'on sait que depuis plusieurs semaines déjà les agriculteurs, à travers plusieurs régions du pays, manifestent leur mécontentement face à l'importante baisse que subissent les prix de ce produit sur le marché national. Mais, tout de même, il y a lieu de se demander si, réellement, l'Algérie fait face actuellement à une croissance effective de la production de pomme de terre ? La tendance réelle du marché, en tout cas, risque de s'avérer autre que ce qui est appréhendé actuellement. En effet, si l'on tient compte des estimations faites par la FAO (Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), la consommation moyenne en pomme de terre se situe à près de 60kg par habitant annuellement. De là, il est vite établi que les besoins nationaux en ce produit se situent autour des 20 millions quintaux par année. Ce qui fait que l'Algérie accuse toujours un manque qui s'élève à quelque 8 millions de quintaux. Ce déficit, bien entendu, sera compensé avec le recours aux marchés internationaux par le biais des importateurs. Mais, dans le cas où la production nationale n'est pas gérée avec rationalité, le quota que l'Algérie sera appelée à importer dans les quelques mois à venir risque d'être revu à la hausse. Il n'y a donc point d'excédent de production de pomme de terre comme on l'a laissé entendre, et c'est là, en revanche, que réside la nécessité et l'urgence de maîtriser la production actuelle afin de diminuer la dépendance du marché national des importations. Le gouvernement semble comprendre cet enjeu en accélérant les mesures de prise en charge de la production nationale de pomme de terre. Et c'est dans cette perspective que le chef du gouvernement a vite procédé à la mobilisation d'une enveloppe financière de pas moins de trois milliards de dinars afin de prendre en charge les opérations de stockage et d'emmagasinement du surplus de production. Il reste à définir avec précision les procédures que le gouvernement compte entreprendre pour faire aboutir sa stratégie. Par ailleurs, le secrétaire général de l'UNPA (Union nationale des paysans algériens), a déclaré, avant-hier, que "jusqu'à présent, les décisions du gouvernement ne sont pas claires. Il n'a pas été précisé si c'est le gouvernement qui achète la production de l'agriculteur ou bien d'autres acteurs. Les agriculteurs ne savent pas également s'il faut s'adresser aux propriétaires privés des frigos". Pour ce qui est des raisons qui sont à l'origine de l'amélioration de la production de cette année, le responsable du département de Rachid Benaïssa a souligné que "la superficie consacrée à la production de la pomme de terre destinée à la consommation (qui) a légèrement augmenté cette année, ce qui explique cette production remarquable".