Les troupes géorgiennes encerclent la capitale de l'Ossétie du Sud après avoir lancé une offensive de grande envergure dans la région séparatiste, conduisant Moscou à lancer un appel à la communauté internationale pour empêcher un "bain de sang". Les forces gouvernementales sont entrées en Ossétie du Sud, qui a fait sécession avec la Géorgie il y a plus de 15 ans, après la rupture d'un cessez-le-feu qui n'aura duré que quelques heures à la veille de pourparlers censés se tenir vendredi. Selon des agences de presse russes, les forces géorgiennes ont lancé un assaut au moyen de blindés contre la ville et un correspondant de la télévision russe a fait état d'au moins 15 personnes tuées dans les bombardements de l'armée. Les séparatistes se sont dits déterminés à repousser l'offensive des forces géorgiennes et ont affirmé ne pas avoir besoin du soutien de leur principal allié, la Russie. Signe d'un élargissement de la confrontation, des centaines de volontaires venus de Russie et de l'autre région séparatiste géorgienne, l'Abkhazie, ont pris la direction de l'Ossétie du Sud afin de prêter main forte aux combattants séparatistes, ont rapporté des agences de presse russes. A New York, les membres du Conseil de sécurité de l'Onu ont accepté, à la demande de la Russie, de se réunir jeudi dans la nuit, pour évoquer la situation. Dans un communiqué diffusé dans la nuit, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux violences. "Il n'est pas trop tard pour empêcher un énorme bain de sang et de nouvelles victimes", a-t-il dit dans un communiqué. "La Russie va poursuivre ses efforts pour empêcher un bain de sang et ramener la paix en Ossétie du Sud". "Nous espérons que nos partenaires étrangers ne resteront pas impartiaux dans ce moment difficile où le sort de centaines de milliers de personnes est en jeu", poursuit le communiqué. "Les autorités géorgiennes devraient (...) retrouver des manières civilisées de résoudre des problèmes compliqués". "Tskhinvali est encerclée par les forces géorgiennes", a déclaré à Reuters le ministre géorgien de la Réintégration, Temour Iakobachvili, ajoutant que les forces géorgiennes avaient pris le contrôle de cinq villages ossètes. Dans la nuit, des explosions rouges et bleus ont illuminé le ciel, les forces géorgiennes semblant utiliser des roquettes Katioucha. Jeudi, pourtant, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili avait proposé lors d'une allocution télévisée un cessez-le-feu immédiat et l'ouverture d'un dialogue, après une semaine d'affrontements qui ont fait près de 20 morts. Des représentants des deux camps devaient se rencontrer vendredi dans la base de la mission russe de maintien de la paix à Tskhinvali. Mais la Géorgie a ensuite accusé les séparatistes d'avoir bombardé des villages et lancé une opération militaire de grande envergure. "Nous sommes obligés de rétablir l'ordre constitutionnel dans l'ensemble de la région", a déclaré Mamouka Kourachvili, le commandant des forces de maintien de la paix géorgiennes en Ossétie du Sud. "Je confirme qu'il y a au moins 15 morts", a déclaré un correspondant de la télévision russe, Andreï Chistiako, qui se trouve à Tskhinvali. "Ce sont des gens dont les corps ont été retrouvés dans leur jardin ou dans les rues", a-t-il dit. Selon l'agence Interfax, les forces géorgiennes ont lancé à 3h30 du matin (23H30 GMT vendredi) une offensive au moyen de blindés contre le sud de Tskhinvali, située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale géorgienne Tbilissi. Le dirigeant de la région séparatiste, Edouard Kokoïti avait auparavant déclaré que les forces géorgiennes avaient échoué dans leur première tentative de prendre le contrôle de la ville et il avait affirmé que les forces géorgiennes subiraient une humiliation. Les accrochages des derniers jours ont fait craindre une guerre à l'échelle de la région qui est une zone importante de transit pétrolier. Le haut représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, s'est entretenu au téléphone avec le président Saakachvili. "Solana a exprimé sa forte préoccupation concernant la situation en Ossétie du Sud et a demandé que tous les efforts soient faits pour mettre rapidement fin aux violences et reprendre des discussions pacifiques entre les différentes parties", déclaré l'Union européenne dans un communiqué.