Les Européens veulent "obtenir le rééquilibrage des concessions déjà faites" par l'UE à l'Organisation mondiale du commerce, lors de la réunion ministérielle la semaine prochaine à Genève, a indiqué la secrétaire d'Etat française au Commerce Anne-Marie Idrac. L'Organisation mondiale du commerce a par ailleurs condamné la Chine dans le dossier de l'importation de pièces détachées automobiles, a indiqué vendredi l'OMC.Le gendarme des échanges internationaux a donné raison aux trois parties plaignantes, les Etats-Unis, l'Union européenne et le Canada, considérant que le régime chinois d'importation des pièces détachées automobiles est discriminatoire. Les plaignants avaient soumis le cas à l'OMC fin 2006, reprochant à Pékin d'imposer des droits de douane variables aux pièces détachées automobiles entrant dans le pays. Il s'agit du premier différend perdu par la Chine devant l'OMC, une organisation qu'elle a intégrée en 2001. Nous avons "un objectif commun, qui est d'obtenir le rééquilibrage des concessions que l'Union (européenne) a déjà faites", a déclaré Mme Idrac, dont le pays préside l'UE, à l'issue d'une réunion des ministres européens en charge du Commerce pour préparer le rendez-vous de Genève. Il devra s'agir d'un "rééquilibrage effectif" et "pas cosmétique", a-t-elle insisté. L'UE "a épuisé ses marges de manoeuvre sur le plan agricole" et les Européens ne peuvent "pas aller plus loin" dans ce domaine, a-t-elle insisté. En revanche, a-t-elle dit, l'Union doit obtenir "un certain nombre de contreparties tangibles", notamment dans l'ouverture des marchés industriels des pays émergents. Mme Idrac a affirmé résumer ainsi le "sentiment général" exprimé lors de cette réunion à Bruxelles. Pressée par les journalistes, elle a démenti tenir ainsi un discours discordant par rapport aux propos la veille des commissaires européens au Commerce, Peter Mandelson, et à l'agriculture, Mariann Fischer-Boel, auxquels le président Nicolas Sarkozy a reproché ces dernières semaines d'avoir déjà fait trop de concessions en matière agricole. "Vous n'arriverez pas à mettre la présidence (française) en situation de ne pas travailler à la cohésion et à l'unité", a-t-elle répliqué à un journaliste qui lui demandait, "qui ment, qui dit la vérité". "La Commission connaît parfaitement ses limites,", a-t-elle assuré, alors qu'aucun membre de l'exécutif européen ne participait à cette conférence de presse. "Peter Mandelson est en mesure de poursuivre la négociation dans le sens d'un rééquilibrage des concessions", a-t-elle ajouté. Contrairement à la France et de nombreux Etats membres, la Commission pousse en faveur d'un accord. Ses responsables font valoir en privé que l'Europe a tout à gagner d'un compromis aujourd'hui car elle a déjà fait les efforts demandés sur la baisse des soutiens à l'agriculture, avec sa réforme de la Politique agricole commune de 2003. Mme Idrac a d'ailleurs laissé entendre que les Etats membres surveilleraient de près la Commission la semaine prochaine. Elle a insisté sur la nécessité pour la Commission, qui négocie au nom de l'UE lors de ces négociations internationales, de respecter le "principe de transparence" en utilisant "toutes les possibilités d'informations en continu, les plus précises possibles, sur le contenu des textes et les évolutions des négociations".