Les ministres français de l'Economie et de l'Agriculture, Christine Lagarde et Michel Barnier, répètent l'opposition de Paris au projet d'accord actuellement sur la table de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), exhortant la Commission européenne à obtenir davantage pour les pays de l'UE. La France et huit pays de l'Union européenne ont fait bloc lundi à Genève pour exprimer leurs réserves ou leur opposition et réclamer que leurs préoccupations soient mieux prises en compte. "Le compte n'y est pas", a déclaré Christine Lagarde sur France Info. "Il y a une volonté d'aboutir à un accord mais pas à n'importe quel accord qui se ferait au détriment des pays les plus pauvres d'une part et au détriment de l'économie agricole des pays développés comme l'Europe d'autre part", a expliqué Michel Barnier sur RFI. "Nous voulons un accord équilibré et réciproque. Pour l'instant, nous n'en avons pas la trace." La Commission européenne "fait cette négociation dans le cadre d'un mandat. Nous pensons qu'elle doit obtenir davantage d'équilibre dans les textes et donc nous l'encourageons, et nous sommes là pour ça, à obtenir davantage d'équilibre", a poursuivi Michel Barnier. Lundi, le Premier ministre François Fillon avait estimé que la Commission devait prendre une "action décisive d'urgence" à Genève, où le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, négocie au nom de l'Union. Interrogé sur la double casquette de la France dans ces discussions - membre de l'Union défendant son agriculture et présidente du Conseil européen parlant au nom des Vingt-Sept - Michel Barnier a répondu : "Il faut que l'Europe dont nous parlons soit bien une Europe qui protège aussi." Le ministre de l'Agriculture, qui se trouve à Genève en compagnie de la secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, a démenti que la France ait pris la tête de la fronde. "Les Italiens ont organisé une concertation entre plusieurs pays qui ont les mêmes préoccupations", a-t-il relevé. Sur France Info, Christine Lagarde a également minimisé la désunion européenne, mettant en avant les intérêts des pays les plus pauvres. "L'image ce n'est pas important. Le plus important, c'est d'arriver à un accord équilibré (...). On ne peut pas ouvrir les vannes et laisser les 14 prochaines années aux Chinois pour qu'ils se mettent à niveau comme s'ils étaient un pays émergent", a dit la ministre de l'Economie.