L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a décidé d'aider le Maroc à affronter l'épizootie de peste des petits ruminants (PPR) qui menace de décimer des millions d'ovins et de caprins et pourrait se propager aux pays voisins. L'épizootie concerne plus particulièrement les moutons.On compte jusqu'à présent 133 foyers qui ont éclaté dans 29 provinces marocaines. Ainsi, en réponse à une demande d'assistance des autorités marocaines, la FAO a détaché sur le terrain du 12 au 21 août 2008 une mission d'intervention rapide du Centre de gestion des crises FAO/OIE - Santé animale (CMC-AH). L'équipe d'intervention a contribué à la mise en place de mesures d'urgence visant à endiguer la propagation de la maladie. Le Centre d'urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontières (ECTAD) avait convoqué une réunion de deux jours de tous les vétérinaires en chef du Maghreb les 29-30 août en Tunisie. Ils avaient convenu d'aider le Maroc à lutter contre l'épidémie de PPR et demandé à la FAO d'aider les autorités marocaines à préparer un plan d'urgence, d'en assurer la mise en œuvre et de renforcer la coordination entre les services vétérinaires du Maghreb ainsi qu'avec leurs homologues des pays voisins d'Europe du Sud. Le cheptel du Maroc compte 17 millions d'ovins et 5 millions de caprins. Ces animaux jouent un rôle fondamental puisqu'ils assurent les moyens d'existence de millions de familles. Sur un autre plan, avec le mois du Ramadhan puis la fête de l'Aïd al-Adha en décembre prochain, le commerce des animaux, en particulier des moutons, va s'intensifier dans toute l'Afrique du Nord. Et en l'absence de contrôle effectif de la maladie, ces mouvements pourraient accélérer la diffusion du virus, met en garde la FAO. L'épizootie peut entraîner de graves pertes économiques, aggravées par l'imposition de mesures sanitaires de contrôle des mouvements et du commerce des animaux.Le risque est également élevé pour les pays du sud de l'Europe entretenant des relations commerciales étroites avec le Maroc, à commencer par l'Espagne. "Si le scénario actuel portait à une mortalité plus aiguë, les moyens d'existence des gardiens de troupeaux seraient gravement compromis. L'impact économique ne serait pas aussi dramatique que dans le cas de la peste bovine, mais l'impact social serait majeur, étant donné le rôle des petits ruminants dans la vie sociale des communautés touchées", selon Joseph Domenech, Vétérinaire en chef à la FAO. Le contrôle des déplacements d'animaux, l'institution de mesures de quarantaine dans les exploitations touchées ou suspectes et une prophylaxie médicale (vaccination autour des foyers et dans les zones à haut risque) sont parmi les mesures de prévention et de lutte recommandées par la FAO. En ce qui concerne la situation en Afrique du Nord, la FAO conseille également aux pays de réviser les plans d'intervention d'urgence en cas de maladies animales; sensibiliser et informer les vétérinaires, les producteurs et les différents services gouvernementaux sur les risques et les signes cliniques de la PPR et renforcer la vigilance épidémiologique dans les zones considérées à haut risque. Rappelons à ce propos que l'Algérie a déjà mis en place un dispositif défensif et de surveillance contre cette maladie virale qui atteint les ovins et les caprins au niveau de Tlemcen, la wilaya frontalière avec le Maroc. Le dispositif en question porte notamment sur la surveillance des marchés et des souks hebdomadaires dans la région de l'ouest de l'Algérie. Les éleveurs doivent jouer, dans ce sens, un grand rôle pour prévenir l'apparition de cette maladie dans notre pays.