Les forces du gouvernement somalien, appuyées par des soldats éthiopiens, se sont emparées du dernier bastion des milices islamistes en fuite à la frontière avec le nord du Kenya, a annoncé samedi le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Dinari. "Le gouvernement a pris le contrôle du dernier bastion islamiste, Ras Kamboni, hier soir après des combats le matin même", a-t-il déclaré, faisant référence à un village côtier situé près de la frontière kenyane, où l'on soupçonnait de nombreux islamistes de s'être cachés. La plupart des terroristes recherchés sont morts ou ont pris la fuite. Ils se cachent dans les forêts (...). Les forces gouvernementales les traquent encore. "Nous n'arrêterons notre traque une fois que nous serons sûrs de les avoir totalement éliminés", a ajouté le porte-parole du gouvernement fédéral de transition (GFT). La péninsule de Ras Kamboni, au sud du port de Kismayo, est entourée de forêts et de mangroves où il est facile de se dissimuler. Elle est proche de la frontière kenyane. Depuis fin décembre-début janvier, les troupes éthiopiennes et gouvernementales somaliennes ont mis en déroute les islamistes qui contrôlaient la majeure partie du sud et du centre de la Somalie. Ces derniers se cacheraient désormais dans l'extrême sud du pays. Dans le même temps, des centaines de soldats éthiopiens ont entamé une fouille intense des habitations situées près de leur camp à Mogadiscio à la recherche d'armes, afin de sécuriser leur base et l'aéroport international de la capitale somalienne, ont rapporté des témoins. "Les troupes éthiopiennes font du porte-à-porte et ils cherchent des armes et des combattants islamistes", a indiqué Abdi Ibrahim, commerçant du quartier Bullohabey (sud) de Mogadiscio. "Ils ont arrêté trois personnes appartenant (à la tribu éthiopienne) Oromo qui vivaient là. Les troupes ont également restreint nos déplacements", a-t-il précisé. Mais selon plusieurs habitants, de nombreux résidents ont déjà pris leur précaution et enterré leurs armes. "La majorité des gens ont enterré leurs armes et c'est très difficile pour eux (les soldats éthiopiens) de les récupérer", a affirmé Daud Hassan, un autre habitant de Bullohabey. Depuis le 28 décembre - date de la prise de contrôle de Mogadiscio par l'armée éthiopienne et les forces somaliennes après la fuite des islamistes -, au total une douzaine de personnes ont été tuées dans des incidents armés dans la capitale somalienne, où l'insécurité persiste. Cette opération de fouille intervient au lendemain de la conclusion d'un premier accord important vendredi à Mogadiscio entre le gouvernement somalien et les principaux chefs de guerre qui ont accepté de rendre leurs armes et d'intégrer leurs hommes au sein des forces de sécurité, 15 jours après la fuite des islamistes. Selon l'ONG britannique Oxfam, les attaques aériennes lancées contre les islamistes en fuite et leurs alliés "djihadistes" cachés dans le sud de la Somalie ont fait des victimes civiles, dont 70 bergers nomades tués par erreur. Washington et Addis-Abeba ont nié s'en prendre aux populations civiles. Vendredi, les chefs de guerre somaliens ont accepté de fondre leurs combattants au sein d'une nouvelle armée nationale pour mettre fin à l'anarchie qui prévaut dans cette ancienne colonie italienne de la Corne de l'Afrique depuis le renversement en 1991 du régime autocratique du général-président Mohamed Siad Barré.