La conférence mondiale sur la sécurité alimentaire s'ouvrira mardi 3 juin à Rome en Italie sous la houlette de l'Organisation de l'alimentation et de l'agriculture des Nations unies (FAO). Un sommet qui sera essentiellement consacré à la lutte contre la faim et la malnutrition dans le contexte actuel de hausse des prix des denrées alimentaires, de rareté des ressources, de bouleversements dus au changement climatique, de besoins accrus en énergie et d'accroissement démographique. La FAO n'a pas attendu cette perspective pour lancer un appel pour revitaliser l'agriculture afin de pouvoir faire face à la crise alimentaire mondiale. Les gouvernements du monde entier doivent appliquer avec urgence les politiques publiques comme l'élargissement des zones de culture pour renforcer la production des céréales et l'assurance de la distribution directe de l'alimentation afin de protéger la population qui a la plus forte demande, a indiqué la FAO dans un document publié par son bureau à Mexico vendredi dernier. La FAO, qui n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme sur l'imminence d'un danger planétaire ayant d'ores et déjà suscité ce que l'on a appelé les émeutes de la faim dans de nombreux pays de la planète, estime que la crise alimentaire peut être, tout de même, résolue en trois volets. Le premier est d'envoyer l'aide d'urgence aux pays les plus pauvres qui en ont le plus besoin ; le deuxième est que les pays doivent repenser l'agriculture comme leur plus importante priorité parmi les activités productives ; le troisième est des renforcer les communautés rurales afin de revitaliser l'agriculture dans chaque pays. L'Algérie est-elle à l'abri de cette crise mondiale ? Certes non. Un pays fortement tributaire des importations pour la satisfaction de ses besoins alimentaires ne peut être totalement à l'abri des turbulences internationales. La production nationale ne couvre que 54% des besoins en céréales et 57% des besoins en lait frais. Une dépendance qui entraîne indéniablement un alourdissement de la facture des importations alimentaires. L'envolée des cours des produits alimentaires sur le marché mondial a provoqué une majoration de cette facture de 28,8% en 2007, soit une facture de 4,8 milliards de dollars. Une majoration qui pourrait atteindre le seuil alarmant de 7 milliards de dollars à l'horizon 2010. L'Algérie a, faut-il le relever, eu le mérite d'anticiper la crise actuelle en constituant dès l'année 2007 un stock stratégique important de céréales, par l'acquisition à des prix avantageux sur les marchés extérieurs de 2,8 millions de tonnes de blé tendre et de 1,2 million de blé dur. Des prévisions qui mettraient les Algériens à l'abri et sécuriseraient leur approvisionnement en blé au moins jusqu'au mois d'octobre prochain. Sue cela se greffe la politique de protection du pouvoir d'achat pratiquée depuis l'indépendance et qui se traduit par les subventions étatiques aux matières premières. Forte de ses recettes pétrolières et de l'aisance financière que lui confèrent les prix élevés des cours du pétrole, l'Algérie subventionne et soutient de nombreux produits de large consommation notamment le blé et le lait. La facture annuelle globale consentie pour l'acquisition de ces produits importés frôle les 160 milliards DA, soit un peu plus que 2,5 milliards de dollars. Rien qu'en 2007 le gouvernement a dépensé 55 milliards DA pour stabiliser les prix de la farine et 90 milliards DA pour subventionner la semoule afin que les minoteries puissent vendre leur produit à des prix accessibles aux consommateurs. Cette politique de soutien des prix permet indéniablement d'améliorer l'accès pour la majorité des Algériens à la nourriture en maintenant le prix du sachet de lait à 25 DA, celui de la baguette à 8,5 DA et celui du quintal de semoule à 4 000 DA, et cela quelle que soit l'évolution des cours au niveau international. Dans la même optique, l'Etat n'écarte pas la possibilité d'apporter des soutiens à d'autres produits alimentaires. Consciente du danger de la dépendance alimentaire, l'Algérie tente, depuis quelques années, d'agir sur les principaux facteurs susceptibles de contribuer à réduire à moyen et à long terme sa dépendance et donc sa vulnérabilité alimentaire vis-à-vis des marchés internationaux, notamment en améliorant les performances de l'agriculture. Cette année encore, rien qu'au regard des conditions climatiques défavorables, les rendements en céréaliculture n'atteindront pas les objectifs fixés. Les pouvoirs publics vont encore recourir à l'importation pour combler nos déficits céréaliers. Reste à savoir pour combien de temps encore l'Etat parviendra à subventionner ces produits et supporter la flambée des prix sur les cours internationaux. G. H.