La chute des cours des produits agroalimentaires, actuellement sur les marchés internationaux, va atténuer, si elle persiste, les effets de la crise des subprimes sur le pays. L'autre face de la crise financière mondiale pourrait être un temps soi peu clémente, voire bénéfique sur certaines économies. En effet, il est observé ces derniers jours une chute substantielle des cours de plusieurs produits de base, notamment ceux entrant dans la famille alimentaire. Des matières premières, qui intéressent directement l'économie algérienne vu sa tendance à l'importation, tels les céréales, le café, l'huile brute ainsi que le sucre et les cacaos négociés sur les principales places mondiales, concèdent une baisse sensible depuis la semaine dernière. Cela dit, c'est juste un retour presque à la normale des cours qui ont connu depuis pratiquement une année une flambée surprenante et qui a contraint les pouvoirs publics algériens à intervenir par des subventions astronomiques dépassant les 2 milliards de dollars. Pour un pays comme l'algérie, qui a importé plus de 6 millions 400 000 tonnes de céréales pour une enveloppe de près de 3 milliards de dollars, uniquement sur les 9 derniers mois de l'année en cours, les fluctuations baissières de ces produits peuvent peser positivement sur les dépenses. À titre illustratif, à la même période de l'année écoulée (sur 9 mois), l'algérie a engagé une enveloppe de 1 milliard 230 millions de dollars pour un total de plus de 5 millions 211 000 tonnes en importations de céréales. Toujours sur la même période, le café est passé de 169 millions de dollars à 236 millions de dollars sur les 9 mois de cette année, alors que les laits et produits dérivés mobilisent actuellement plus de 1 milliard de dollars au lieu des 800 millions de dollars de l'année écoulée pour une quantité inférieure. Et c'est dans ce contexte de centaines de millions de dollars et de milliers de tonnes pour des produits de base dans la consommation algérienne que les mesures des fluctuations conjoncturelles, nées à la faveur de la crise financière constituent un paramètre d'achat opportunément appréciable. En conclusion, même si des baisses sont observées ouvrant l'appétit à des espoirs d'économie pour des pays dépendant essentiellement des importations pour de tels produits, il n'est pas encore temps de crier victoire. L'algérie est parfaitement dans cette situation et à défaut de pouvoir en tirer un quelconque bénéfice, elle serait portée à faire des économies à l'achat et à réduire l'enveloppe des subventions. Car ne l'oublions pas, la crise alimentaire mondiale, qui s'est traduite par des flambées insoutenables, a précédé la crise financière et nous a coûté des fortunes en devises. Les premiers dégâts enregistrés en algérie ont plus été perceptibles dans cette crise alimentaire ; à ce titre, l'actuelle baisse demeure très relative en ce sens où les prix de l'alimentaire qui tendent à fléchir reviennent de loin voire de très haut. En fait, l'enjeu dépendra étroitement de la durée de la crise financière, de son poids et de son coût, car du degré de sa gravité dépendra presque notre “soulagement” du moins dans l'importation des produits alimentaires. Inscrite à se reconvertir en marasme économique planétaire, avec son lot de faillites sur les entreprises hors secteur financier, la mêlée financière actuelle entraînera inéluctablement une chute globale de la demande multisectorielle. Pour le pétrole, cela a déjà commencé même si pour l'économie algérienne, l'effet compensatoire pourrait jouer à travers le raffermissement du dollar. La baisse de la demande globale, qui devra inévitablement être enregistrée à l'échelle mondiale sur un ensemble important de secteurs et de produits, pourrait livrer quelques lots de marchandises plus accessibles pour l'économie algérienne et pour les consommateurs domestiques. Ce n'est donc que le début d'une récession dont certains aspects peuvent positivement compter pour l'Algérie alimentaire. ABDELKRIM ALEM