L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) attend vendredi, jusqu'à minuit, la réponse officielle de l'Iran, des Etats-Unis, de la Russie et de la France à son "projet d'accord" en vue de l'enrichissement à l'étranger d'une grande partie de l'uranium iranien à usage civil, l'approbation de Washington et de Paris paraissant acquise. Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour tenter d'apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien controversé dont Téhéran affirme qu'il est purement civil alors que les pays occidentaux suspectent le régime islamique de viser la fabrication d'une bombe atomique. La négociation avec l'Iran a commencé le 1er octobre à Genève, après 15 mois sans contact direct, avec le groupe des Six (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne). Elle s'est poursuivie les 19, 20 et 21 octobre à Vienne, au siège de l'AIEA, avec cette fois seulement l'Iran, les Etats-Unis, la Russie et la France. L'Iran, même si son ambassadeur à l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh, a qualifié de "constructives" les discussions de Vienne, s'est gardé de toute prise de position officielle sur le "projet d'accord" soumis par le Directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed ElBaradei. Seul, un vice-président du Parlement iranien, Mohammad Reza Bahonar, s'est prononcé jeudi "contre le projet d'accord". Deux des autres parties prenantes ont déjà laissé entrevoir leur approbation: les Etats-Unis et la France ont jugé le projet d'accord "convenable" ou "acceptable". Quant à la Russie, elle s'est montrée prudente, Moscou se félicitant que des discussions aient pu avoir lieu "d'une manière civilisée", mais voulant "tirer des conclusions à la fin des discussions". Or, la Russie est appelée à jouer un rôle-clé dans la mise en oeuvre du projet d'accord: l'AIEA prévoit que l'Iran lui transfère d'ici la fin de l'année 1.200 des 1.500 kg que Téhéran a faiblement enrichi à moins de 5% -- malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU -- afin de les enrichir à 19,75% pour approvisionner le réacteur de recherche iranien, sous contrôle de l'AIEA, et produire des isotopes nécessaires à la mise au point du traitement de certains cancers. Israël, par la voix de son ministre de la Défense, Ehud Barak, a estimé que le "projet d'accord" de l'AIEA donnait "de la légimité au programme nucléaire iranien".