par Fouzia Belkichi Sa couronne n'était déjà plus vissée sur sa tête, mais il s'est déplacé à Pékin avec sa cour: ses cordeur et physiothérapeute personnels, son préparateur physique et son intendant. Sans oublier sa douce et tendre «Mirka», une mère plus qu'une petite amie, qui rappelle son «Rodg» à l'ordre quand il s'attarde auprès des journalistes et qu'arrive l'heure du souper. Avec eux, ou avec leur consentement, il a choisi de se murer dans un hôtel cinq étoiles plutôt que d'habiter le village olympique. Apparemment trop ringard pour le numéro 1 mondial. Jamais Roger Federer, No 1 mondial pour moins de quelques heures encore, n'avait été aussi bien entouré. C'est en ce jour du 18 Août que la couronne changera de tête pour aller se nicher sur celle de l'Espagnol Rafa Nadal. Un peu plus de quatre ans, la couronne mondiale s'était figée sur la toute placide et si docile tête du Suisse. Roger Federer, avouons le, a séduit toute la planète par son tennis de marque. Un jeu de classe et de charme. Prestance et rigueur du geste. Le sang froid et le calme olympien en sont ses attributs essentiels. Pendant de longues années il a séduit les fans du tennis sur les cinq continents. Pendant de très longues années, il a dominé le tennis mondial des épaules et de la tête. Personne ne résistait à l'aura de l'enfant prodige helvétique. Ses adversaires restaient sans réaction face aux coups droits meurtriers, aux revers millimétrés et ses services assassins. De tournoi en tournoi, il balayait tout sur son passage et ramassait à tour de bras les prix et les titres mais aussi la gloire. A tel point qu'il entra dans la légende et il n'en sortira pas de sitôt. Désormais, Roger Federer restera et demeurera celui qui a marqué son temps mais aussi son siècle.Aujourd'hui pourtant, il est seul avec ses doutes, qu'une médaille en double au tournoi des J.O de Pékin, même en or, ne saurait effacer. Fallait-il au moins que quelqu'un rappelle au roi de la petite balle qu'il y a une fin à tout. L'arrivée de nouveaux prétendants au titre suprême, des hommes jeunes, forts et vigoureux, armés d'une volonté féroce et de longues dents, aurait dû rappeler à Roger que la fin est là. Comme le veut, d'ailleurs, la tradition de la compétition et la vie en général. Qu'est-ce qui cloche? Le Bâlois ne le dira jamais, préférant se cacher derrière les mêmes excuses, tournoi après tournoi, désillusion après désillusion. «A cause de ma maladie, mon début d'année a été tronqué», «Ma saison n'est pas mauvaise, je peux encore la sauver», «J'ai perdu des matches que j'aurais dû gagner» etc., etc... A peine avoue-t-il que sa défaite à Wimbledon, le jardin où il s'est révélé, l'a passablement meurtri. Pourquoi se voiler la face? Ce n'est pas renier le palmarès de Federer qu'écrire qu'il a perdu beaucoup de sa majesté. Intelligent, bien éduqué et profondément gentil, Federer ne manque jamais de souligner les mérites de son bourreau en conférence de presse. Une humilité de façade, puisque le roi déchu se refuse à se remettre lui-même en question...Humilité de façade.