La Russie accepte le «projet d'accord» de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) visant à faire enrichir sur son territoire une grande partie de l'uranium iranien à usage civil, a annoncé hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Les experts russes ont participé à la rencontre lors de laquelle des propositions ont été formulées au nom de l'AIEA. Nous sommes d'accord avec ces propositions», a déclaré M.Lavrov à l'issue d'un entretien avec son homologue ukrainien Petro Porochenko. «Nous espérons que non seulement l'Iran, mais toutes les parties, les pays dont dépend la mise en oeuvre de ce schéma, confirmeront leur accord», a-t-il ajouté. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) attendait hier, jusqu'à minuit, la réponse officielle de l'Iran, des Etats-Unis, de la Russie et de la France à son «projet d'accord» en vue de l'enrichissement à l'étranger d'une grande partie de l'uranium iranien à usage civil, l'approbation de Washington et de Paris paraissant acquise. Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour tenter d'apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien controversé dont Téhéran affirme qu'il est purement civil alors que les pays occidentaux suspectent le régime islamique de viser la fabrication d'une bombe atomique. La négociation avec l'Iran a commencé le 1er octobre à Genève, après 15 mois sans contact direct, avec le groupe des Six (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne). Elle s'est poursuivie les 19, 20 et 21 octobre à Vienne, au siège de l'AIEA, avec cette fois seulement l'Iran, les Etats-Unis, la Russie et la France. L'Iran, même si son ambassadeur à l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh, a qualifié de «constructives» les discussions de Vienne, s'est gardé de toute prise de position officielle sur le «projet d'accord» soumis par le Directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed El Baradei. Seul, un vice-président du Parlement iranien, Muhammad Reza Bahonar, s'est prononcé jeudi «contre le projet d'accord». Deux des autres parties prenantes ont déjà laissé entrevoir leur approbation: les Etats-Unis et la France ont jugé le projet d'accord «convenable» ou «acceptable». «En conformité avec l'accord original de principe arrêté à Genève, aujourd'hui (hier) les Etats-Unis ont remis leur réponse positive à la proposition du directeur général de l'AIEA (Mohamed) El Baradei formulée mercredi à Vienne», a déclaré hier le porte-parole du conseil national de sécurité américain, Mike Hammer. «Nous attendons la réponse de l'Iran», a-t-il ajouté. De même, Paris a répondu hier indiquant «Le projet d'accord convient à la France. Nous l'avons fait savoir de façon officielle», a dit lors d'un point presse Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Quant à la Russie, après s'être montrée prudente, Moscou a accepté, par la voix de son chef de la diplomatie, le projet d'accort, se félicitant que des discussions aient pu avoir lieu «d'une manière civilisée», mais voulant «tirer des conclusions à la fin des discussions». Il est vrai que la Russie est appelée à jouer un rôle-clé dans la mise en oeuvre du projet d'accord: l'AIEA prévoit en effet que l'Iran lui transfère d'ici la fin de l'année 1200 des 1500 kg que Téhéran a faiblement enrichi à moins de 5% - malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU - afin de les enrichir à 19,75% pour approvisionner le réacteur de recherche iranien, sous contrôle de l'AIEA, et produire des isotopes nécessaires à la mise au point du traitement de certains cancers. Israël, par la voix de son ministre de la Défense, Ehud Barak, a estimé que le «projet d'accord» de l'AIEA donnait «de la légitimité au programme nucléaire iranien».