Après avoir tendu la carotte, les pouvoirs publics semblent déterminés à brandir le gourdin. 1600 personnes ont trouvé la mort dans 11.336 accidents de la route, selon un communiqué des services de la Gendarmerie nationale. Un bilan qui, malheureusement, est provisoire. Il ne concerne que les six premiers mois de l'année 2008. Il n'empêche qu'il est déjà inquiétant, voire angoissant, étant donné qu'il faut le revoir à la hausse. «Les chiffres livrés par la Gendarmerie nationale ne tiennent pas compte du bilan enregistré par les services de sécurité chargés de la circulation routière», a déclaré, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale, M.Tahar Messaoud Nacer, sous-directeur de la circulation routière au ministère des Transports. Tirer la sonnette d'alarme? Cela est déjà trop tard. Les routes algériennes tuent. Elles continueront à tuer encore! Chaque jour, chaque semaine, chaque mois, des communiqués tombent. Des décomptes macabres. Des drames s'ajoutent aux drames. La machine est infernale. Le bitume algérien s'abreuve du sang de ses fils. Une tragédie. «Les chiffres sont en augmentation en dépit du port obligatoire de la ceinture de sécurité. Elle peut réduire de 30% les pertes en vies humaines», a fait remarquer l'invité de la Chaîne III. Quelles sont alors les causes de cette hécatombe? «L'excès de vitesse et la violence des chocs», a-t-il poursuivi. La problématique tourne autour du non-respect du Code de la route et de la limitation de vitesse. L'été, la période des vacances sont autant de facteurs qui contribuent à l'augmentation de la densité des véhicules, surtout pendant les week-ends. Un tiers des accidents sont constatés durant la saison estivale. «30% des blessés et des tués sont enregistrés durant le troisième trimestre de l'année», a souligné le sous-directeur chargé de la sécurité routière au ministère des Transports. Selon M.Messaoud Nacer, les accidents auraient été moins nombreux en 2007 pour la même période, mais ils ont été plus mortels. Le nombre de blessés constaté est, lui aussi, en augmentation. Plan Bleu, Plan Delphine, rien n'y fit. Le facteur humain est pointé du doigt. «Les limitations de vitesse ne sont respectées ni à l'entrée ni à la sortie des agglomérations, et encore moins à l'intérieur du tissu urbain où la vitesse est pourtant limitée à 50 km/h», a relevé l'invité de la Chaîne III. A-t-on, pour autant, identifié tous les facteurs qui concourent à cette situation tragique? «L'origine n'est jamais celle que l'on croit», lâche M.Messaoud Nacer. La causalité est multiple, fait-il remarquer. «Il faut agir sur les infrastructures routières qui sont défectueuses et souvent pas aux normes», propose l'invité de la Chaîne III. Cela suffira-t-il pour arrêter cette «effusion de sang»? «Non, bien entendu. Il faut augmenter la ressource humaine et mettre suffisamment d'équipements, multiplier le nombre de radars pour lutter efficacement contre ce phénomène», préconise M.Messaoud Nacer. Cette délinquance routière doit-elle être réprimée par de la prison? Le responsable de la circulation routière au ministère des Transports, sans fermer la porte à l'information et la sensibilisation, est catégorique: «Je plaide pour cette sanction!» Une réglementation dans le cadre de la législation doit être mise en place en concertation avec les autorités concernées. «Il appartient aux services compétents de prendre les mesures nécessaires», a ajouté, en substance, M.Messaoud Nacer. «Quand on appuie sur la pédale de l'accélérateur, on commet un acte volontaire qui provoque la mort», aurait dû préciser l'invité de la Chaîne III. Son appel à sévèrement sanctionner les coupables, sera-t-il entendu par les pouvoirs publics? L'électrochoc a été provoqué par l'accident meurtrier de Oued Rhiou qui a fait 10 victimes. Le véhicule de transport de voyageurs était en surcharge. Il transportait 39 personnes au lieu de 16 autorisées. «On ne peut échapper au risque lorsque l'on transgresse les lois de la physique», a fait justement remarquer M.Messaoud Nacer.