Takfarinas. Tak pour les intimes s'est produit dans une salle comble de Marseille le 20 septembre dernier lors d'une mini tournée franço-européenne qui l'a mené à la faveur du 28è anniversaire du Printemps berbère de Kabylie qui coïncide avec le 20 avril de chaque année, au mythique Zenith. Dans cette salle où les artistes algériens sont de plus en plus nombreux à s'y produire, il y avait un invité de marque en la personne de Chérif Kheddam, celui qui avait quelque part initié le jeune Tak à explorer autrement l'univers lyrique algérien. Le passage de Takfarinas au Zenith était une occasion de créer un autre événement artistique qui est celui de rééditer six de ses albums en deux coffrets. Takfarinas devait être en tournée en 2007 en Algérie, sa contrée natale où il ne s'était pas produit depuis 15 ans, mais en vain. Selon une source sûre, le chanteur exigerait aux responsables des structures culturelles et des cachets tellement exorbitants que ces derniers renoncent à le programmer. On l'avait vu tout de même à l'occasion du passage sporadique et surtout à la faveur de la sortie de son album en 2004, « Honneur aux dames ». Un dernier album qui contient trente-deux titres chantés en kabyle et en français. Pour les besoins de ce double CD, Takfarinas s'est entouré d'une armada de musiciens et paroliers où l'on trouve notamment l'Orchestre royal du Maroc, le célèbre tandem jamaïcain Sly Dunbar et Robbie Shakespeare (Sly & Robbie), la Malienne Mamani Keita, le rappeur Rabah Ourad de MBS et Hocine Hallaf (ex-Aston Villa) qui signe les paroles de la plupart des chansons françaises. Né en 1958 à Tixeraïne dans la banlieue d'Alger, Hacène Zermani commence par animer des soirées de mariage tout en reprenant les airs de chaâbi qui ont bercé son enfance. Primé à un concours de la chaîne kabyle de la radio algérienne, il enregistre sa première chanson et arrive à Paris. Il faudra attendre 1986 et le succès de Weythelha (Qu'elle est belle) pour voir Takfarinas -du nom d'un déserteur de l'armée romaine au IIème siècle- s'imposer à Alger, en pleine déferlante raï. Attentif à élargir l'audience de sa musique et de ses textes en berbère, il entreprend une tournée de concerts et déplace des foules de fans séduits par ses rythmes, danses et son mandole électrique. Takfarinas se produit également au théâtre antique de Carthage en Tunisie, puis à Paris, à l'Olympia et à Marseille. Si Romane, son septième opus dont les arrangements sont signés Hamid Belhocine, ex-tromboniste de Kassav, s'est classé 4è au hit-parade des World Music Europe Charts, il ne s'est vendu que de manière confidentielle. Avec Salamet (Paix et Salut), Yal, Quartier Tixeraïne et Honneur aux Dames qui ont régulièrement confirmé ses ambitions internationales, Takfarinas continue de développer un langage musical avec le souci d'un son et d'une identité riches des apports algériens et de la pop mondiale. Takfarinas avait dans les années 80 complètement bouleversé le chant musicale algérien qui s'ouvrait à peine à la musqiue rai et qui était confiné dans tout ce qui était puritain, avec son style Yal. Takfarinas joue avec mandole électrique demi caisse à double manche pour varier les sonorités. Ayant son propre style qu'on peu aisément reconnaître dans son « zaâma zaâma » où il est accompagné par plusieurs musiciens du groupe Sixun dont Michel Alibo, Louis Winsberg, Karim Ziad...Takfarinas est aussi engagé qu'un Matoub ou un Idir. Son répertoire aborde des thèmes tels que la crise économique, la malvie de la jeunesse algérienne –rappelez-vous ayarach !- la mauvaise gestion du pays depuis des décennies et bein sûr l'amour, avec une touche franche et talentueuse.Possédant une voix timbrée au registre large, Takfarinas impose une création et un style musical très personnel à plusieurs facettes. L'instrumentation préférée de Takfarinas est d'accompagner ses chansons par un mandole électrique qui permet des sonorités à deux genres: mâle et femelle, caractérisées par la musique berbère.