La période 1999/2008 a été consacrée à la stabilisation politique et au retour de l'Algérie sur la scène internationale qui a été en partie réussie,encore que toute voix est écoutée durablement , en ce XXIème siècle, selon la puissance économique . Dans cet ordre d'idées, l'Etat, tout en garantissant leur indépendance, doit encourager la création d'associations afin de faire de ce cadre un instrument efficace d'encadrement de forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée dont la promotion de la femme signe de vitalité de toute société, et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans la mise en œuvre des réformes. Mais cette politique n'a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et que si les associations qui le composent ne soientt pas au service d'ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses. L'assainissement en question peut se faire sur la base d'une évaluation objective de l'ancrage réel de ces associations dans les milieux où elles sont supposées agir. Ce qui m'amène à l'urgence du redressement national passant en premier chef par la refonte de l'Etat, une gouvernance rénovée et des réformes en profondeur du système financier, socio-éducatif, du foncier et des caisses de sécurité sociale qui à terme risquent l'implosion, le tout devant favoriser l'entreprise qu'elle soit locale ou internationale pilier de la création de la richesse, car ne créant pas des emplois par des textes juridiques qui est une pratique inefficace de la mentalité rentière, ce qui risque de se passer avec les nouvelles lois proposées car ne s'attaquant pas à l'origine du blocage. III- Les éléments de changement dans le régime politique et socio-économique (6) 3.1- Le problème central est le développement Certes, toutes les crises au niveau du sommet de l'Etat, surtout depuis 1986 avec la chute de plus de 70% des recettes des hydrocarbures, montrant la nature de l'Etat rentier, nous ramènent encore et toujours au même problème : celui d'une cohabitation qui n'est plus fondée sur l'existence d'une majorité parlementaire, opposée au Président de la République et partageant avec lui la responsabilité de l'Exécutif, mais sur une majorité parlementaire alliée au même Président et représentée fortement au niveau de l'Exécutif. Le Président de la République est sans doute le détenteur principal du pouvoir exécutif. Mais, tout en étant totalement responsable de la politique qu'il mène, il n'en a pas moins les mains liées, tenu régulièrement qu'il est de négocier avec des partenaires qui peuvent du jour au lendemain se retourner contre lui. C'est pourquoi, à la responsabilité totale de l'institution présidentielle doit correspondre la détention exclusive du pouvoir exécutif. Ou alors opter clairement pour un régime parlementaire où c'est le chef de la majorité qui dirige le gouvernement en étant responsable de l'exécution de son programme devant le parlement. Alors, et seulement alors, il sera permis de dresser des bilans et de prononcer des sentences. Cependant l'amendement de l'article qui limite le nombre de mandats à deux de cinq années si l'on veut que l'actuel président puisse se représenter est certes important mais secondaire par rapport à l'essentiel d'où d'ailleurs l'importance de la voie référendaire et d'une élection loyale si l'on veut crédibiliser les institutions. Mais le plus important est de tirer les leçons afin de débloquer la situation économique et sociale caractérisée par le statut quo et l'immobilisme, en fait la panne de la réforme globale. IL s'ensuit qu'outre ces aspects qui peuvent conduire à des conflits bloquants, en attendant la reconfiguration politique, la révision constitutionnelle doit prendre en charge les mutations internes de la société dont la moralisation des institutions en prévoyant le renforcement à la fois démocratique par l'émergence d'une véritable opposition, et des organismes techniques de contrôle indépendants pour une lutte efficace et concrète contre la corruption qui tend à se généraliser, l'efficacité économique par la protection des droits de la propriété privée et également de tenir compte des engagements internationaux de l'Algérie( accord de libre-échange avec l'Europe- Omc- intégration maghrébine -Union Africaine etc..). Cela implique de tenir compte des mutations mondiales en institutionnalisant le fonctionnement de la société au sein d'une économie ouverte (consacrer l'irréversibilité de l'option de l'économie de marché concurrentielle loin de tout monopole public ou privé) se fondant sur une réelle décentralisation (régionalisation économique et non régionalisme) et non sur une déconcentration qui amplifierait le poids de la bureaucratie tant centrale que locale. En d'autres termes , la révision constitutionnelle devrait renvoyer pour une efficacité réelle à la refondation de l'Etat algérien pour plus de libertés au sens large à savoir le respect des libertés économiques, politiques, syndicales culturelles , des droits de l'homme, la protection de la femme et de l'enfance , le renforcement du dialogue des cultures (la symbiose des apports de l'orient et de l'occident ).. Cela implique une vision stratégique globale où le Politique, l'Economique, le Social et le Culturel sont inextricablement liés au sein d'un univers de plus en plus globalisé, où les grands espaces socio-économiques dominants sont basés sur l'émergence de l'entreprise compétitive dans un univers concurrentiel , compétitivité liée à la maîtrise des connaissances (le savoir) avec pour fondement la bonne gouvernance , en fait à un Etat de droit (respect des règles ) qui peut dans une première phase ne pas recouper la démocratie, étant le but suprême. La nouvelle dynamique économique et sociale, devrait permettre l'émergence de nouvelles forces sociales, de forces sociales porteuses de réformes ouvertes sur la modernité tout en préservant notre anthropologie culturelle. Aussi s'agit-il de mettre en place des mécanismes nouveaux, selon une démarche démocratique passant par une véritable décentralisation qui ne saurait signifier déconcentration. 3..2- une politique d'aménagement du territoire rénovée (7) Car l'Algérie s'étend sur 2 380 000 km2 dont 2100 000 km2 d'espace saharien. La densité paraît faible, mais les neuf dixièmes de la population sont concentrés sur les terres du nord. Sa situation géographique est stratégique: en face de l'Europe, côtoyant la Tunisie, l'Atlantique Maroc/Mauritanie, la Libye le Mali et le Niger comme point d'appui de l'Afrique sub-saharienne. Or l'objectif stratégique horizon 2010/2020 est éviter que plus de 95% de la population vivent sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l 'aménagement de l'espace. Or les constructions anarchiques avec le manque d'homogénéisation dans le mode architectural, le taux accéléré d'urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque de l'extension de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et de maux sociaux comme la drogue et la prostitution, , des routes, des infrastructures et des ouvrages d'art qui ont coûté à la collectivité nationale plusieurs dizaines de milliards de centimes inutilisables en cas d'intempéries, des routes éventrées à l'intérieur des villes où la plupart des autorités se complaisent uniquement aux axes principaux visités par les officiels, des ordures qui s'amoncèlent depuis des années à travers la majorité des quartiers périphériques , des logements que les citoyens refont surtout les seconds œuvres avec des VRD non finis , des espaces verts qui font place à du béton, la construction d'unités dangereuses et polluantes près des villes, des sites touristiques près des côtes de plusieurs centaines de lits qui déversent à la mer leurs déchets sans compter le manque d'eau pour l'hygiène, témoignent d'actions urgentes pour ralentir le rythme de la détérioration de notre environnement dont la responsabilité ne concerne pas seulement un département ministériel mais à la fois plusieurs ainsi et surtout les collectivités locales. De ce fait, l'aménagement du territoire plaçant l'homme pensant et créateur au cœur du développement doit réaliser un double objectif.-a-une société plus équilibrée, plus participative et solidaire,-b- la croissance au service de l'emploi. L'aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu'elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l'espace où elles sont installées. Il ne s'agira pas d'opposer le rural à l'urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d'organiser leur solidarité à travers des réseaux rénovés qui tiennent compte des mutations, tant internes que de l'économie mondialisée en favorisant une armature aubaine souple à travers les réseaux par la fluidité des échanges, la circulation des hommes, des biens, les infrastructures et les réseaux de communication. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous-systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions, évitant le gigantisme. Elle devra forcément se situer dans le cadre d'une stratégie plus globale. Cela doit inclure la protection de l'environnement, impliquant une nouvelle révolution technologique et donc un nouveau modèle énergétique pour un développement durable qui protège les générations futures, pour éviter la destruction dans un avenir proche de notre planète, et qui avec l'eau (cet or bleu) seront l'enjeu du XXIème siècle. Cette action devra s'inscrire dans le cadre de l'espace méditerranéen qui est l'espace naturel de l'Algérie afin de protéger la méditerranée qui est une des mers les plus polluées à travers le plan bleu, pour tenir compte du monde interdépendant (Alena, Apec, Europe) en mouvement, devant favoriser l'inter- culturalité, noyau des échanges économiques et éviter cette bipolarisation Nord-Sud préjudiciable à l'avenir de l'humanité (plus de 6,5 milliards d'âmes actuellement). Aussi, si la politique méditerranéenne est une évidence, s'agit il pour les riverains sud sahariens d'imaginer ensemble des zones tampons de prospérité et non voir ces zones sous des angles négatifs, ce qui accroît les tensions comme en témoigne cet exode massif des africains et maghrébins vers l'Europe, alors que la solution passe par le co-développement (8) 3.3-. Une décentralisation réelle au niveau des communes Une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s'impose. Cellule de base par excellence, la wilaya et la commune algérienne sont actuellement régies par des textes qui ne sont plus d'actualité, autrement frappés de caducité d'où l'urgence de leurs révisions. Après la "commune providence " du tout Etat, l'heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l'ingénierie territoriale. C'est dans ce contexte que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l'amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d'un espace. C'est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l'accueil des entreprises et de l'investissement. Le double objectif recherché serait la création de ressources fiscales et la promotion de l'emploi de proximité. Ces actions doivent s'opérer, parallèlement avec la refonte tant des codes de wilayas que des codes communaux ainsi que des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique de la commune aurait une portée limitée. Avec le nouveau système politique de décentralisation , qui devra être consacré dans la nouvelle Constitution, la commune devra par ailleurs et naturellement se constituer en centre d'apprentissage de la démocratie de proximité qui la tiendra comptable de l'accomplissement de ses missions. La commune doit se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables de l'aménagement du développement et du marketing de son territoire. Abderrahmane MEBTOUL Expert international