Le président George W. Bush et les grands argentiers du G7 sont convenus samedi d'apporter "une réponse sérieuse à l'échelle mondiale" pour combattre la crise historique qui menace le système financier international. Mis sous pression par l'effondrement des grandes places boursières et les premiers indices d'une contagion de la crise à l'économie réelle, les dirigeants des sept grands pays industrialisés veulent agir plus collectivement. Leurs annonces spectaculaires, mais parfois désordonnées, n'ont pu jusqu'ici rétablir la confiance. Devant la gravité de la situation, ils n'hésitent pourtant pas à briser des tabous comme la nationalisation d'établissements bancaires, quitte à laisser filer les déficits publics. "Chacun d'entre nous reconnaît qu'il s'agit d'une grave crise mondiale et par conséquent elle requiert une réponse sérieuse à l'échelle mondiale", a déclaré M. Bush à la Maison Blanche, à l'issue d'une réunion avec les ministres des Finances du G7, du président de la Banque mondiale et du directeur général du FMI. Vendredi soir, le G7 Finance a adopté un plan d'action en cinq points, avec l'ambition de débloquer les marchés monétaires, permettre aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé et déverrouiller le marché du crédit immobilier. "Il n'y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir", a regretté Peter Morici, professeur à l'université du Maryland, parmi d'autres observateurs, après le communiqué final du G7. Toutefois, les Européens, qui doivent définir un plan coordonné pour mettre en oeuvre les principes du G7 Finance, pourraient annoncer du concret dimanche à l'occasion d'une réunion à Paris des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro (Eurogroupe). Ils pourraient notamment s'accorder sur une entrée plus importante des Etats européens dans le capital des banques, selon la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. Accusée d'avoir fait cavalier seul au début de la crise, en rejetant tout plan de sauvetage global des banques, l'Allemagne semble avoir fait volte-face pour s'aligner sur ses partenaires européens. Berlin a annoncé vendredi un plan national de soutien au secteur bancaire, proche de celui proposé par Londres. Samedi, le couple franco-allemand a affiché son unité. "Les analyses de la crise, nous les faisons ensemble. Les conséquences à en tirer (...) font l'objet d'une parfaite identité de vues entre l'Allemagne et la France", a affirmé le président Nicolas Sarkozy, qui recevait la chancelière Angela Merkel. Autre gage d'une meilleure coordination: le chef de l'Etat français a annoncé qu'il recevrait le Premier ministre britannique Gordon Brown dimanche à l'Elysée avant la réunion de l'Eurogroupe, alors que la Grande-Bretagne ne fait pas partie de la zone euro. Ce sommet réunira aussi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. "Il n'y a pas de solution nationale dans une crise comme celle-ci", a averti jeudi le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. Il a exhorté à la "coordination", précisant que cela ne signifiait pas nécessairement "prendre les mêmes mesures dans tous les pays". De son côté, l'Islande, l'un des pays les plus touchés par la crise, semblait en passe de régler ses différends bancaires à l'étranger après l'annonce d'un accord sur le remboursement des épargnants d'une banque islandaise aux Pays-Bas et d'un "progrès significatif" avec Londres sur un contentieux identique. Première Bourse à fonctionner depuis la rencontre du G7, la Bourse saoudienne a ouvert sa semaine en perdant 6% samedi, passant sous les 6.000 points, au plus bas depuis plus de quatre ans. Mais cette dégringolade est sans doute également due à la baisse continue des cours du pétrole, passé sous les 80 dollars à New York et les 75 dollars à Londres.