La peste des petits ruminants qui s'est déclarée au Maroc inquiète les services vétérinaires en Algérie qui craignent une contamination du cheptel ovin et caprin algérien. Trois foyers sur les 142 recensés chez notre voisin de l'Ouest se trouvent à quelques encablures seulement des frontières algériennes, a indiqué le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Bouguedour. Ils ont été signalés à Oujda, Aghbal et Berkane qui sont situées dans la zone frontalière. Il convient aussi de noter qu'avec l'apparition de cette pathologie au Maroc, l'Algérie se trouve ainsi entourée presque de toutes parts de pays où la peste des petits ruminants existe déjà. Aucun cas n'a été signalé jusqu'à présent en Algérie. Dès que le royaume chérifien a annoncé la présence de cas de cette maladie sur son territoire, un plan de prévention a été déclenché dont l'enjeu principal reste la sécurisation de la frontière ouest et la sensibilisation des différents acteurs. « Quand le Maroc a, le 23 juillet dernier, prévenu l'Organisation mondiale de la santé animale, nous avons pris des mesures », affirme à ce propos M. Bouguedour qui reconnaît que l'Algérie n'est pas à l'abri. « Comme c'est une maladie nouvelle pour nous, nous avons envoyé à tous les vétérinaires sur le territoire national une fiche technique sur la maladie pour qu'ils puissent établir des diagnostics », a-t-il ajouté. Des cellules de veille ainsi que des agences de prospection aux frontières ont également été mises en place dans le cadre de ce dispositif de prévention. Les services vétérinaires de wilaya sont tenus d'envoyer des bulletins quotidiens à la direction centrale afin de réagir très vite au cas où un foyer est signalé quelque part. Selon notre interlocuteur, les principaux concernés, à savoir les éleveurs, ont été sensibilisés et ils sont conscients du danger. Le périmètre à risque est composé de quatre wilayas de l'Ouest. Il s'agit entre autres de Tlemcen, Naâma, El Bayadh et Béchar où il y a une forte population de petits ruminants. Les marchés à bestiaux, notamment ceux de Bougtob (El Bayadh), Mecheria et Aïn Sefra (Naâma), ont été mis sous haute surveillance et tous les ovins et les caprins sont examinés à l'entrée de ces zones, souligne M. Bouguedour. « Nous avons équipé les laboratoires de kits de diagnostic pour être en mesure de détecter les animaux malades », indique-t-il encore. L'Algérie qui compte 20 millions de têtes a mis le paquet pour agir vite au cas où un foyer est signalé, car si cette maladie ne se transmet pas à l'être humain, il n'en demeure pas moins que sa propagation représente un véritable danger pour le cheptel qui peut être décimé à 80%, voire à 100%. La maladie préoccupe tous les pays du Maghreb et même l'Espagne qui a d'ailleurs délégué un représentant à une réunion qui avait regroupé les 28 et 29 août dernier tous les directeurs des services vétérinaires des cinq pays d'Afrique du Nord, organisée à l'initiative de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).