par Fouzia Belkichi A l'heure des JO, regards sur la culture d'un pays qui connaît l'Occident mieux qu'il ne la connaisse. Rappelons d'abord une évidence que masque souvent l'actualité, avec laquelle jouent parfois les médias, les ONG et certains politiciens occidentaux qui tiennent à conserver leurs privilèges : la Chine est certes vaste, multiple, choquante parfois, surprenante souvent, difficilement déchiffrable pour celui qui la regarde sans pénétrer sa langue et son territoire, mais elle est aussi, surtout et tout simplement, le fruit d'une très vieille civilisation humaine, où les hommes se sont posé et se posent encore les mêmes questions que partout ailleurs sur la planète. Les Chinois - l'homme est inventif - ont apporté d'autres réponses; ils ont, c'est vrai, développé des voies parfois très différentes de celles de l'Occident. Mais pour peu qu'on tente de les comprendre - et c'est ce que nous avons essayé d'esquisser - elles n'ont rien d'inaccessible, si on veut bien se donner la peine de les observer tranquillement, sans se laisser fasciner par des fantasmes attisés par l'ignorance. En d'autres termes, et pour singer un économiste anglais, rien de ce qui est chinois ne devrait nous être tout à fait étranger. Il n'y a pas une Chine immuable, il y a des Chines aussi diverses que possible les unes des autres. C'est notamment ce que montrent les voix de la littérature contemporaine chinoise qui connaît un formidable foisonnement. Elle décrit un incroyable bouillon culturel - marxiste, capitaliste, occidental, antique - même si des zones taboues demeurent. En littérature, comme ailleurs, en économie, en industrie et bien d'autres secteurs d'activités humaines, la Chine fascine. Reste que des voix puissantes et libres sont lues et publiées en Chine. Au chapitre des fantasmes, la Chine n'est pas en reste face à l'Occident. Son déploiement de puissance à l'occasion des Jeux, sa manière de s'approprier cet évènement, montre aussi que les blessures ouvertes par la découverte de la supériorité stratégique et technique de l'Europe coloniale au XIXe siècle ne sont pas tout à fait refermées. Mais, depuis, la Chine a travaillé intensément à connaître le reste du monde. Et il faut le rappeler aussi souvent que possible, elle nous connaît mieux que nous ne la connaissons. D'Algérie où nous apprenons à la considérer au reste de la planète où les esprits s'ouvrent aux adeptes de Confucius. Abreuvé de spectacles de variétés patriotiques, le peuple en redemande. Depuis le temps que les Chinois martèlent que ces Jeux seront l'apothéose de la renaissance de la nation chinoise, le spectacle promettait une leçon dans l'expression de la puissance retrouvée. D'autant que le maître d'œuvre, Zhang Yimou, s'est spécialisé dans les spectacles à la gloire de la Chine et son passé. Une première salve de pétards galvanise la foule qui exulte lorsqu'entrent en scène les tambours antiques, le prélude martial indispensable à la réussite du show. Avec le décompte des dernières secondes, la foule reprend en chœur, des bras se lèvent en signe de victoire. Le jour même, le journal Les Nouvelles de Pékin évoque les «5000 ans» de tradition hospitalière des Chinois envers les «précieux invités». D'autant que le premier tableau évoquant la «grande histoire de la culture chinoise» s'ouvre avec des milliers de scribes de blanc vêtus incarnant l'invention de l'écriture, puis son uniformisation. Leurs cris évoquent ces masses au service des rois, puis des empereurs qu'a si bien su mettre en scène Zhang Yimou depuis son film Héros sur le premier empereur de Chine, Qin Shihuang. «Allez la Chine, allez la Chine!» hurlent des voix.Pour le reste, le monde est resté bouche-bée…Sans commentaire.