Les routes algériennes font chaque jour plus peur. Trop de victimes, trop de sang sur nos axes routiers, c'est le constat amer que les usagers ne cessent de faire chaque jour que Dieu fait. Le week-end qui vient de s'achever a été encore meurtrier. A l'ouest et à l'est du pays, la route a encore fait parler d'elle.En effet, un émouvant et effrayant accident s'est produit jeudi en fin de matinée sur la RN4 au lieu-dit Gouacem, près de la localité de Oggaz dans la wilaya de Mascara. Ce sinistre s'est produit à la suite d'une collision entre une fourgonnette de transport public se dirigeant de Sig vers Zahana, et un bus de transport de voyageurs assurant la liaison Oran- Takhemaret-Frenda. Le bilan des victimes est lourd. Les éléments de la protection civile ont dénombré 25 personnes décédées sur les lieux et au cours de leur évacuation vers les différentes infrastructures sanitaires de la région, et 37 autres blessées dont sept dans un état grave transférées vers le CHU d'Oran. Selon les premiers éléments du constat émis par le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de Mascara, les causes de ce drame sont imputées au chauffeur du bus venant d'Oran qui aurait effectué un dépassement dangereux. Les autorités de la wilaya de Mascara en mis en place une cellule de crise pour répondre aux familles des victimes. A l'est du pays, un autre drame a eu lieu sur la RN5 à la sortie ouest du village de El-Achir dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Un véhicule léger sorti d'un cortège nuptial, est entré de plein fouet dans un véhicule lourd venant en sens inverse. Le bilan est de 4 morts et une dizaine de blessés en majorité les fêtards accompagnant la mariée vers la ville de Mansourah. La Protection civile et la Gendarmerie nationale se sont déployées sur les lieux durant plus de quatre heures pour rétablir la circulation dans les deux sens (Alger-Constantine). Le déploiement sur nos routes des deux corps de sécurité (Gendarmerie nationale-Sûreté nationale) pour arrêter ce fléau, n'est toujours pas respecté par les conducteurs. Les accidents de la route font encore plus de morts, surtout en cette période de grandes vacances. Le récent bilan communiqué par le commandement général de la Gendarmerie nationale, fait état de la mort de 65 personnes et de 1 104 autres blessés dans 593 accidents de la route à travers le territoire national durant la période s'étalant du 30 juillet au 5 août. Selon le CNPRS (Centre national de prévention et sécurité routière), un total de 1 968 personnes ont été tuées, et 29.000 autres ont été blessées dans des accidents de la route durant le premier semestre 2008.Le constat est fait, et au fil des statistiques, études et analyses, les causes des accidents de la route relevées au quotidien par le commandement général de la Gendarmerie nationale sont connues. Traditionnellement, elles se résument en cinq facteurs : la perte de contrôle du véhicule, l'excès de vitesse, la négligence des piétons, les dépassements dangereux, le non-respect de la distance de sécurité, viennent ensuite l'état mécanique des véhicules, les défaillances humaines. Si aucune mesure novatrice de sécurité routière n'est entreprise dans l'immédiat, les chiffres continueront à augmenter. La question qui s'impose est à qui incombe la responsabilité de cette situation ? Les doigts accusateurs se pointent sur les chauffeurs. Les accidents les plus meurtriers sont causés par la collision entre véhicules causée par des dépassements dangereux.Durant ces dernières années les actions de contrôle et de prévention des pouvoirs publics sont multipliées. L'Etat s'est engagé à remédier à l'état défectueux de plusieurs tronçons de route avec principalement, la construction de l'autoroute Est-Ouest, la rocade des Hauts-Plateaux, la correction de l'état physique des chemins de wilayas et communaux, le lancement de divers chantiers de réaménagement caractérisés par le doublement des voies, carrefours, suppression de milliers de points noirs, etc., et ce dans le but de faire baisser significativement le nombre d'accidents mortels. Le ministère des Travaux publics a consenti durant ces dernières années des efforts colossaux pour lutter contre les accidents de la route… en vain. Les algériens sont pratiquement imperméables aux campagnes de sensibilisation et de prévention contre les risques des sinistres de la route. Ils ont, face au contrôle, des attitudes incompréhensibles. Aussi, l'automobile est un symbole de liberté, elle ne doit pas devenir un instrument de la mort. Pour prendre la mesure de l'insécurité routière, il faut passer par les chiffres communiqués par le commandement général de la Gendarmerie nationale et qui sont à chaque fois rappelés. Ils ne rendront jamais compte de la douleur des familles, des destins brisés, de l'horreur quotidienne qui représentent les accidents de la route. Cette hécatombe est d'autant plus insupportable qu'elle frappe d'abord les jeunes. La route est la première cause de mortalité entre 20 et 30 ans.Les pouvoirs publics ne cessent de mettre en relief la régularité effrayante des statistiques, et se refusent d'accepter que la route reste, au milieu de la civilisation, un îlot de barbarie et d'inconscience. Il n' y a aucune fatalité à ce que tant d'Algériens périssent sur les routes, à ce que chaque saison estivale ou chaque cortège nuptial soit marqué par autant d'accidents. C'est parce qu'il faut refuser le fatalisme et la banalisation qu'il est urgent d'engager une mobilisation des pouvoirs publics et de toute la société civile pour donner un véritable coup d'arrêt à la violence des routes. La mobilisation et la détermination des pouvoirs publics restent entières. Faire disparaître le sentiment d'impunité par des contrôles réguliers et des sanctions efficaces, édicter des règles claires et comprises par tous, organiser une formation de qualité, informer et sensibiliser par des campagnes répétées, améliorer la sécurité des véhicules et des infrastructures routières, sur tous ces points, les marges de progrès de l'Algérie sont encore très importantes. Il y a lieu de rappeler, dans ce sens, que la lutte contre la délinquance routière constitue, depuis très longtemps, un axe fort de la politique pénale du ministère de la Justice. Ainsi, plusieurs textes législatifs ont été adoptés afin de renforcer la répression en matière de circulation routière. Ces textes ont modifié de manière significative les dispositions applicables en matière d'infractions au code de la route. Ils ont permis d'une part de punir plus sévèrement les comportements dangereux de certains conducteurs et d'autre part de diversifier les réponses pénales.