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La problématique de la facture alimentaire en Algérie
Publié dans Le Maghreb le 06 - 03 - 2010

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique- Expert International

1.- Problématique
L'Algérie a réalisé une dépense monétaire publique selon les données récentes du président de la République (message à l'occasion du 24 février 2010) de 1999 à 2009 de plus de 300 milliards de dollars grâce à la rente des hydrocarbures, et dans le secteur agricole, le volume des investissements atteint près de 400 milliards de Da soit environ 5 milliards de dollars. Sur le plan macro-économique et macro- social force est de constater que les impacts n'ont pas été proportionnels à ces dépenses, car il s'agit de ne pas confondre les réalisations physiques en ignorant les coûts/qualités en référence aux normes internationales. L'Algérie a exporté en 2009 pour 43,68 milliards de dollars, cette baisse des exportations par rapport à 2008, s'étant répercutée sur l'excédent de la balance commerciale qui est passée de 39,81 milliards de dollars en 2008 à seulement 4,5 milliards de dollars en 2009, assurant ainsi un taux de couverture des importations par les exportations de 112%, les hydrocarbures continuant à représenter l'essentiel des exportations , avec un taux de 97,6% du volume global, en recul de 44,88% par rapport à 2008. Quant aux exportations hors- hydrocarbures, elles demeurent très marginales avec seulement 2,4% des exportations globales, soit l'équivalent de 1,05 milliard de dollars, enregistrant ainsi une diminution de 46% en 2009. Concernant justement les importations, contrairement à ce qu'a affirmé le ministre des Finances lors de la présentation de la loi de finances 2010 devant l'APN et le Sénat, une baisse de près de 3 % des importations, le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes algériennes a donné les chiffres officiels le 22 janvier 2010, en valeur , soit une légère diminution de 0,95% des importations, celles-ci ayant atteint 39,10 milliards de dollars contre 39,47 milliards de dollars en 2008, montrant clairement que les mesures édictées dans le cadre de la loi des finances complémentaire pour 2009 n'ont finalement qu'un impact plus que limité sur l'évolution da la valeur de nos importations. Ainsi, l'essence du gonflement des importations est dû essentiellement à la dépense publique amplifiée par la mauvaise gestion (pour ne pas parler de surfacturations) le gouvernement s'étant trompé de cible faute de vision stratégique. Concernant la hausse vertigineuse qu'a connue la facture des importations passant de 24 milliards de dollars à presque 40 en 4 années, elle a soulevé moult interrogations.

2. Facture alimentaire et le pourquoi de la baisse en 2009 ?
Selon les statistiques douanières, en cinq ans, la facture alimentaire de l'Algérie a plus que triplé, passant de 2,5 milliards de dollars en 2003 à 8 milliards de dollars en 2008, les produits agricoles constituant 30% du total des importations du pays. Cependant, la facture des importations algériennes des produits alimentaires a atteint 5,8 milliards de dollars en 2009, contre 7,8 milliards de dollars en 2008. Cette baisse concerne tous les produits alimentaires à l'exception des importations des sucres et sucreries, qui ont connu une hausse de 29,57 %, passant de 439,15 millions de dollars en 2008 à 568,99 millions de dollars. Les viandes ont connu également une légère hausse de 0,71% pour totaliser 172,21 millions de dollars. D'autres produits de large consommation ont connu une baisse notamment les céréales, semoules, farine, produits laitiers et légumes secs. Les céréales, les semoules et la farine ont enregistré une baisse de 42,35%, chutant de 4,05 milliards de dollars en 2008 à 2,34 milliards de dollars en 2009. La facture des laits et produits laitiers s'est établie à 862,76 millions de dollars en 2009, contre 1,28 milliard de dollars en 2008, soit une baisse de l'ordre de 32,9%. La facture des légumes secs a également diminué puisqu'elle est passée à 256,26 millions de dollars contre 299,81 millions de dollars, soit une baisse de 14,53%. La baisse de la facture alimentaire a touché aussi le café et thé (-21,17%), puisque le montant est passé de 329,2 millions de dollars à 259,5 millions de dollars. Cependant, il faudra attendre le bilan fin 2010 pour se faire une idée de la baisse de 25% des biens alimentaires entre 2008/2009. Une des raisons de cette baisse, selon mon point de vue, est la dégringolade des cours de ces produits sur les marchés boursiers dans le sillage de la crise financière et économique mondiale et non à une performance de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire nationale, encore que nous assistons depuis quelques mois à une reprise de l'inflation concernant certains segments agricoles. Certes, la récolte céréalière a été exceptionnelle en 2009, mais la production étant inconstante, les importations restent toujours élevées. La deuxième explication de cette baisse se trouve dans le difficile passage du Remdoc au Crédoc du fait que beaucoup de dossiers n'ont pas été traités en 2009, les banques n'étant pas préparées. Face à cette situation où des milliers de petits importateurs n'ayant pas la couverture financière nécessaire, l'on devrait assister nécessairement à une tendance de plus en plus monopoliste des opérateurs/importateurs de ces biens ce qui risque d'amplifier la hausse des prix faute d'une concurrence saine et loyale, comme la hausse du prix du sucre, non proportionnelle au cours au niveau mondial, amplifiée également par la dévaluation du dinar dont les taxes s'appliquent sur le cours en dinars, le tout au niveau local , supporté par les consommateurs. Aussi les prévisions optimistes du FMI, reprenant les arguments du gouvernement algérien loin des réalités, de baisse des prix de détail en 2010 pour l'Algérie risquent de ne pas se vérifier ce qui se répercutera sur le pouvoir d'achat de la majorité des Algériens ,ce qui risque d'accroître à l'avenir les tensions sociales . Car il ne suffit pas d'interdire les importations par différents mécanismes mais le problème central est comment élargir l'offre tenant compte de l'ouverture inéluctable de l'économie algérienne.
3.- Secteur agricole , marché des produits alimentaires et sphère informelle dominante
En amont des industries agroalimentaires, on recense en Algérie plus d'un million d'exploitations agricoles couvrant plus de 8,5 millions d'hectares de terres arables, exploitées par l'arboriculture (41%), les cultures maraîchères (26%) et les grandes cultures (33%), principalement céréalières. Le problème de ces importations est intiment lié à la faible productivité agricole , certes due à la pluviométrie, posant toute la problématique de la politique de l'eau , mais également à des problèmes techniques ( prédominance de la gestion traditionnelle alors que s'impose une gestion moderne) , au problème du foncier agricole, les meilleures terres dans le Nord sont urbanisées (construction) et la parcellisation excessive qui gonfle les coûts de production. Le PNDA (programme agricole) qui a occasionné des dépenses de plusieurs milliards de dollars a eu un impact très mitigé (et dont le bilan n'a jamais été fait). L'effacement récent de certaines dettes des agriculteurs si l'on ne s'attaque pas à la racine du mal ne résoudra aucunement le problème de fond. Comme, doit être pris en compte l'importance de la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et contrôle la majorité des circuits internes de distribution notamment les biens agricoles périssables, la viande rouge et blanche et le marché du poisson dont les prix connaissent une envolée selon les dernières statistiques entre 10/20%, taux largement supérieur au taux d'inflation global clôturé en 2009 à plus de 5,7% contre 4% en 2008 et 2% en 2007. Or, avec le processus inflationniste qui prend de plus en plus d'ampleur, selon une enquête du CNEAP relevant du ministère de l'Intérieur, en septembre 2007 les ménages algériens consacrent plus de 70% de leurs revenus aux biens essentiels , mais ce taux a évolué à la hausse , le processus inflationniste jouant comme vecteur de concentration de revenus au profit des revenus variables, donc une nette concentration de revenus au profit d'une minorité rentière qui captent la rente des hydrocarbures , sans compter la pression démographique et le taux d'urbanisation en nette croissance, population de 35 millions et va vers 40 millions.
Car seule une analyse opérationnelle des liens entre l'accumulation, la répartition du revenu par couches sociales er le modèle de consommation de chaque couche sociale est pertinente pour une véritable politique salariale, loin des indices globaux de peu de significations.

4.- La structure des importations agricoles
Il en ressort que dix produits dominent à 78% les importations agroalimentaires. Dans sa dernière étude, pour la mission économique Ubifrance les principaux produits alimentaires importés par l'Algérie en 2008 sont les céréales 51%, le lait et dérivés 17%, le sucre 6%, le café et le thé 4%, les légumes secs 3% et les viandes à hauteur de 2%. L'Algérie est aujourd'hui le premier importateur africain de denrées alimentaires, avec 75% de ses besoins assurés par les importations. L'insuffisance de la production agricole algérienne, couplée à une demande massive et croissante de produits agroalimentaires, fait de l'Algérie un pays structurellement importateur. Quels sont les pays où l'Algérie importe ses produits alimentaires ? Dix pays monopolisent 70% des importations algériennes en agroalimentaire, à leur tête la France avec 20%, suivie des Etats-Unis et de l'Argentine.

5. - Les perspectives
Devant être réaliste, l'autonomie alimentaire à 100% n'existant nulle part, surtout en ce XXIe siècle avec l'interdépendance accrue des économies, (la dure réalité de la mondialisation) pourtant une chose est sûre, l'Algérie reste trop dépendante des marchés internationaux concernant les produits alimentaires et les petites unités agro-alimentaires fonctionnent avec des inputs importés à plus de 80% (sucre, huile ect) et il serait intéressant de dresser un bilan tant en valeur ajoutée additionnelle créée que de la balance devises de ces unités. Dans ce cadre, j'avance trois scenarios.
-Premièr scenario , la comparaison de la politique de l'Algérie en la matière avec le célèbre programme de l'Organisation des Nations-unies (ONU), pétrole/gaz contre nourriture; l'algérie n'exporte que des hydrocarbures à l'état brut ou semi brut et importe la majorité de son alimentation .
-Deuxième scenario, l'Algérie pays aride et semi-aride, est parmi les plus exposés aux changements climatiques avec une avancée menaçante du désert, et sera toujours structurellement déficitaire pour les produits agricoles. Elle doit donc avoir une politique agricole sélective, de produits qui économisent l'eau.
-Troisième scenario, un avenir alimentaire incertain , surtout avec l'épuisement inéluctable des réserves d'hydrocarbures , et donc l'urgence d'une stratégie claire tenant compte des avantages comparatifs mondiaux ( la nationalisme utopique en s 'enfermant sur soi c'est terminé ) , de certains segments industrie/tourisme/services permettant à l'Algérie d'avoir une balance commerciale équilibrée et donc d'avoir un pouvoir d'achat qui lui permettra d'être toujours solvable auprès de ses fournisseurs. Car qu'adviendra l'Algérie sans hydrocarbures dans 16/20 ans, c'est à dire demain? En résumé, il y aura lieu d'analyser toutes les conséquences de l'Accord qui lie l'Algérie avec l'Europe pour une zone de libre-échange applicable depuis le 01 septembre 2005 notamment l'impact du dégrèvement tarifaire sur l'agriculture et toute l'industrie agro-alimentaire en termes de compétitivité (couts /qualité) et sa future adhésion à l'organisation mondiale du commerce. Oubliant que nous sommes à l'ère de la mondialisation, la signature pour une zone de libre-échange avec le monde arabe, a fait que les importations au niveau de cette zone ont concerné surtout des filiales de multinationales installées dans ces pays, ce qui a contraint le gouvernement algérien à interdire certaines importations (2) L'adaptation nécessaire supposera le passage d'une économie de rente à une économie productive , donc une autre gouvernance tant politique que d'entreprise (3) réhabilitant le travail et le savoir , loin d'une distribution passive de la rente éphémère , une plus grande visibilité dans la politique économique et sociale , loin de l'instabilité juridique qui traduit en réalité l'état des rapports de forces contradictoires au niveau du sommet du pouvoir. Cela impliquera un minimum de consensus entre les différentes forces sociales, économiques et politiques sur la voie à suivre entre 2010/2015 pour terminer cette interminable transition qui dure depuis 1986, où l'Algérie n'est ni véritablement dans une véritable économie de marché concurrentielle, loin de tout monopole, ni dans une économie administrée, chaque système ayant ses règles de fonctionnement spécifiques, expliquant les difficultés de la régulation globale tant politique, sociale qu'économique, tout cela traduisant une situation de crise systémique.
(1) ) Interviews de Abderrahmane Mebtoul à Jeune Afrique( Paris France) 15 février 2010 - et Jeune Afrique n° 2564 du 28 février au 06 mars 2010
(2) Interviews de Abderrahmane Mebtoul à Jeune Afrique( Paris France) 15 février 2010 sur l'impact de l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre échange et 26 février 2010 à Chorouk sur les raisons de la flambée du prix du sucre sur le marché algérien
(3) Voir intervention ronéotypé du docteur Abderrahmane mebtoul lors d'une importante rencontre internationale , en présence de plus d'une dizaine de Ministres et des directeurs généraux et représentants de la majorité des Etats africains, ainsi que des missions diplomatiques et institutions internationales le 8 février 2010 au niveau de l'African Training Research Centre in Administration Development (CAFRAD- institution sous la coupe de (UNESCO ) qui a organisé un séminaire international sur la bonne gouvernance en Afrique.


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