L'un des moments forts du cinéma algérien, durant l'année 2008, a été sans conteste l'avant-première du très attendu long métrage sur Mostefa Benboulaïd. Une des plus grandes productions cinématographiques algériennes depuis des années. Après de nombreuses tribulations et des contraintes financières, le film a été enfin projeté le 11 décembre dernier et, fait important, en présence du président de la République. L'autre grande surprise cinématographique de l'année a été la fulgurance de Mascarades, le film de Lyes Salem, qui n'a cessé de rafler des prix, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, jusqu'à être nominé aux Oscars. De nombreux «premiers tours de manivelle» ainsi que des festivals, du cinéma arabe, l'été dernier à Oran, et le Taghit d'or du court métrage, clôturé la semaine dernière notamment, sont autant d'événements qui ont fait grimper un tantinet l'aiguille du baromètre du 7e art algérien. Mais au-delà de ces rendez-vous conjoncturels, le cinéma algérien ne décolle toujours pas. Tout reste à faire. Les films, une fois sortis, disparaissent de la circulation. Ils ne tournent pas parce qu'il n'y a tout simplement pas de cinémas. Et ce ne sont pas les quelques salles restaurées qui feraient actionner la machine et permettraient de rentabiliser les rares productions cinématographiques… Au manque de salles s'ajoutent l'absence d'écoles de formation aux métiers du 7e art, de mesures incitatives pour encourager l'investissement dans le domaine du cinéma et de mécanismes d'aide à la production cinématographique, autre qu'un fonds qui ne devrait être qu'une mesure d'appoint. Faire des films c'est bien, mais ce n'est pas une fin en soi. La réalisation d'un film n'est en fait qu'un maillon de la chaîne constituant la filière de l'industrie cinématographique, qui apparaît ainsi comme une succession de maillons faibles pour un seul et unique chaînon relativement fort. Et quand on sait qu'il suffit d'un maillon faible pour fragiliser toute une chaîne, on comprend l'ampleur du travail qui reste à accomplir. F. B.