Avec le recul des prix du baril de pétrole et par ricochet, la baisse des recettes de l'Algérie et parallèlement la hausse de la facture alimentaire laquelle est passée de 4,49 milliards de dollars en 2007 à 7, 82 milliards en 2008, l'Algérie devra relever le défi de la réduction de la dépendance alimentaire. C'est dans cette conjoncture difficile que la wilaya de Biskra abritera, aujourd'hui, la conférence nationale sur le renouveau de l'économie agricole. La facture des céréales, semoules et farines a atteint la valeur de 3,98 milliards de dollars en 2008, contre 1,98 milliard USD en 2007, enregistrant ainsi une hausse de plus de 100% (100,61%). Les chiffres sont effarants et témoignent d'une grave dépendance, dont souffre le pays sur le plan alimentaire. Dans cette conjoncture difficile, le gouvernement a lancé une politique de renouveau rural et agricole, orientée vers le développement des productions dites stratégiques. Aussi, des contrats de performance, dans lesquels des engagements agricoles des wilayas sont définis, ont été initiés. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaissa, invité hier de l'émission en toute franchise à la Chaîne III de la Radio nationale, a indiqué que la nouvelle politique agricole est basée sur la libération des initiatives et la valorisation du travail de la terre. Selon lui, la signature des contrats de performance au titre du dispositif du renouveau agricole est un moyen d'amélioration du milieu agricole et de création de richesses pour un développement durable. Dans ce contexte, il a expliqué qu'une vaste opération de concertation avec différents acteurs de l'agriculture, à savoir les agriculteurs, les éleveurs, les économistes, les spécialistes et la société civile, a été initiée. Selon M. Benaissa, la crise économique mondiale, notamment l'augmentation des prix des produits agricoles (les céréales et le lait) et la chute des prix du baril de pétrole nous a poussés à remettre sur le tapis une question : "Si on n'avait pas assez d'argent comment on va faire pour soutenir les prix ? On aura des difficultés réelles ". D'autant que " la dimension de sécurité alimentaire est celle de la souveraineté nationale ". Il a également précisé que la conférence de Biskra va être un moment d'aboutissement des politiques agricoles mais aussi une projection pour les cinq années à venir, et ce sur la base des contrats de performances signés avec les wilayas. Il s'agit de mettre en place un plan commun et un appel à la mobilisation de tous les acteurs, dont, l'industrie agroalimentaire et l'industrie liée au développement rural. Interrogé sur la facture de mise en œuvre de cette nouvelle politique de développement agricole, le ministre n'a pas donné de chiffres car, selon lui, il s'agit d'un accompagnement qui englobera, notamment l'aspect financier, l'information, la mise en place des marchés de vente et le dispositif d'assurance en cas de catastrophe. Avant d'ajouter "il faut produire plus avec moins d'argent". S'agissant de la régulation du marché, le ministre a souligné qu'il faut avoir des systèmes de régulation à travers l'opération de stockage pour certains produits, la création des filières de produits multiples, la création d'un office national pour les fruits et les légumes. M. Benaissa a également parlé d'autres dispositions, notamment la mise en place d'un crédit mutuel rural, à travers le redéploiement de la CNMA. Pour ce qui est de la tomate industrielle, il a souligné qu'un dispositif sera mis en place pour soutenir les transformateurs et les agriculteurs. Interrogé sur la filière lait, il a annoncé que toutes les conventions seront finalisées au mois de mars. Il faut rappeler qu'un contrat a été signé entre le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Il faut dire que pour ce qui est de l'augmentation de la facture des importations de produits alimentaires, le ministre a justifié cette augmentation par la forte hausse des cours des matières premières sur les marchés internationaux. Toutefois, l'économie nationale demeure, selon M. Benaissa, l'otage des lobbies de l'importation. D'ailleurs, le Premier ministre, M.Ahmed Ouyahia, avait accusé, dans une précédente déclaration, les lobbies et la mafia de l'importation d'être à l'origine de la flambée des prix des aliments de consommation de base qui, selon lui , "n'ont rien à voir avec la Bourse internationale". Nacera C.