Une trentaine de ministres vont tenter la semaine prochaine à Genève de relancer sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce les négociations sur un nouvel accord commercial mondial mais leur tâche s'annonce ardue du fait notamment des blocages sur les questions agricoles. L'objectif est d'ouvrir une voie pour conclure d'ici la fin de l'année le cycle engagé fin 2001 à Doha dans le but affiché de stimuler l'économie mondiale et d'aider les pays les plus pauvres à exporter davantage. La journée d'hier devrait permettre aux différents groupes réunis au sein de l'OMC, des grands exportateurs agricoles du groupe de Cairns aux pays ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique) de finaliser leurs stratégies de négociation. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a dénoncé samedi la désinformation et une approche en deux poids, deux mesures qui, a-t-il dit, envahissent les débats. "Il existe encore toute une série de questions liées à l'agriculture qui doivent être réglées, et nous ne savons pas comment elles seront réglées, ni même si elles le seront", a-t-il dit lors d'une conférence de presse après s'être entretenu avec le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy. Amorim a mis l'accent sur ce qui constitue l'un des points cruciaux de la discussion: le niveau des subventions agricoles aux Etats-Unis. L'un des enjeux résidera dans la présentation ou non d'une nouvelle offre de la part de Susan Schwab, qui représente les Etats-Unis à l'OMC. Vendredi, la commission sénatoriale de l'Agriculture a prévenu la représentante fédérale au Commerce qu'elle n'aurait pas son soutien pour un accord dans lequel la réduction des subventions agricoles serait supérieure à l'ouverture des marchés étrangers aux exportations agricoles américaines.Celso Amorim a par ailleurs critiqué l'attitude des pays riches qui rechignent à accepter une limitation des tarifs douaniers qu'ils imposent sur leurs importations agricoles tout en réclamant de la part des pays en développement d'importantes réductions des taxes en vigueur sur les importations industrielles.Le Japon, dont l'agriculture compte parmi les plus protégées au monde, exclut tout plafonnement des tarifs douaniers. "Le Japon n'a jamais changé de position sur le fait qu'un plafonnement des tarifs douaniers n'est pas approprié du fait de la spécificité de l'agriculture dans tous les pays, et cette position demeure inchangée", a dit le ministre japonais de l'Agriculture, Masatoshi Wakabayashi. Les Européens jugent pour leur part être allés au bout des concessions possibles sur l'agriculture. "Nous avons un objectif commun, obtenir le rééquilibrage des concessions que l'Union a déjà faites (...) L'Union a épuisé les marges de manoeuvre sur le plan agricole et ne peut aller plus loin, donc, il n'y a plus rien à concéder de plus", a déclaré vendredi à Bruxelles la secrétaire d'Etat française chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, à l'issue d'une réunion des ministres du Commerce de l'Union européenne qu'elle a dirigée au nom de la présidence française.Autre sujet ancien de discorde, l'impasse entre les Européens et les pays latino-américains sur la banane. Les seconds dénoncent les tarifs préférentiels réservés par les premiers à leurs anciennes colonies des pays ACP. Si aucune avancée n'intervient la semaine prochaine, les négociations du cycle de Doha risquent de se compliquer, d'autant que l'attention des Etats-Unis va progressivement se concentrer sur l'élection présidentielle de novembre et que le mandat de l'actuelle Commission européenne se termine en 2009.