par Fouzia Belkichi Moins d'une semaine avant l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, les autorités chinoises n'ont plus qu'à se fier à elles-mêmes pour que le succès de l'événement vienne conforter, comme elles l'espèrent, leur image. Tout est prêt. Les travaux pharaoniques sont terminés largement dans les temps. Plus de soixante milliards de dollars ont été dépensés. La capitale, nettoyée et modernisée, n'attend plus que le coup d'envoi de la compétition. Après la Grande Muraille et le barrage des Trois Gorges, la Chine confirme ainsi pleinement sa capacité à mobiliser ses ressources massives au service de grands projets d'infrastructure. Invités à apprendre des rudiments d'anglais, à ne pas cracher ou jeter des papiers gras dans les rues, les Pékinois ont été mis à contribution. Pour la population chinoise dans son ensemble, ces Jeux Olympiques sont une grande fierté, l'occasion de prouver au monde, et de se prouver à elle-même, que le pays le plus peuplé de la planète a réussi à se hisser au rang des grandes puissances occidentales. Malgré les progrès accomplis, la pollution de l'air reste une menace, mais les nuages politiques qui s'étaient accumulés au printemps se sont dissipés. Les principaux dirigeants occidentaux seront au rendez-vous, le 8 août, pour la cérémonie d'ouverture. George W. Bush, Yasuo Fukuda le premier ministre japonais et Nicolas Sarkozy ont annoncé leur venue. Au cours des mois qui ont précédé, les autorités de la République populaire ont pu prendre la mesure du défi que constitue l'organisation d'un rendez-vous mondial aussi médiatisé. L'attention qui s'est focalisée dans le monde sur les droits de l'homme au Tibet a été considérée par Pékin comme un complot visant à priver la Chine de la reconnaissance qui lui est due. En critiquant son système politique, les Occidentaux refuseraient de saluer l'immense succès que remporte la Chine depuis qu'elle s'est mise, il y a trente ans, à rattraper les pays les plus développés. Il faut comprendre ce sentiment d'injustice et la crispation occidentale, souvent entretenue par les médias, est injustifiée. Elle s'est, heureusement, éloignée avec l'apaisement au Tibet. Il ne faudrait pas qu'elle ressurgisse si de nouvelles critiques étaient formulées. Dans quelques jours, les Jeux Olympiques seront avant tout un événement sportif. Mais chacun sait que ce sera aussi l'occasion d'apprécier la façon dont une Chine en pleine renaissance trouve sa place sur la scène internationale. Les Jeux ne changeront pas le système politique chinois. Ils ne modifieront pas non plus les attentes occidentales d'une ouverture et d'une démocratisation d'un pays qui se présente déjà comme un modèle de développement remarquablement efficace et en marche vers une politique d'ouverture au rythme local. Les Jeux olympiques de Pékin seront un succès s'ils réussissent à satisfaire à la fois le besoin de reconnaissance de la Chine et les valeurs universelles de l'olympisme.