Plusieurs citoyens de différents pays d'Afrique, des Etats-Unis et d'Europe étaient à Annaba le week-end dernier. Le hasard a voulu qu'ils se rencontrent au musée d'Hippone et à quelques mètres des ruines du Théâtre romain et de la Basilique St Augustin. Quelque 200 touristes américains et une trentaine venus d'Allemagne se sont mêlés à la vingtaine d'experts africains présents dans le cadre du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs. Chacun a tenté de parler la langue de l'autre et chacun voulait en savoir plus sur la culture, les us et les traditions de l'autre. L'espace de quelques minutes, Américains, Rwandais, Gabonais, Tunisiens, Africains du Sud, Botswanais, Camerounais, Algériens sont remontés loin dans le temps pour en savoir un peu plus sur l'histoire de l'Algérie, sur Hippone, Bône, Annaba. Sous les rayons d'un chaud mois de novembre, à l'ombre du temple de Baal Saturne, de l'Emporium pré-romain, sur le chemin des Thermes de Septime Sévère, Hypo Regius s'est ouverte à eux. C'est comme si la cité antique, bien que mutilée par le temps et les hommes, ressurgissait de la poussière des siècles avec son forum, son théâtre, ses somptueuses demeures privées dont les riches mosaïques témoignent de la prospérité de celle qui fut Hippone la Royale. Avant d'accéder à l'intérieur de la Basilique St augustin, ils ont marché sur le parvis de ce lieu de culte érigé à la gloire terrestre de St Augustin de Taghaste, le plus grand des docteurs de l'église. Sur ce parvis, l'on n'a pas parlé de la récente défaite électorale du Président américain ,et encore moins de terrorisme ou de gouvernance en Afrique. Les trois religions monothéistes étaient représentées dans ces groupes de touristes et d'experts intéressés par les mosaïques porteuses de messages de paix, de bonheur et de prospérité. Hypo Regius les a rassemblés. Et lorsque, encadrés par des guides algériens, touristes et experts se séparèrent, il y avait comme chez les uns et les autres des regards et des expressions de regret d'un temps très court ne leur ayant pas permis de mieux se connaître.