Comme ce fut le cas pour Notre- Dame-d'Afrique, la basilique St- Augustin de Bône devra bientôt subir des grands travaux de réfection. L'annonce de cette nouvelle a été faite la semaine dernière suite à un entretien qui avait eu lieu entre le wali de Annaba, Mohamed Ghazi et l'évêque de Constantine et d'Hippone, Gabriel Piroird. Après avoir évoqué la nécessité de rapprocher les peuples en posant les jalons d'un dialogue culturel, les deux hommes avaient rappelé que l'Algérie a toujours été “ un carrefour des civilisations ” comme en témoigne d'ailleurs son riche patrimoine archéologique. Après avoir salué Abdelaziz Bouteflika, “ l'homme de la paix”, Gabriel Piroird a mis le doigt sur la constante nécessité de valoriser et de “ réhabiliter le patrimoine culturel et spirituel, patrimoine qui fait de l'Algérie depuis des millénaires un carrefour des civilisations et des religions ” a-t-il soutenu.De son coté le wali de Annaba très favorable à l'idée de réhabiliter le patrimoine national, a fait savoir que “ l'Etat algérien est disposé à soutenir le projet de restauration de la basilique St Augustin ”. Se trouvant dans une situation de dégradation avancée, la basilique St Augustin qui continue malgré tout à recevoir chaque année des dizaines de pèlerins dont des algériens et des étrangers connaîtra une restauration imminente.Pour sa part, Gabriel Piroird a salué, en la personne du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, “l'homme de paix qui (a) œuvre pour le rapprochement et le dialogue entre les civilisations ”.De plus l'évêque de Constantine et d'Hippone a souligné dans ce contexte que l'Algérie est en droit d'être “ fière de compter, parmi ses fils, St Augustin auquel a été consacré, en mars 2001, un colloque international grâce à l'initiative et sous le patronage du Président Abdelaziz Bouteflika ”. L'hôte du wali de Annaba a saisi cette occasion afin de présenter les grandes lignes du projet de restauration de la basilique, sollicitant à cette occasion le soutien et le concours des autorités algériennes, comme ce fut le cas pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame-d'Afrique, lancée depuis trois ans et dont la première phase a été achevée. Les deux hommes avaient surtout évoqué les généralités d'un plan de financement qui impliquerait, notamment, le ministère de la culture, des entreprises algériennes et françaises, l'Union Européenne, la wilaya de Annaba et, éventuellement, des collectivités françaises, telles que les villes de Saint- Etienne et de Dunkerque. Située sur un promontoire qui surplombe la baie bônoise, la basilique St-augustin témoigne avant tout du respect indéfectible qu'avait laissé ce philosophe à toute la communauté chrétienne marquée à jamais du seau de l'humanisme de ce grand homme d'église. Le choix de son emplacement, une colline de l'ancienne cité d'Hippone, est hautement symbolique. Ce “ Mamelon vert ” comme l'appelait Gustave Flaubert fut, pendant longtemps, un lieu de pieux pèlerinages tant il paraissait établi que Saint-Augustin y avait vécu et officié. Monseigneur Dupuch, premier évêque d'Alger, fit ériger, à mi-côteau, un petit autel de marbre blanc surmonté d'une statue de Saint-Augustin coulée dans le bronze des canons turcs. Ce mausolée fut faussement considéré pendant longtemps, comme le tombeau de Saint-Augustin. Or, la dépouille de l'illustre évêque qui était mort en 430, dans l'Hippone assiégée par les hordes vandales, fut transportée en Sardaigne puis à Pavie au VIIIe siècle. C'est lors d'un pèlerinage qu'il fit, en 1843, au tombeau de Saint Augustin que Monseigneur Dupuch obtint du pape Grégoire XVI qu'une partie des reliques (le cubitus droit) soit ramenée sur la terre africaine, terre natale du célèbre évêque. Le 28 octobre 1848, la relique sacrée, escortée d'un cortège de prélats, arriva à Bône à bord de la corvette à vapeur “ Gassendi ”. Ce fut à l'occasion de ce transfert que Monseigneur Dupuch conçut le projet d'ériger une basilique à la mémoire du saint homme, au sommet de cette colline où l'on pensait qu'il y avait fait édifier son monastère. L'erreur subsista jusqu'au moment où des fouilles archéologiques opérées au pied de cette colline mirent à jour les restes d'une vaste basilique. Certains indices permirent de penser que l'on se trouvait bien en présence de la “ Basilica Pacis ”” dans laquelle avait réellement vécu Saint Augustin.C'est seulement quarante ans après sa conception que le projet prit réellement forme. Le 9 octobre 1881, la première pierre de l'édifice est posée et bénie par Monseigneur Combes, évêque de Constantine. Cinq années plus tard, la première messe y est dite. Le 29 mars 1909, la Basilique complètement achevée, est consacrée en grande pompe, en présence d'une foule innombrable de prêtres et de fidèles.