Mascarades, le premier long métrage de Lyes Salem, dont l'avant-première a eu lieu la semaine dernière à la salle El Mouggar en présence d'un monde fou, est sur les écrans d'une dizaine de nos salles. C'est l'une des rares fois qu'un film bénéficie d'une sortie nationale qui le mène vers l'intérieur du pays où quelques salles subsistent encore depuis le déluge qui s'était abattu sur elles vers les années 80. Mascarades sera à l'affiche des salles implantées dans les villes comme Tiaret, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Annaba, Tlemcen, Oran, Constantine, ….et bien sûr Alger. Le film qui est une coproduction algéro- française et qui a reçu entre autre une aide de “Alger, capitale de la culture arabe”, pourrait ainsi être vu non pas seulement par les gens du centre, mais par les algériens vivant à l'Est et à l'Ouest du pays. Il fallait s'attendre à ce que Lyes Salem plusieurs fois primé pour ses courts-métrages dont, Cousines fasse une œuvre absolument épatante. Les spectateurs du Mouggar s'étaient bidonnés à fond lors de cette projection qui a laissé tout le monde collé à son strapontin par un désennui flagrant. “Mascarades” est un vrai régal ! Film drôle, intelligent, rigolo, fin …. Le film de Lyes salem ne trottine pas trop les sujets censés être porteur comme celui du terrorisme ou encore des harraga. Loin des thèmes révolutionnaires qui ont fait pendant trente ans l'essentiel de notre cinéma, Mascarades sent la fraîcheur, la jeunesse, mais aussi la révolte d'être dans un espace temps de fous où tout le monde est, soit faux soit fou.Et même l'un de ces personnages narcoleptiques ne se réveille que pour se rendormir, belle métaphore qui englobe à la fois l'image des êtres et celle d'un pays où tout est statique. L'idée de ce film lui était venue en écoutant un jour une rumeur de la bouche de son jeune frère. “ Quand j'écrivais le scénario, j'avais passé un petit mois à Alger. J'étais avec mon jeune frère dans la voiture. C'était il y a un an et demi à peu près. On passe à coté d'El Harrach. Il me dit, tu vois dans cette station d'El Harrach, il y a un python de six mètres, il a mangé une poule, ils ont fait venir le préfet, des Russes pour l'attraper. Je lui ai répondu, arrête de dire des bêtises! En fait, je me suis retrouvé moi-même à raconter cette histoire, en y croyant moi-même, à un ami qui m'a rejoint, qui m'a dit pareil. Arrête les conneries, ce n'est pas possible. Alors que je n'avais effectivement rien lu ni vu. Ce n'est pas le téléphone arabe. C'est une rumeur qui, tout d'un coup, on vous donne envie de croire, va savoir pourquoi. L'ennui peut-être... ” disait le réalisateur dans un entretien. Personnage principal dans ce film, Lyes Salim (Mounir) tout aussi que le reste des personnages dont Mohamed Bouchaib, Sarah Reguieg, (Rym), Rym Takoucht, et Mourad Khan, furent absolument épatants.Le film tente de décortiquer sur une note pessimiste, les jeux de masques de la vie sociale, ses renoncements et ses occasions ratées. En voici un avant-goût à travers ce synopsis : “Un village quelque part en Algérie. Orgueilleux et fanfaron, Mounir aspire à être reconnu à sa juste valeur. Son talon d'Achille : tout le monde se moque de sa sœur, Rym, qui s'endort à tout bout de champ. Un soir, alors qu'il rentre soûl de la ville, Mounir annonce sur la place du village qu'un riche homme d'affaires étranger a demandé la main de sa sœur. Du jour au lendemain, il devient l'objet de toutes les convoitises. Aveuglé par son mensonge, Mounir va sans le vouloir changer le destin des siens...” Ce premier long-métrage de Lyes Salem qui fera quelques festivals vient de se voir décerner le Valois d'or du Meilleur film du 1er Festival du film francophone d'Angoulême. Une carrière qu'il faut absolument suivre.