"Si vous avez besoin d'une nourrice ou d'une baby-sitter pour veiller sur vos enfants pendant votre absence, n'hésitez pas à nous contacter..." Ce genre d'annonces est aujourd'hui chose courante dans les journaux paraissant à Oran. De nombreuses femmes ont trouvé dans le baby-sitting, une activité qui suscite l'intérêt croissant des familles, dont les chefs sont contraints de s'absenter de temps à autre.Ce métier a fait son intrusion dans la deuxième ville du pays seulement ces dernières années, surtout pendant l'été, une période de vacances qui pousse de nombreuses familles à solliciter les services de ces "nounous", pour veiller sur les enfants pendant l'absence des parents. Cet intérêt a poussé de jeunes femmes ayant reçu une formation de puéricultrice dans les centres de formation professionnelle ou au département de psychologie de l'Université, à insérer des offres de service dans les colonnes des journaux au prix de 1.000 DA par insertion, en moyenne. Mieux, certaines jeunes filles n'hésitent plus à placarder un peu partout ces annonces: dans les pharmacies, les garderies d'enfants, les salons de coiffure, les salles des fêtes, les cybercafés, même les hammams, et dans tous les endroits censés accueillir une clientèle potentielle, constituée généralement de femmes actives, issues de toutes les couches de la population. Les jeunes Oranaises ont pris conscience de cette activité alors qu'il y a quelques années à peine, elle était considérée non seulement comme faisant partie des pratiques "occidentales" à éviter, mais aussi parce qu'elle a ses contraintes telle que l'obligation, dans la plupart des cas, de garder les enfants au sein même de la famille faute d'espace particulier pour les accueillir. Une pédopsychologue estime que le baby-sitting nécessite de la patience et beaucoup d'amour pour les enfants car tout enfant "a besoin d'un maximum d'attention, bien plus que de soins corporels". "Cela nécessite une présence psychologique et éducative aux côtés de l'enfant. C'est pourquoi la nourrice doit faire preuve d'un sens aigu de compréhension à l'égard de l'enfant et de ses attentes pour assurer son apprentissage et son équilibre psychologique", a indiqué cette spécialiste, une façon de marquer la différence avec la classique "Nounou". Djamila, 30 ans, qui travaille chez elle comme baby-sitter depuis deux années, pense qu'il est inutile de continuer à se demander si cette louable activité est importée de l'occident ou pas. Pour elle, "la différence réside dans l'appellation car aussi bien la nourrice que la baby-sitter remplissent la même mission, celle de veiller sur les enfants à tous points de vue". Le noble métier est enseigné mais pas encore codifié Il faut rappeler que la nomenclature 2007 du ministère de la Formation professionnelle et d'apprentissage comprend une nouvelle spécialité, "l'assistance à la mère", aujourd'hui enseignée dans un centre à Oran, et qui suscite l'intérêt d'un grand nombre de jeunes filles intéressées par la garde d'enfants âgés de 0 à 5 années. "Cette spécialité, qui peut être assimilée à une formation aux techniques du baby-sitting exige de la stagiaire une parfaite connaissance de la législation qui régit la famille pour mener à bien sa mission", assure une formatrice. Ce métier, qui a évolué timidement ces dernières années, connaît une expansion ,notamment parmi les étudiantes et les femmes sans emploi qui y trouvent un moyen honnête de gagner leur vie, a souligné une sociologue, en relevant que ce boom a coïncidé avec l'apparition, sur la scène du travail, de femmes d'affaires, managers d'entreprises. La spécialiste note aussi que "la détérioration des prestations fournies par certaines garderies et autres crèches et leur nombre réduit a créé une demande vite comblée par le baby-sitting". Cette activité, qui constitue une nouveauté pour la société algérienne, n'est cependant pas encore régie, à l'instar des nouveaux métiers, par une législation qui impose une couverture sociale ou fixe des seuils de rémunération. Un chercheur auteur d'une étude sur le travail considère le baby-sitting comme une activité libre et non déclarée à l'instar de la couture, du tissage ou du ménage, qui attirent un grand nombre de femmes sans emploi. Dans ce contexte, un responsable de l'inspection du travail à Oran précise que la législation n'a pas prévu de dispositions régissant les activités classées comme "nouvelles" à l'instar du baby-sitting. "Elles sont régies par les lois qui fixent les relations de travail et nos services peuvent être sollicités dans le cas d'un conflit opposant le travailleur (la baby-sitter) à son employeur, la famille qui a recours à ses services", a-t-il indiqué. Les tarifs fixés pour des prestations de baby-sitting varient d'une jeune femme à une autre. Si certaines fixent la prestation à 200 voire 300 Dinars par heure et par enfant, d'autres préfèrent une rétribution mensuelle oscillant entre 2.500 à 3.000 DA par famille pour une garde ne dépassant pas généralement les deux heures par jour, selon la demande des clients. Si certaines familles considèrent ces tarifs élevés et que l'activité a besoin d'organisation, certaines baby-sitters pensent qu'elles jouent ont leur utilité et qu'elles méritent d'être rémunérées en conséquence. Le succès que connaît cette nouvelle activité n'a pas empêché certains d'appeler à la prudence. Une puéricultrice, employée dans un jardin d'enfants, conseille ainsi aux familles de s'adresser plutôt aux services de garderies car, à son avis, recourir aux services de gardiennes occasionnelles choisies au hasard d'annonces dans la presse, n'est pas la solution et présente des risques pour l'épanouissement affectif et l'équilibre psychique de l'enfant".