Cellule de base par excellence, la commune algérienne est régie par des textes qui ne sont plus d'actualité, autrement dit frappés de caducité. L'objectif central de mon analyse à laquelle s'inspire d'un ouvrage collectif pluridisciplinaire sous ma direction " enjeux et défis de l'Algérie 2004/2009 face aux enjeux de la mondialisation " qui a analysé avec minutie la problématique d e la refonte de la gestion des collectivités locales, du système partisan et la société civile,et, la refonte de l'Etat comme adaptation urgente aux nouvelles mutations paru à Casbah Editions Alger courant 2004 avec les universitaires et praticiens de l'économie Dr Chouam BOUCHAMA, Dr Mohamed TAIBI, Mohamed SABRI, Boutlelis ARAF, Youcef IKHLEF se veut une tentative devant transformer la commune " providence " en " commune entreprise " passant par la nécessaire régionalisation économique. Etre au rendez-vous de ce troisième millénaire est la nature du défi que doit relever notre société, en améliorant sa productivité, à partir de la promotion des innovations technologiques, de leur adaptation au contexte socio-économique et culturel algérien, et de leur traduction en valeur ajoutée, au bénéfice d'un développement global, source de richesses et de cohésion sociale.(1) 1. La commune à l'heure de la mondialisation Relever ce défi, c'est aspirer au statut d'une nation émancipée, clairvoyante dans son devenir, pertinente dans ses choix et acquise aux valeurs universelles du travail, source unique et pérenne de la vraie richesse. Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui en gage la configuration de l'image de l'Algérie de demain qui devra progressivement s'éloigner du spectre de l'exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale. L'implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l'avenir des générations futures, est une manière pour l'Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d'arbitre de la demande sociale. L'Etat soucieux du regain de sa crédibilité, devra se manifester par sa présence et sa disponibilité d'écoute au niveau des communes, voire des quartiers et centres ruraux, où ses actions doivent être les plus perceptibles. La commune devra donc assurer sa mutation profonde, pour devenir un espace de convivialité qui intègre dans sa démarche l'action citoyenne du mouvement associatif. L'implication de la société civile dans les affaires de la cité est un acte éminemment civilisationnel, qui intègre les changements d'une société en pleine mutation, et une manière d'aboutir à un projet de progrès pour nos communes. Après la "commune providence " du tout-Etat, l'heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l'ingénierie territoriale. C'est dans ce contexte que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les bonnes volontés et initiatives qui participent à l'amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d'un espace. En tant que responsable de la politique économique et animateur-régulateur, l'Etat aura vraisemblablement à se dessaisir des charges d'administration en rapport avec la gestion des territoires des communes, pour permettre à ces dernières d'assumer pleinement leurs missions de managers de leurs espaces respectifs. A la commune pourront sans doute échoir les charges de production des services publics de base, de l'organisation du cadre de vie et de l'aide sociale de proximité. La commune devra être ainsi un service public de proximité, nécessairement attentif à l'écoute du citoyen et du mouvement associatif. En relation avec la responsabilité d'administration de son territoire, la commune aura aussi la charge directe de promouvoir et d'animer le développement de cet espace. Ce volet concerne certainement la mission la plus novatrice qu'aura à assumer la commune, dans la mesure où elle aura à s'assimiler à une entreprise rompue aux techniques modernes de management et capable de générer des richesses à partir de la valorisation de ses ressources propres pour le financement de son développement économique et social. C'est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l'accueil des entreprises et de l'investissement. Le double objectif recherché serait la création de ressources fiscales et la promotion de l'emploi de proximité. Avec le nouveau système politique, la commune aura par ailleurs et naturellement à se constituer en centre d'apprentissage de la démocratie de proximité, qui la tiendra comptable de l'accomplissement de ses missions. Selon les missions évoquées, la commune doit se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivité locale providence gestionnaire des concours définitifs de l'Etat, à celui de collectivité entreprise responsable de l'aménagement, du développement et du marketing de son territoire. Cette mutation soulève évidemment la question des moyens et surtout celle de leur optimisation. La réforme de la fiscalité en cours, prend en principe en charge les ressources propres dont doivent disposer les communes, selon les compétences qui leur seront attribuées, ainsi que les péréquations qui permettront d'aider les moins favorisées d'entre elles. L'image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes. Il n'y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l'erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue, au profit des actions fiabilisées par des perspectives de long terme d'une part, et les arbitrages cohérents d'autre part, qu'implique la rigueur de l'acte de gestion. On peut dire que le débat non clos sur les fonctions essentielles de la commune, est en fait un débat sur la répartition des compétences entre l'Etat et les collectivités et que quelles que soient les limites de ce partage de prérogatives, la commune-providence devra nécessairement laisser place à la commune-entreprise, dont l'efficacité se mesurera à ses capacités d'ingénierie territoriale et d'audit social. La maîtrise des finances locales et le développement économique doivent être placés au cœur des préoccupations des communes. Pour répondre à cet enjeu majeur, on doit miser sur la valorisation du territoire et l'organisation du développement autour d'espaces cohérents. 2. La reconquête des espaces d'exclusion et de marginalisation 1- Etat des lieux de la commune L'effort d'investissement consenti par l'Etat, à travers les différents plans de développement, a quelque peu favorisé les grands centres urbains du pays, au détriment des campagnes qui se sont progressivement dévitalisées. L'effet attractif des grandes villes a engendré une éclosion de l'habitat spontané autour des principaux centres urbains, donnant ainsi naissance à des quartiers insalubres ne disposant pas toujours des commodités et d'un cadre de vie adéquat, en raison du caractère anarchique qui a prévalu lors de leur création. Ces quartiers illicites, très longtemps négligés, n'ont pu être maîtrisés et sont devenus par la force des choses des centres d'exclusion et de marginalisation de pans entiers de la société qui se trouve menacée dans sa cohésion. A défaut d'une politique volontariste de développement intégré, pour une revitalisation des espaces ruraux, seule à même de fixer les populations rurales et de rétablir l'équilibre ville -campagne, le laisser-faire a induit une invasion de nos villes où le citadin est devenu minoritaire et s'est vu agressé par l'apparition de nouveaux comportements qui influent sur son environnement. L'expérience dans la conduite du développement local, a montré que l'effort consenti par l'Etat, pour l'amélioration du cadre de vie de la population et la satisfaction de ses besoins essentiels, n'a été que très faiblement perçu par le citoyen. Ceci s'explique par le fait que la détermination des besoins par les centres décisionnels (Wilaya, Daïra, Commune) s'élabore souvent sans l'implication des représentants de la société civile et tout particulièrement des associations de quartiers. Cette attitude, à la fois empirique dans l'évaluation des besoins et dirigiste dans l'initiation des programmes, a privé l'Etat des réseaux de communication qui lui auraient permis de porter son message et a induit une forme d'opacité pour ses actions. Il s'en est suivi des formes de divorce que symbolise le peu d'intérêt pour la chose publique et des attitudes laxistes chez bon nombre d'élus, quant au respect des règles et principes de l'Etat républicain. D'où l'importance d'un changement des méthodes d'intervention à l'échelle locale. Dans sa recherche d'une meilleure cohésion sociale, l'Etat se doit de se renforcer dans les plus brefs délais possibles, sa crédibilité, son autorité morale et son efficacité administrative. Il doit donc développer des approches imaginatives pour s'adapter à la structure sociale établie et reconnue par la commune, plutôt que de s'y opposer, par des schémas d'une administration mal inspirée, dont l'attitude routinière nuit considérablement à ses actions. La reforme que l'Etat devra initier pour asseoir son autorité, sa crédibilité et son ancrage dans la société, pourrait se concevoir, à partir :-d'une évaluation objective de la demande sociale, sur la base des études et enquêtes économiques, d'une définition des rations pour les besoins essentiels et d'une communication permanente avec la société civile et les centres de production intellectuelle, scientifique et culturelle ; -d'un système transparent dans l'affectation des ressources financières et des moyens d'études et d'engineering ; -d'un redéploiement de la source humaine pour l'encadrement des communes, dans le sens d'une amélioration de leurs capacités managériales.Cela implique un développement à l'écoute de la demande sociale. En effet, bien qu'ayant nécessité de gros efforts d'investissement, les actions de nature multiforme initiées par les structures technico-administratives de l'Etat sont souvent ignorées par la population ou, tout au moins, peu adaptées à la hiérarchisation de ses besoins. Le déficit de communication s'est traduit dans tous les cas par une forme de désinvestissement et une indifférence de la population à l'égard des actions qui lui étaient destinées. L'absence d'une politique contenue et cohérente pour la ville a induit des formes d'inventions anarchiques, au point où les actions à caractères social et de réhabilitation du cadre bâti jusque là entreprises, n'ont eu qu'un impact limité, eu égard à l'ampleur dans la concentration des problèmes au niveau des établissements humains de nos villes. Les zones d'habitat sans aménagements, à l'intérieur et autour des villes, offrent aujourd'hui l'image de centres d'exclusion en rupture sociale où la mal vie a pour corollaire l'habitat insalubre, la dégradation de l'environnement, le chômage, la délinquance et l'insécurité qui menacent à terme la cohésion sociale. D'où l'importance d'une approche de proximité. Car, dans sa recherche d'une meilleure cohésion sociale, l'Etat doit développer des approches imaginatives pour mettre en adéquation son intervention avec la demande sociale. A ce titre, l'initiative que devront développer les collectivités locales, pour asseoir définitivement leur autorité morale, leur crédibilité et leur ancrage dans la société - autrement dit, la " stratégie de pénétration sociale " qu'elles devront adopter pour la reconquête des territoires d'exclusion et de mal vie - devra s'articuler autour : -de la concertation avec le mouvement associatif, pour la définition de la demande sociale des quartiers et la hiérarchisation des préoccupations de la population ;-de l'amélioration dans l'encadrement des programmes de réhabilitation des quartiers, par des équipes pluridisciplinaires de conception et de suivi des programmes ;-de la communication permanente avec les représentants des associations de quartiers et d'un encadrement adéquat des populations à risques par des équipes pluridisciplinaires ;-de la prévention de l'échec scolaire par l'initiative en cours du soir, de programme de rattrapage pour les jeunes qui ne disposent pas de toutes les commodités pour l'évolution normale de leur scolarité ;-d'un encadrement spécifique des catégories de jeunes disposant d'aptitudes artistiques, culturelles et scientifiques à encourager au sein d'une politique promotionnelle de jeunes talents. (1)Ouvrage collectif sous la direction de Abderrahmane Mebtoul " enjeux et défis de l'Algérie 2004/2009 face aux enjeux de la mondialisation " paru à Casbah Editions Alger mai 2004 2 tomes 500 pages avec les universitaires et praticiens de l'économie Dr Chouam BOUCHAMA, Dr Mohamed TAIBI, Mohamed SABRI, Boutlelis ARAF, Youcef IKHLEF