Le conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va plancher à Vienne du 22 au 26 septembre sur les très controversés dossiers nucléaires iranien et syrien, alors que les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) restent divisées face à Téhéran. Le 15 septembre, dans un rapport, l'agence onusienne avait une nouvelle fois dénoncé le refus de Téhéran de cesser ses activités d'enrichissement de l'uranium, malgré trois séries de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Les experts iraniens font tourner, comme l'a annoncé le 29 août le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Alireza Sheikh Attar et comme le confirme l'AIEA, près de 4.000 centrifugeuses dans le centre atomique de Natanz (centre de l'Iran). L'uranium enrichi sert à fabriquer du combustible pour les centrales nucléaires mais peut aussi, lorsqu'il est enrichi à un degré particulièrement élevé, être utilisé pour la fabrication d'armes atomiques. L'AIEA a regretté l'absence de progrès dans les discussions avec Téhéran sur la véritable nature de son programme nucléaire et a une nouvelle fois enjoint à l'Iran de fournir les informations nécessaires. Le régime iranien, qui réaffirme que son programme nucléaire a des objectifs strictement civils, est accusé depuis fin 2007 par les Occidentaux d'avoir mené des "études" sur une militarisation de son programme nucléaire. Ces "prétendues études" portent notamment, selon l'AIEA, sur la possible conversion du missile Shahab-3 en missile nucléaire ou sur la construction d'installations pour des essais nucléaires souterrains. Au cours d'une réunion préparatoire le 16 septembre à Vienne, le chef de la mission d'inspection au Proche-Orient de l'AIEA, Herman Naeckerts, a montré aux diplomates de l'agence une série de documents et de photos, laissant penser que l'Iran avait tenté de modifier l'ogive de son missile balistique à moyenne portée Shahab-3 afin d'y loger une charge nucléaire, ont indiqué des diplomates. Lors de nombreuses négociations menées jusqu'à l'été avec l'AIEA, Téhéran a refusé de discuter de ces "études", qualifiées "d'allégations sans fondement", basées sur des renseignements "fabriqués". Le représentant iranien à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, présent à la réunion du 16 septembre, a réitéré son démenti. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne ont rafraîchi en juin leur offre de coopérer et de renoncer à de nouvelles sanctions en échange de l'arrêt de la mise en service de nouvelles centrifugeuses mais Téhéran n'a pas donné suite à cette proposition. Après le dernier rapport de l'AIEA, les Etats-Unis et la France se sont dit favorables à de nouvelles sanctions contre Téhéran alors que la Russie et la Chine jugent que le moment n'est pas opportun et que l'Allemagne se prononce pour la poursuite des négociations. La Syrie est également sur la sellette, l'AIEA ayant demandé à Damas, jusqu'à présent sans succès, d'inspecter trois à quatre sites qui pourraient abriter des activités nucléaires non-déclarées, en plus de celui d'Al-Kibar, détruit en septembre 2007 par l'aviation israélienne et inspecté en juin 2008 par une mission de haut rang de l'AIEA. Malgré leur conflit ouvert avec l'AIEA, l'Iran et la Syrie ont créé la surprise en posant leur candidature à un poste de gouverneur, des candidatures qui ont suscité l'hostilité des Etats-Unis et de nombre de pays de l'Union européenne, selon des diplomates. En revanche, toujours d'après des diplomates, la Libye devrait se voir décerner un satisfecit par l'AIEA après avoir mis un terme en 2003 à un programme nucléaire clandestin et avoir depuis "ouvertement et complètement" coopéré avec l'agence de l'Onu.